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Apprivoiser la langue de Molière

Photo: TC Media - Patrick Sicotte

Moonisa Éwaz-Ali a été reconnue pour sa persévérance et sa réussite dans sa démarche d’alphabétisation. Originaire d’Afghanistan, elle n’avait jamais été à l’école. Durant neuf mois, elle a appris le français au Centre d’éducation pour adultes d’Outremont.

Mme Éwaz-Ali a suivi une formation de base où elle a appris à lire, à écrire et à parler en français, ce qui lui a valu la bourse Je ne lâche pas, je gagne! de 1500 $, offerte par la Fondation pour l’alphabétisation.Arrivée au Canada en 2008, Mme Éwaz-Ali réside présentement à Pierrefonds avec son mari et ses trois enfants. «Une de mes filles est entrée au primaire et je voulais être capable de l’aider dans ses travaux scolaires. C’était impossible de le faire puisque tous ses cours sont en langue française», indique-t-elle.

C’est sa professeure, Darquise Bergevin, qui a soumis sa candidature. «Moonisa a beaucoup travaillé et a un gros potentiel d’apprentissage, ce qui n’est pas le cas de tout le monde ici», explique-t-elle.

Premier pas
Comme beaucoup de femmes dans son pays, Mme Éwaz-Ali n’avait jamais mis les pieds dans une école. «J’étais triste de ne pas pouvoir étudier alors que les garçons le pouvaient, eux», dévoile la mère de 33 ans.

Sous le règne des Talibans, les femmes n’avaient que peu de droits. Elle a ainsi dû travailler dès l’âge de sept ans, passant ses journées à tisser des tapis avec sa sœur, jusqu’à ce qu’elle se marie.

«Quand Moonisa est arrivée au Centre, elle avait de la difficulté à tenir un crayon, car elle ne l’avait probablement jamais fait. Mais sa progression a été rapide, elle est persévérante et impliquée dans ses cours», lance Mme Bergevin, fière de son ancienne étudiante.

Briser l’isolement
Pour la professeure, les cours au Centre d’éducation pour adultes permettent notamment de briser l’isolement. Les étudiants sont souvent des immigrants qui connaissent peu de monde, sont isolés ou ne disposent pas du soutien adéquat de la part de leur famille.

«Au début, Moonisa était assez craintive et ne connaissait personne. Maintenant elle s’est faite des amis, elle a davantage de support psychologique», estime la professeure.

Mme Éwaz-Ali ne continuera pas sa formation à Outremont. «Je dois emmener l’une de mes filles à la garderie le matin, et je n’ai plus le temps pour venir de Pierrefonds à Outremont en autobus», explique-t-elle.

La jeune femme est aujourd’hui inscrite sur une liste d’attente afin de pouvoir continuer sur sa lancée au Centre d’Intégration Multi-Services de l’Ouest de l’Île (CIMOI), un organisme d’aide à l’intégration, à la francisation et à l’employabilité des nouveaux arrivants.

Une fois qu’elle aura maitrisé la langue de Molière, Moonisa Éwaz-Ali souhaite s’inscrire dans un établissement secondaire pour obtenir un diplôme et peut-être travailler dans une garderie. «J’adore l’école et je voudrais continuer à étudier, à apprendre», révèle-t-elle, un grand sourire dessiné sur le visage.

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