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Frites belges, poutine et graffiti

12 avril 2012, il est environ 16h30 lorsque les premiers jeunes arrivent à l’Espace-Temps. Parce qu’on ne les connaît pas encore, on les appelle simplement «les Belges»; une dizaine de jeunes venus de Bruxelles pour étudier la culture urbaine (pensez graffiti, hip-hop, breakdance et New York en 1981, mettons) du Québec.

On les aime déjà quand on voit leurs casquettes des Canayens de Mourial fraîchement achetées rue Sainte-Catherine, dans le genre de boutiques qui vendent aussi beaucoup (trop) de t-shirts de loups-qui-hurlent-à-la-lune. Le seul truc qui nous rend nerveux, en fait, c’est qu’ils ont semi le même âge que nos intervenants.

Oui, parce que les maisons des jeunes en Belgique – au fait, est-ce que j’ai mentionné qu’ils venaient de la maison des jeunes de Copainville, à Bruxelles? – sont destinées aux jeunes entre 18 et 25 ans, plutôt qu’à la tranche 12-18 à laquelle nous sommes habitués. Pas grave, qu’on se dit. Ils ont l’air d’être sympathiques. Ou sympas? Est-ce que les Belges parlent comme les Français, d’ailleurs? Peu importe. On parle tous la même langue.

Alors voilà, on reçoit nos Belges pour l’après-midi. On a organisé un événement de street art (pensez encore canettes de peinture et rap) qui concorde parfaitement avec la nature de leur voyage, et parce qu’il fait tellement beau, on scrap le plan B (dessiner sur les murs à l’intérieur de la maison des jeunes) et on se dirige vers le skatepark pour embellir le paysage un peu (en toute légalité là, c’est sûr).

Notre coordonateur, notre adjointe à la coordination, un intervenant, deux photographes bénévoles, nos jeunes, les jeunes Belges et leurs intervenants. Ah oui, et le soleil en plus. Gros party. Sauf qu’on a dû laisser faire pour le BBQ et les micros (trop dernière minute). Mais c’est bon. Même que ça finit par rapporter, parce qu’au lieu d’être divisés en petits groupes, tout le monde se concentre sur l’activité principale: le graffiti. Du gros talent, à part de ça.

Oubliez les petits tags à la va-vite sur des portes de garage; on parle d’œuvres réalisées avec beaucoup de sérieux. Tout le monde impressionne tout le monde, pas d’histoire de compétition Canada-Belgique ici. On s’échange des conseils comme on se partage les (nombreuses) canettes à mesure qu’elles se vident sur le béton. J’imagine bien la scène dans une section du Musée des beaux-arts. Ça serait très fou!

Malheureusement, après deux heures c’est déjà le temps de plier bagage. Pas grave! On va continuer la soirée au Q.G., c’est-à-dire à la maison des jeunes. Mieux encore, on a d’autres invités qui nous attendent là-bas.

La soirée vient juste de commencer. Et ce sont les jeunes du YMCA (leur centre jeunesse, pas le gymnase) qui ont pris possession des lieux pendant notre absence. En compagnie de l’intervenant qui devait tenir le fort pendant la soirée, une dizaine de jeunes accompagnés de notre collègue Dice, intervenant au YMCA, nous attendent pour le BBQ.

Lors de notre arrivée, l’endroit est plein à craquer. C’est un melting pot de jeunes, et l’échange culturel se poursuit. La thématique de cette deuxième partie de la soirée? La musique. On s’échange des noms d’artistes. La Belgique nous fait découvrir des nouveaux «sons», tandis que le Québec expose ses beats. «Il faut absolument leur faire écouter Alaclair Ensemble!»

Éventuellement, dans le cadre du documentaire que nos visiteurs filmaient depuis leur arrivée au Québec, trois d’entre eux décidèrent d’interviewer Dice, notre homologue de l’avenue du Parc. Ben quin, personne nous avait dit qu’il était un vétéran de la scène rap du Québec; qu’il avait animé une émission de radio pendant des années, et qu’il avait interviewé des artistes internationaux (ex.: Wyclef Jean)! Les choses que l’on ne sait pas des fois…

Et les autres, ils sont soit en train de jouer au billard (l’Europe gagne cette manche-là) ou dehors, autour du BBQ. Une compétition entre frites belges et poutine aurait pu être amusante, mais on y va pour les hot-dogs à la place. On ne peut pas tout avoir dans la vie, t’sais.

La soirée s’achève en beauté, vers 22h. Tout le monde est très satisfait du déroulement de la rencontre. On a réussi à intégrer trois groupes de jeunes différents, et personne ne s’est fait mal (à part Francis, qui s’est cassé un ongle sur le bord du comptoir). C’est presque triste de voir tout le monde partir. Des gens qu’on ne connaissait même pas, je vous le rappelle, six heures plus tôt. Nostalgie ridiculement précoce, quand tu nous tiens.

Ah oui, et on est invités en Belgique quand on veut. Reste à voir se qu’en pense notre portefeuille. On accepte les donations, si ça vous dit…

Francis Baumans pour l’équipe de la maison des jeunes d’Outremont

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