Soutenez

Drogue et vitesse: une leçon percutante pour les jeunes

Photo: Simon Bousquet/TCMedia

L’accident mortel impliquant un groupe de jeunes de Montréal-Nord qui auraient participé à une course de rue, le 22 novembre, a provoqué une onde de choc parmi les adolescents du quartier. On ignore si le conducteur était intoxiqué au moment du drame, mais il a notamment été accusé de possession de cannabis.

Vers 2h, la voiture dans laquelle prenaient place cinq amis filait à vive allure sur la rue Notre-Dame lorsqu’elle a percuté un arbre de plein fouet. Jean-Rémi Moreau, 18 ans, et John Aly Morno-Legrand, 19 ans, ont succombé à leurs blessures. Le conducteur, Jean-Richard Auguste, ainsi que deux passagers âgés de 20 ans, Géraldine-Gésica Bijoux et David Lalonde Bouchard, ont été grièvement blessés.

«Cet événement nous a ouvert les yeux, affirme Priscilla Verrier Poirier, une amie des victimes. Ça nous a vraiment réveillés sur le fait qu’il ne faut pas consommer avant de conduire. J’ai parlé à plusieurs personnes qui m’ont dit qu’ils ont aussi compris le message.»

Procession à Montréal-Nord
Une quarantaine de personnes ont défilé sur le boulevard Maurice-Duplessis, le 27 novembre, pour rendre hommage à Jean-Rémi Moreau. Le jeune homme de 18 ans est l’une des victimes de la tragédie.

«Ce n’est pas un message que nous voulons passer, mais plutôt lui rendre hommage, explique Mme Verrier Poirier, l’organisatrice de l’événement. Il était toujours souriant et il ne méritait pas ça. C’était un garçon bien.»

Cette perte est particulièrement difficile pour la mère de cette victime qui a déjà perdu un fils dans un accident de la route, en juillet 1991.

«C’est à croire que mes enfants sont condamnés à la chienne de route. C’est dur! Deux, c’est beaucoup!», affirme Carole Moreau, la mère de Jean-Rémi Moreau.

«Malgré ce que l’on dit dans les médias et ce que les gens peuvent penser, mon frère était quelqu’un d’exceptionnel, ajoute Valérie Moreau, la sœur de la victime. Il avait un grand cœur et était là pour tous quand on avait besoin de lui.»

Elle explique que son frère se trouvait avec de nouvelles fréquentations au moment de l’accident.

Le Café-Jeunesse multiculturel de Montréal-Nord a également lancé un message de solidarité aux proches des cinq victimes. L’organisme invite les personnes ébranlées par ces événements à les contacter.

«Nous tenons à exprimer nos plus sincères condoléances aux familles et aux amis touchés par la tragédie. Nous tenons à envoyer de l’énergie positive et du courage au conducteur de la voiture et à sa famille pour la traversée de cette grande épreuve», fait savoir l’organisme dans un communiqué.

Boire et fumer en sa mémoire
Si le message semble avoir passé auprès de plusieurs amis du groupe, une forte odeur de marijuana flottait autour du groupe lors de la marche.

«Nous allons tous décidé ensemble où nous irons nous mettre en cercle pour dire chacun un dernier mot à notre frère et ami Jean-Rémi Moreau. Ensuite nous allons boire et fumer en harmonie, tous ensemble, pour te rendre honneur», a écrit une internaute sur Facebook.

Plusieurs bouteilles d’alcool ont également été déposées sur les lieux de l’accident à Montréal-Est.

(En collaboration avec Samantha Velandia)

*****
Pardonner au conducteur

samantha.velandia@tc.tc

Alors que certains de ses amis lui pardonnent déjà, la famille d’une victime est en colère contre le conducteur de la voiture impliqué dans un accident mortel sur la rue Notre-Dame, le 22 novembre.

Deux jours après l’événement, Jean-Richard Auguste a comparu de son lit d’hôpital. Il fait face à 13 chefs d’accusation, dont d’avoir causé la mort et des lésions à l’occasion d’une course de rue et possession de cannabis.

«On ne peut pas en vouloir au conducteur parce que si ce n’est pas lui qui avait conduit, ça aurait été un autre de la gang», affirme Stacy Cyrius, une amie de Jean-Rémi Moreau, une des victimes.

Colère
Malgré la colère, la famille de Jean-Rémi Moreau, décédé dans l’accident, tente de ne pas trop en vouloir au conducteur.

«Oui, j’ai de la colère, mais c’est une étape normale du deuil que nous sommes en train de vivre, indique Valérie Moreau, la sœur de la victime. J’essaie malgré tout de ne pas être fâchée, car je sais que mon frère n’aurait pas voulu que je le sois.»

Elle dit se sentir soulagée de voir que les autorités ont déjà pris le dossier en main.

«Nous sommes satisfaits de voir que le conducteur sera puni. Nous savons déjà qu’il devra faire face à plusieurs chefs d’accusation et qu’il devra payer pour ce qu’il a fait, alors cela nous suffit.»

Elle regrette aussi que son frère ne l’ait pas contactée avant de prendre la route.

«Si mon frère m’avait appelée pour me demander d’aller le chercher, je l’aurais fait, dit-elle. Peu importe l’heure, peu importe la distance, je serais allée l’aider et il serait peut-être encore en vie.»

À la suite de cette tragédie, elle réclame une présence policière accrue sur les routes et de la sensibilisation dans les écoles.

«À l’âge de mon frère, les jeunes sont complètement inconscients de ce qu’ils font parce qu’ils sont dominés par un sentiment de liberté. Ils se pensent inatteignables et ce genre d’événement ne date pas d’hier, alors il faut les conscientiser aux dangers de la route et au mal qu’ils peuvent faire et se faire», conclut-elle.

Mme Moreau qui est toujours ébranlée par les événements raconte que les prochains jours seront particulièrement difficiles pour les familles.

(En collaboration avec Simon Bousquet)

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.