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Des chauffeurs de taxi dénoncent les frais d’exploitation exorbitants

Léonel Beauséjour, chauffeur de taxi à Montréal-Nord, aimerait au moins gagner le salaire minimum. Photo: Simon Bousquet/TC Média

Alors que le Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal (RPTM) demande au gouvernement de sévir contre le transport illégal, comme UberX, plusieurs chauffeurs rencontrés à Montréal-Nord dénoncent plutôt les frais d’exploitation, qu’ils jugent exagérés.

«Il faudrait que ces frais soient abolis et non que les chauffeurs d’UberX paient autant que les chauffeurs de taxi», estime Stevens, un chauffeur d’UberX.

«Il faut que ce soit les mêmes règles pour tout le monde, mais on paie tellement de taxes que parfois, on n’arrive même pas. Ça va très mal. Il y a beaucoup trop de frais. On doit travailler minimum 12 heures par jour pour gagner 50$», ajoute le chauffeur Léonel Beauséjour.

«Avant, il y avait de l’argent dans le taxi, mais aujourd’hui, j’arrive à peine à couvrir mes dépenses. Je gagne moins de 5$ l’heure», ajoute Ben Mamoud, un autre chauffeur de taxi de Montréal-Nord.

Contrer l’effet UberX
UberX et d’autres taxis illégaux, qui annoncent sur des sites comme Kijiji, font la vie dure aux chauffeurs en norme en grugeant une bonne part de leur profit. Pour contrer cet effet, le RPTM a convoqué la presse, jeudi. Le regroupement demande au gouvernement du Québec et à la Ville de Montréal de sévir contre le transport illégal.

«Le Bureau du taxi dit qu’ils ont des inspecteurs qui saisissent des voitures, mais on n’en entend pas parler. Nous voudrions qu’il y ait plus d’inspecteurs et qu’ils publicisent les saisies afin de dissuader les autres chauffeurs de taxi illégaux», suggère Max-Louis Rosalbert, président du regroupement qui représente 4000 chauffeurs et 2000 propriétaires de taxi de la métropole.

«Il faut que les autorités s’engagent vraiment à arrêter ces gens. Le Bureau du taxi n’a aucun problème à nous intercepter, les chauffeurs réguliers. Et ces illégaux, ils travaillent sans contrainte», a insisté Dallaire Rolland, vice-président du RPTM qui demande plus d’actions policières.

«Nous avons rencontré les décideurs de tous les paliers de gouvernement et ça traine encore depuis deux ans. Nous souffrons de cette inertie, ajoute M. Rosalbert. S’ils voulaient vraiment sévir, ce serait facile: ils n’auraient qu’à prendre l’application, à demander un chauffeur et à l’arrêter.»

Le RPTM demande aussi que les lois soient resserrées, comme en France où les transporteurs illégaux s’exposent à des peines de deux ans de prison et à 300 000 euros d’amende.

Mesures coercitives
Le ministre des Transports, Robert Poëti, et le maire de Montréal, Denis Coderre, ont tous deux qualifié les transporteurs comme UberX d’illégaux. Cela ne semble toutefois pas effrayer les chauffeurs d’UberX.

«Bien sûr, j’ai peur de faire saisir ma voiture, mais je crois que cette loi n’est pas encore claire. Nous sommes dans une zone grise parce qu’il n’y a pas de législation pour l’interdire», estime Stevens, chauffeur illégal.

L’été dernier, la Ville de Montréal a aussi présenté sa politique sur l’industrie du taxi dans laquelle elle dit vouloir «accentuer par différents moyens la lutte au transport illégal».

Le cabinet du ministre des Transports indique que M. Poëti pourrait déposer un projet de loi dans les prochains mois.

«Des dispositions concernant le haussement des amendes et l’augmentation du pouvoir de saisie du Bureau de Taxi de Montréal seront considérées», confirme-t-on.

Actuellement, la saisie des véhicules faisant du transport illégal est faite par les inspecteurs du Bureau du taxi, mais pour ce faire, ils doivent contacter les policiers du Service de police de la Ville de Montréal, ce qui ralentit les procédures.

(En collaboration avec Laurence Houde-Roy)

Frais annuel pour opérer un taxi à Montréal

150$ pour l’inspection bisannuelle de la voiture

27,25$ pour le permis (ou 54,50$ pour deux ans)

105$ pour le certificat d’antécédent judiciaire (valide pour un ou deux ans)

835$ pour immatriculer la voiture

167$ pour renouveler le permis d’opération du taxi

 

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