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Montréal-Nord célèbre 100 ans

Roger Lagacé - (Collaboration spéciale)

Pendant presque trois siècles, l’histoire de Montréal-Nord se confond avec celle de ce chemin d’eau que les Hurons appelaient Kitchesipi, la grande rivière, qui les conduisait aux Grands Lacs. Cette branche de la rivière des Outaouais est le premier témoin à interroger pour comprendre la naissance et le développement de Montréal-Nord à une époque où les gens l’appelaient le Bas-du-Sault.

C’est au Sault que Champlain a fait célébrer la première messe tenue en terre de Nouvelle-France, le 24 juin 1615, avant de se rendre, en compagnie du père récollet Joseph Le Caron, chez les tribus huronnes de l’Outaouais. Dix ans plus tard, le récollet Nicolas Viel et son compagnon Ahuntsic se seraient noyés dans les eaux tumultueuses du Gros-Sault, d’où le nom qui désigne maintenant le Sault-au-Récollet.

Les sulpiciens deviennent propriétaires de la seigneurie de l’île de Montréal en 1663. Leur statut de seigneurs leur permet d’être actifs dans le développement de Montréal en construisant notamment des moulins.

Le lotissement des terres qu’ils adoptent est celui de la côte, qui est l’équivalent du rang dans la campagne. Dans cette forme de peuplement rural, les maisons s’échelonnent sur le chemin public. On en voit encore les trous quand on examine l’emplacement des maisons anciennes de Montréal-Nord : la maison Cazal en est l’illustration la plus convaincante, de même que la maison historique Brignon dit Lapierre.

De vastes terres agricoles

Au XVIIIe siècle, le Sault-au-Récollet est encore un vaste territoire agricole en bordure de la rivière. Quand le Sault-au-Récollet devient paroisse en 1736, il regroupe 60 familles, soit environ 300 âmes. La paroisse possède trois routes, dont deux rangs occupés par des cultivateurs, un village et des moulins. Le premier rang, qui enfermait aussi l’île de la Visitation, comprenait toutes les terres ayant front sur la rivière des Prairies, depuis l’actuel Cartierville jusqu’à Saint-Joseph-de-la-Rivière-des-Prairies. Le deuxième et le troisième rang formaient la côte Saint-Michel et ils étaient séparés par la montée du même nom qui assurait les communications avec Ville-Marie. La paroisse du Sault est en pleine expansion à partir des années 1830, alors qu’elle compte déjà 1513 personnes. Ce nombre passera à 2860 en 1898, et à près de 6000 en 1922.

La rivière des Prairies

En 1831, le gouvernement impérial mandate le colonel By pour étudier la possibilité de canaliser la rivière afin d’y permettre la navigation jusqu’au-delà du lac des Deux-Montagnes. Ce projet sera repris au XXe siècle, sous le régime Laurier, puis abandonné au profit de la canalisation du St-Laurent. Le barrage porte le nom de Simon-Sicard (juillet 1941). Depuis, la rivière des Prairies a complètement changé d’aspect. La hausse du niveau des eaux provoquée par la construction du barrage Walker, en 1929, a fait disparaître les rapides du Sault. Quant aux anglais qui montaient et descendaient la rivière (des Prairies), ils la nommeront Grand River ou Back River.

En 1836, une traverse en bac est établie au Bas-du-Sault en face de l’église de Saint-Vincent-de-Paul, à l’île Jésus. En 1849, un pont de bois fut construit près de l’église de la Visitation, par Paschal Persillier-Lachapelle.

La plus vieille église
Au nord de l’île de Montréal, s’est créée une paroisse catholique du nom de la Visitation du Sault-au-Récollet. Le Sault-au Récollet est alors un lieu-dit. L’actuelle église de la Visitation remplace l’ancienne église, qui était située dans l’enceinte du fort Lorette, construit par Vachon de Belmont, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, vers 1700. La construction de l’église est commencée en 1749 par le maître-maçon Charles Guilbault et par le charpentier Joseph Valade. La construction est terminée en 1752. À compter de cette date, les descendants des pionniers de Montréal-Nord se marient et font baptiser leurs enfants à l’église de la Visitation.

Les gouvernements locaux
Les recommandations de Lord Durham instauraient un système de gouvernement local radicalement opposé à celui en vigueur jusque-là, et à partir de 1840, la création des municipalités entraînera un phénomène tout nouveau : l’élection des représentants. La loi de 1845 décrétait que les habitants de chaque paroisse, canton ou municipalité étaient constitués en «corporation». La population élisait un conseil formé de sept conseillers avec un mandat de trois ans, et l’un d’eux était choisi maire. Ainsi, la paroisse formait la base de l’organisation municipale au lieu des districts. La paroisse donnera naissance à des villages, puis à des villes.

La municipalité de Sault-au-Récollet n’est pas au bout de ses peines, car le vent de l’annexion vient aussi de Maisonneuve, qui a résisté à l’encerclement de 1910. C’est aussi l’année de constitution de la municipalité du village du Sault-au-Récollet.

Dès 1913, Maisonneuve présente au parlement de Québec une demande dans le but d’annexer le Sault-au-Récollet. Les débats suscités par l’ambition de Maisonneuve marqueront la vie municipale de Montréal-Nord, dès ses débuts. Le 22 novembre, le conseil municipal du Sault-au-Récollet réagit à cette tentative d’intégration et délègue, à Québec, Joseph Aumand Cadieux, secrétaire-trésorier depuis 1905, et J.A. Gravel qui l’accompagne comme conseiller juridique, pour défendre l’autonomie de Montréal-Nord.

Le 16 février 1914, le maire Joseph Boyer, appuyé par les membres de son conseil, souhaite un changement de statut qui entraînerait une meilleure gestion de la municipalité.

Le 20 octobre 1914, dans un projet de loi que le conseil du Sault-au-Récollet soumet au parlement, le conseil demande que la nouvelle municipalité se transforme en ville.

Le nom de Montréal-Nord, suggéré par J.-A. Cadieux, sera retenu par le conseil municipal, le 7 décembre 1914.

L’Assemblée législative adoptera la loi créant la Ville de Montréal-Nord le 5 mars 1915. Comprise entre les lots numéros 1 à 126 du cadastre de la paroisse du Sault-au-Récollet, la nouvelle ville est divisée en trois quartiers : Est, Centre, et Ouest. Les îles de la rivière des Prairies sont aussi englobées dans ces limites.

La Ville de Montréal-Nord devient l’un des 19 arrondissements de la grande Ville de Montréal en janvier 2002.

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