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Travailleur décédé: l’UdeM et l’employeur blâmés et exposés à une amende

Photo: Collaboration spéciale - CNESST

Après six mois d’enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) blâme autant l’Université que l’employeur, Ascenseurs Viau, dans l’accident qui a coûté la vie à l’apprenti mécanicien Éric Martel à l’Université de Montréal, en février. Ils ont tous les deux reçu des constats d’infraction.

L’employeur est exposé à une amende pouvant aller jusqu’à 65 000$ pour avoir mis la vie de son ouvrier en danger. L’UdeM, de son côté, écope d’un constat de près de 3000$. Tous deux auraient sous-estimé la dangerosité de la zone de travail.

Le 19 février, Éric Martel perdait la vie alors qu’il effectuait l’entretien hebdomadaire d’un trottoir roulant sur le campus de l’Université de Montréal. Son bras et sa main gauche ont été entraînés entre le cylindre et la courroie de rotation du trottoir roulant, avant d’être arrachés.

Dans un rapport de 40 pages dévoilé le 25 août, la CNESST indique qu’Ascenseurs Viau n’a pas mis en place le dispositif de sécurité nécessaire pour que la zone d’entraînement située sous le trottoir roulant ne soit pas accessible durant son fonctionnement.

Détails
Aucun protecteur ne limitait l’accès au cylindre et à la courroie de rotation du trottoir roulant. «L’employeur n’avait pas appliqué de démarche systématique d’identification, de contrôle et d’élimination des risques sur les lieux de travail», peut-on lire dans le rapport.

Dans la salle mécanique où travaillait M. Martel, des sections grillagées sont installées du côté de la machine où l’accident s’est produit.

Toutefois, ces grillages ne sont pas conformes au règlement, car ils ne sont pas munis d’un dispositif de verrouillage qui provoquerait l’arrêt de la machine dès qu’ils sont retirés. De plus, Aucun outil n’est nécessaire pour pouvoir les enlever.

«De l’autre côté de la machine, l’absence de protection démontre qu’Ascenseurs Viau a sous-estimé la gravité du danger et la probabilité d’un accident», affirme Isabelle Lalonde, inspectrice.

L’éclairage général du local contraint les travailleurs à se munir d’une lampe de poche et à se positionner à une trentaine de centimètres des cylindres pour repérer les débris qui auraient pu se glisser sous la courroie. «Face à une telle situation dangereuse, il est facile de concevoir que le moindre faux pas ait pu mener à l’accident», indique le rapport.

L’UdeM, pour sa part, a été blâmée pour avoir omis de sécuriser les équipements du trottoir roulant, et ce, malgré une sensibilisation de la part du contremaître.

L’établissement d’éducation supérieure s’est déchargé lors de la signature du contrat de la responsabilité de la santé et de la sécurité des travailleurs d’Ascenseurs Viau, mais est tout de même tenu par la loi d’identifier, de contrôler et d’éliminer les dangers reliés aux équipements.

Corrections
À la suite de l’accident, la CNESST  a exigé que les deux employeurs développent une méthode et des procédures sécuritaires de contrôle des énergies dangereuses.  L’université doit également sécuriser ses machines de mécanique de bâtiment.

L’Université de Montréal a indiqué à TC Media que ses employés avaient reçu une formation supplémentaire en ce qui a trait aux méthodes de cadenassage. «De plus, nous travaillons en collaboration avec la CNESST pour élaborer des méthodes de contrôle additionnelles à l’intention des entreprises de qui nous retenons les services.»

Au Québec, depuis cinq ans, 35 travailleurs ont été coincés ou écrasés mortellement par de l’équipement ou des objets. À Montréal, deux travailleurs ont perdu la vie dans de tels accidents.

Au moment d’écrire ces lignes, l’entreprise Ascenseur Viau n’avait pas répondu à nos demandes d’entrevues.

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