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Gare à la crue printanière

Photo: François Lemieux/TC Media

Tout indique que les riverains devraient déjà commencer à se préparer pour d’éventuelles inondations. Sans être alarmiste, le professeur de l’UQÀM en hydro-climatologie, Philippe Gachon juge qu’il s’agit d’une question de temps. Plusieurs facteurs déterminants font état d’un risque plus élevé qu’à pareille date l’an dernier.

Dans une conférence à L’Île-Bizard mardi soir portant sur les inondations de 2017, il a fait savoir que le seul facteur positif était la quantité de neige reçue moins importante.

«Les sols dans certains secteurs sont saturés, les niveaux d’eau sont plus élevés, on a beaucoup de glace dans les rivières et le sol est gelé avec une profondeur plus grande», explique-t-il, précisant que c’est au mois de mars où on enregistre le plus d’accumulation de neige.

Convaincu que le scénario de l’an dernier se reproduira sans savoir quand, le professeur souhaiterait que les autorités se montrent plus proactives.

«Si j’étais une ville, le ministère de la Sécurité publique, le premier ministre Justin Trudeau ou Philippe Couillard, j’appellerais les soldats et je ferais venir les sacs de sable, juste pour prévenir. Même si on finit par ne pas en avoir besoin, au moins on aura peut-être commencé à apprendre la leçon qu’on n’a pas nécessairement tirée de l’an dernier», soutient M. Gachon.

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L’an dernier, une combinaison de facteurs ont causé les inondations historiques. M. Gachon a fait état d’un dégel rapide en avril suivi de précipitations 50 à 60% plus élevées qu’à l’habitude. Mardi, il a également longuement discuté du réchauffement climatique et ses conséquences sur les phénomènes hydrométéorologiques.

L’hiver 2017 a été de 3 à 4 o Celsius plus chaud qu’à la normale. C’était d’ailleurs le quatrième hiver le plus chaud depuis 1948 dans le sud du Québec. De plus, 16 des 17 années les plus chaudes enregistrées depuis 1880 l’ont été depuis 2000.

«Au fur et à mesure que le réchauffement augmente, plus les risques augmentent et moins on sera capable de s’adapter, prévient-il. Nos rivières vont finir par avoir des comportements de plus en plus chaotiques, ce qui fera en sorte qu’on aura beau se protéger, on ne pourra plus suivre les changements naturels des précipitations».

Gérer collectivement
Étant venue parler d’aménagement des berges et de comment gérer les risques de niveaux d’eau plus intense, lors de la conférence de mardi soir, la chercheuse Ursule Boyer-Villemaire a critiqué la façon de penser «à la pièce» qui prévaut au Québec en ce moment en matière de gestion des risques d’inondation.

Elle souhaiterait voir les autorités considérer l’ensemble des quartiers menacés sur une décennie ou deux.

«On devrait prévoir un plan de sortie pour ces gens en tant que groupe et non pas en tant que familles individuelles. Au Royaume-Uni, ils font des plans d’aménagement sur trois décennies, au minimum. Ils protègent les riverains 15 ans, mais après ça, ils déménagent tout le monde. Ça leur donne le temps de planifier la suite sans être pressés», indique-t-elle.

Mme Boyer-Villemaire est consultante et chercheure indépendante en environnement sur la gestion de risque et sur l’adaptation aux changements climatiques. Elle est spécialiste de la vulnérabilité des communautés côtières face aux impacts des changements climatiques.

M. Gachon est, quant à lui, chercheur au Centre d’études et simulation du climat à l’échelle régionale et titulaire de la Chaire de recherche stratégique sur les risques hydrométéorologiques liés aux changements climatiques.

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