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Se donner une chance

Photo: TC Media - Patrick Sicotte

Grâce à un programme de coiffure et soins de beauté inauguré au Centre d’encadrement pour jeunes femmes immigrantes (CEJFI), des étudiants tenteront de se reconvertir et, peut-être, de lancer leur entreprise.

Pour la coordonnatrice et chargée de projet au CEJFI, Cristina Bajenaru, intégration rime d’abord avec travail, dans un contexte où le premier emploi est difficile à trouver. Pour pallier cela, le programme bénéficie d’un partenariat avec l’Association de coiffure du Québec pour placer les jeunes recrues.

«On essaie de faciliter la tâche des jeunes immigrants en les accompagnant du début à la fin de leur projet personnel. Ils ont tout ce qu’il faut pour réussir, mais il faut les accompagner, car ils doivent gérer beaucoup de choses en même temps», indique Mme Bajenaru.

Farah Beaubrun étudie justement au Centre alors qu’elle exerce son métier d’infirmière à temps partiel, suit un cours à l’Université de Montréal et est maman de quatre enfants. «Quand je viens ici, je n’ai pas l’impression de travailler. La coiffure est une vraie passion», explique la jeune femme de 34 ans dont la mère a suivi la même formation.

De son côté, Elie Mahran était déjà coiffeur en Syrie avant de quitter son pays avec sa famille. «Je me suis inscrit aux cours pour obtenir le diplôme qui me permettra d’ouvrir mon propre salon», révèle-t-il. Le jeune homme de 29 ans souhaitait aussi se perfectionner en apprenant de nouvelles techniques.

Un jeune couple a quant à lui un projet bien spécial en tête. Natalie Adour était coiffeuse pendant dix ans en Syrie tandis que Fattouh Kebbeh, paysagiste de formation, souhaiterait ouvrir un salon de coiffure-jardin à Saint-Laurent en intégrant de nombreux éléments de nature décoratifs au lieu.

Leur professeur, Kloud Alrmahin croit qu’il est important d’aider les immigrants dans leurs projets. «Ils en ont beaucoup plus besoin que les autres, surtout ceux qui ont vécu la guerre», dit celui qui a enseigné la coiffure, le maquillage et l’art du tatouage durant 32 ans en Syrie et au Liban.

Spécialisation rare

Ces cours ont la particularité de former aux techniques spécialisées dans les cheveux exotiques. «J’ai beaucoup cherché et c’est un des seuls cours à Montréal où il est possible d’apprendre la coiffure pour cheveux crépus», explique Jorge Ellie Thys, 25 ans. La perspective d’apprendre à réaliser un plan d’affaires l’a également motivée à s’inscrire, puisque le programme comprend un cours de gestion d’entreprise.

Les 23 élèves qui suivent la formation auront leur diplôme dans quelques semaines et ont hâte de se lancer. «On va pouvoir mettre en pratique ce qu’on a appris. Il y a le stress qui vient avec, car on doit mettre sur pied nos portfolios et un plan d’affaires complet», dit Jorge Ellie.

Tous suivent des cours de français pour se donner plus de chance sur le marché du travail. «Ce n’est pas facile au début, car il faut systématiquement tout traduire, mais nous sommes là pour ça, et la plupart ont fait beaucoup de progrès en peu de temps», dévoile fièrement Mme Bajenaru.

Si les femmes sont priorisées au Centre, certains hommes peuvent s’inscrire. «Pour réussir l’intégration de la jeune femme immigrante, il faut  absolument que la famille s’implique», explique la fondatrice et directrice générale du centre, Régine Alende. Les maris, pères et frères sont donc admissibles, mais en nombre limité.

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