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Koriass veut «redonner espoir» à Montréal-Nord

Photo: Archives TC Media

Le chanteur Koriass, originaire de Montréal-Nord, regrette «la ghettoïsation» de son quartier lors des dernières décennies. Aux yeux du rappeur, «un énorme manque de sensibilisation des gens qui dirigent» est notamment à l’origine de ces maux qui peuvent se résorber en misant sur la jeunesse.

Il n’a rien oublié. Ni sa vie, jusqu’à l’âge de 9 ans, dans un confiné 3 ½ sur la rue de Charleroi, avec une mère obligée d’élever seule, après le départ d’un père avant même sa naissance, le jeune Emmanuel Dubois – son vrai nom – et sa petite sœur, ni ses premiers pas tourmentés à l’école Jean-Nicolet à quelques dizaines de mètres de l’appartement familial.

«C’était difficile pour moi, révèle-t-il. J’étais timide et réservé. Je n’avais pas un fort caractère et je me faisais beaucoup intimider.»

Un passé «imprégné par la pauvreté»
Les souvenirs sont «à la fois bons et mauvais», indique le rappeur de 32 ans, qui a ensuite passé son adolescence sur la Rive-Nord, du côté de Saint-Eustache. Pêle-mêle, il évoque la maison de ses grands-parents située en face de chez eux, ce «bon vivre qui régnait», mais aussi ce grand-père «qui vivait sur l’aide sociale» et ce «passé imprégné par la pauvreté, sans avoir beaucoup d’argent.»

Koriass semble partagé. Mêlé entre des images ancrées dans sa mémoire et une revitalisation d’un secteur qu’il fréquentait «souvent», malgré son déménagement, pour rendre visite à ses aînés ou des amis.

S’il reconnaît s’être éloigné depuis quelques années de Montréal-Nord, l’image, parfois difficile, véhiculée toujours par l’arrondissement malgré de nombreuses actions, entre autres, d’organismes communautaires pour redorer ce secteur, ne l’étonne guère.

«Il y a, malheureusement, une part de vérité. Ce quartier, lors des 20, 30 dernières années, a été ghettoïsé, avec beaucoup de criminalité et une pauvreté qui a augmenté. Alors oui, il y a du renouveau, c’est très positif et beaucoup de choses ont déjà changé, mais on peut faire mieux.»

«Il faut vraiment investir de l’argent massivement»
L’artiste, qui a accumulé les honneurs depuis ses débuts dans le rap il y a plus de 10 ans, cible et regrette notamment un manque de décisions politiques d’envergure.

«On a parfois l’impression que le quartier a été laissé à lui-même. La pauvreté s’accentue de père en fils et des décisions doivent être prises pour sortir de cet engrenage. Si on laisse pourrir l’arrondissement, rien ne va changer.»

«Il faut vraiment investir de l’argent massivement. Je l’ai vu dans ma ville actuelle (près de Québec). Beaucoup de choses ont changé de cette manière. Des familles avec de jeunes enfants sont arrivées, des petits commerces se sont installés. Mais comment faire venir des gens à Montréal-Nord dans un quartier que l’on dit défavorisé et pas fréquentable ?»

Miser sur les jeunes
On pourrait le croire pessimiste. Sans idées ou solutions pour Montréal-Nord. Faux. L’espoir existe et a un nom: «les jeunes.»

«Beaucoup se cherchent, et à l’adolescence c’est normal, mais il faut les pousser pour qu’ils trouvent une passion qui les allume. Moi, c’était l’art. Miser sur une passion permet d’éviter d’emprunter des chemins qui peuvent être nocifs.»

Des passages tortueux qu’a connus Koriass. «Mon passé n’est pas propre, j’ai volé, pris de la drogue. J’ai eu des moments d’égarement et d’inattention. Je regrette beaucoup de choses», avoue le Québécois avant de mettre en avant son parcours et l’adversité rencontrée.

«Je suis parti de rien. Ma mère a été un incroyable exemple de résilience depuis ma naissance. Elle a toujours pris soin de moi, malgré la misère pour trouver de l’argent, et elle s’en est sortie la tête haute. C’est ce que je veux expliquer aux jeunes: l’espoir est là, on peut toujours réussir.»

Koriass semble en être la preuve.


Koriass à Montréal-Nord vendredi

Le chanteur sera présent à l’école Henri-Bourassa vendredi pour témoigner de son parcours auprès des élèves. Il souhaite «délivrer un message d’espoir» alors que l’arrondissement compte mettre en place un plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, à destination des jeunes, comme l’a révélé la nouvelle mairesse, Christine Black, lors de son premier conseil d’arrondissement le 9 mai.

«Parfois, une phrase ou un mot peut changer la vie de quelqu’un, allumer une étincelle, croit Koriass qui rencontre fréquemment les élèves de différents établissements du Québec. Je vois déjà les résultats. Les jeunes, lorsqu’ils rencontrent quelqu’un qu’ils admirent, sont davantage portés à m’écouter.»

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