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Des enfants s’opposent à la fermeture de la Bambinerie

Armées de pancartes, une centaine de personnes ont manifesté contre la décision de l'arrondissement de fermer la Bambinerie du parc Saint-Laurent. Photo: Simon Bousquet - TC Média

Une centaine d’enfants et de parents armés de pancartes ont pris d’assaut la séance du conseil d’arrondissement pour manifester contre la fermeture de la dernière Bambinerie de Montréal-Nord. Déjà, 515 signataires d’une pétition se sont opposés à cette décision de l’arrondissement qui veut abolir le service d’activités supervisées pour les enfants de 0 à 5 ans.

Si les élus maintiennent leur décision, la Bambinerie du parc Saint-Laurent disparaîtra le 12 décembre. L’administration estime ainsi économiser 100 000$ par année, une somme importante pour l’arrondissement qui a dû piger un montant de 410 000$ dans ses réserves, en 2013.

«Est-ce que c’est vraiment à l’arrondissement d’offrir un tel service? a questionné le maire Gilles Deguire. Nous n’en sommes pas convaincus.»

Cette fermeture ne fait toutefois pas l’unanimité à en croire la mobilisation qui a eu lieu le 10 novembre à la salle du conseil.

«Nous croyons qu’il y a d’autres solutions que de couper complètement le service, explique Derek Mackenzie, un père de famille qui fréquente la Bambinerie. Nous voulons apporter d’autres options au conseil, comme l’autofinancement. Nous sommes même prêts à accepter une hausse des tarifs.»

Le maire Gilles Deguire a admis avoir été ébranlé par une telle levée de boucliers. Il a d’ailleurs convoqué les parents à une rencontre avec son directeur des loisirs.

«J’aime la Bambinerie», pouvait-on lire sur plusieurs pancartes.

30 ans de Bambinerie
Dès le milieu des années 1980, cinq Bambineries étaient en service à Montréal-Nord. En 2006, la Ville avait fait une première tentative d’abolition du service.

«Des parents et des organismes avaient organisé des manifestations comme celle d’aujourd’hui, raconte Christine Lauzon, une mère rencontrée au conseil de ville. Ils avaient convaincu la Ville de conserver le service, mais l’administration a surveillé le nombre de participants et a finalement fermé deux Bambineries.»

Avec le temps, deux des Bambineries ont successivement été fermées. Aujourd’hui, seule celle du parc Saint-Laurent accueille toujours une quarantaine d’enfants. Ils déboursent entre 25$ et 65$ par saison pour y participer.

«Les Bambineries sont une relique du temps du maire Yves Ryan», estime le maire Deguire. Il croit que les nombreux services qui se sont ajoutés répondent mieux aux besoins des familles.

Un argument qu’ont réfuté plusieurs parents dans la salle, protestant que les activités de la bibliothèque ont lieu sur une base mensuelle et qu’il faut être tiré au sort pour y participer.

Toujours pertinent
Plusieurs parents ont argumenté que le service est toujours pertinent dans le quartier. Ils en veulent comme preuve la liste d’attente pour participer aux activités.

«On nous dit qu’on devra se diriger vers d’autres activités pour la petite enfance, mais ce sont plutôt ces organismes qui devraient être dirigés vers la Bambinerie, car celle-ci a toutes les ressources nécessaires pour les accueillir», a fait valoir Emmanuelle Lang, une mère.

Certains parents ont évoqué l’importance du service pour les enfants des parents au foyer.

«C’est un bon outil de socialisation pour les enfants, ajoute Mme Lang. Ils apprennent à développer leur habileté motrice et langagière, mais aussi à jouer avec les autres enfants et à respecter des règles.»

Les activités de la Bambinerie permettent également de créer des liens intergénérationnels.

«C’est une activité qui me permet de créer des liens avec mes petits-enfants et qui leur permet de se développer, affirme Valentina Preti, grand-mère de deux enfants qui fréquentent la Bambinerie. Sans la Bambinerie, je ne suis pas certain que j’aurais gardé mes petits-enfants à la maison.»

Ces activités permettent également la socialisation des adultes, comme en témoigne Brigitte Veine. Cette mère de trois enfants dit avoir développé un sentiment d’appartenance à Montréal-Nord en fréquentant la Bambinerie.

«Je suis arrivé ici avec plein de préjugés et je déplorais la vie de quartier jusqu’à ce que je découvre ce service qu’offre Montréal-Nord, explique l’ex-Rosemontoise. Vous devez être fiers de la Bambinerie parce que c’est un bon outil de socialisation pour les enfants et la mère.»

Plusieurs ont souligné l’importance de la Bambinerie pour les familles de nouveaux arrivants.

«J’ai appris le français à la Bambinerie et c’est ce qui m’a permis de briser l’isolement, affirme Patricia Smith, une mère immigrée d’Écosse. C’est le plus grand défi en tant qu’immigrante parce qu’on n’a pas de famille ici. Je ne peux pas demander de conseils à ma mère alors c’est crucial pour les immigrants d’avoir d’autres gens autour de nous.»

«Comme je n’ai pas trouvé de garderie pour les enfants, je dois trouver des activités à faire avec eux, ajoute Samia Chebel, une mère algérienne arrivée à Montréal-Nord en 2007. Si je n’avais pas eu la Bambinerie, je serais restée à la maison avec les enfants et je ne pourrais rien faire sauf aller à la bibliothèque ou au parc.»

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