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La tour à boyau de Ste-Anne-de-Bellevue pourrait être démolie

Photo: TC Media/Archives

Le conseil de ville est passé bien près le 15 août de lancer le processus menant à la démolition de la tour à boyau, qui trône au sommet de l’hôtel de ville. La mairesse Paola Hawa a utilisé son droit de reconsidération, repoussant le vote au prochain conseil, le 12 septembre et potentiellement, sauver la structure.

Présentement, quatre conseillers sur sept approuvent le projet de démolition, mais la mairesse n’en fait pas partie. Elle a donc demandé aux élus de réfléchir plus longuement avant de prendre une décision sur la question.

«C’est la responsabilité de tous ceux qui aiment Saint-Anne de protéger son histoire», a-t-elle affirmé, spécifiant que ceux qui plaident l’absence de valeur patrimoniale de la tour sont dans l’erreur.

À ce sujet, le directeur général de la Ville, Martin Bonhomme, explique que «pendant l’élaboration des plans pour la réfection de la façade, la tour n’a pas été incluse car elle n’était pas considérée comme patrimoniale», un argument repris par les opposant à la réfection de la structure.

Selon la mairesse Hawa, ce ne serait pas parce que la tour n’avait pas de valeur patrimoniale mais plutôt parce que les critères pour obtenir la subvention à l’époque spécifiaient que les édifices admissibles devaient avoir été construits avant 1930 que la tour n’a pas été incluse dans le projet de rénovation.

«Mais ces critères ne servent pas à déterminer ce qui est patrimonial ou non. D’ailleurs, l’âge d’un bâtiment n’a rien à voir avec ça. C’est les histoires qui l’entourent qui comptent», précise-t-elle.

Un peu d’histoire
Jean-Marc Richard, ancien président de l’Association pour la préservation et la conservation de l’histoire de Sainte-Anne, raconte avec nostalgie l’histoire de la tour, qui a été ajoutée en 1936 à l’édifice de l’hôtel de ville, alors également utilisé par les pompiers volontaires.

Selon M. Richard, elle servait alors surtout à suspendre les boyaux d’arrosage en cuir pour les faire sécher après un incendie, mais c’est aussi sur la tour qu’avait été installée la sirène inventée par le chef des pompiers de l’époque, Esdras Lépine. Celle-ci fonctionnait avec un système de soufflerie semblable à celui d’un harmonium, et remplissait deux rôles distincts.

La sirène prévenait bien sûr les pompiers volontaires d’un incendie, mais elle leur spécifiait également la rue où celui-ci s’était déclenché grâce à un code court-long semblable au morse. «Chaque rue avait son code, et tous les résidents possédaient chez eux une petite fiche où ce dernier était noté. Ils pouvaient donc tous se rendre sur les lieux du sinistre pour donner un coup de main dès que la sirène était déclenchée», raconte le féru d’histoire.

Il relate que chaque soir, la sirène sonnait à 21 heures précisément, rappelant à tous les enfants de moins de douze ans qu’il était l’heure de rentrer à la maison pour respecter le couvre-feu. Cette fonction secondaire de la sirène a été utilisée jusqu’en 1972.

Plusieurs résidents de Sainte-Anne ont encore des souvenirs très vifs de cette sirène qui rythmait la vie, comme les cloches des églises.

«Je sais que c’est juste une tourelle, mais il y a une histoire précieuse qui vient avec. On a déjà perdu beaucoup de l’histoire de Sainte-Anne avec les années. Je ne voudrais pas en voir un autre morceau partir», se désole M. Richard.

Selon les études préliminaires demandées par la ville, la réfection de la tour coûterait 30 000$ de plus que sa démolition.

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