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Lerou, gardienne de l’eau

Joanny-Furtin Michel - TC Media
Lerou, pseudonyme de Marie-Josée Leroux, prépare actuellement une oeuvre au symposium de sculpture de Boisbriand dans le parc Claude-Jasmin. Et une sculpteure qui privilégie la pierre comme matériau et selon des formats moins conventionnels mérite l’intérêt. Surtout si sa démarche artistique, à l’écoute des symboles et des signes, rejoint les préoccupations du monde moderne.

« La ville de Boisbriand a déjà défini une dizaine d’emplacements pour les dix sculptures qui émergeront du symposium au parc Claude Jasmin. La sculpture appartiendra la ville de Boisbriand. À priori, ma Gardienne de l’eau devrait être installée devant… la caserne des pompiers ! Tout un symbole, n’est-ce pas », sourit Marie-Josée Leroux qui a grandi à Outremont, «entre les rues Villeneuve, Saint-Viateur et Côte-Sainte-Catherine», précise-t-elle.

Intitulée la Gardienne de l’eau, l’oeuvre de Lerou s’inspirera d’un projet qu’elle avait déjà réalisé sous le titre Le Verseau dans des dimensions plus  »humaines ». Son Verseau est sculpté dans la stéatite. Sa Gardienne de l’eau le sera dans la serpentine.

Selon Lerou, la Gardienne de l’eau aura des nuances, la position du bras, le port de tête, la position des jambes, etc., une autre sculpture finalement, mais dont Le Verseau la guidera quant à l’approche des volumes, car pour la Gardienne de l’eau, Lerou parle d’une oeuvre monumentale comme on fait plus de nos jours.

« J’avais commandé un bloc de six pieds sur cinq. Il pèse environ 15 tonnes dont il émergera au bout du compte une sculpture de sept ou huit tonnes. Sans l’aide de Jean-François Vachon des Pierres Stéatite du Québec, de Raynald Blais pour la grue, et Pierre Alarie pour le transport, jamais ce projet n’aurait vu le jour. »

Pour l’artiste, cela représente trois défis. « Le premier consiste à créer une oeuvre gigantesque alors que j’ai fait jusqu’à maintenant des sculptures de taille plus courante, qui ne dépassait pas la taille humaine », explique Lerou. « L’autre défi, c’est la pierre en elle-même, la serpentine, qui contient beaucoup de quartz et dont les nervures proposent une autre lumière et un autre regard sur la forme qui sera donnée à l’œuvre finale. »

« Enfin, le troisième défi est son propos, une question de réflexion sur la contamination de l’eau. Le message passera-t-il ? Le problème de l’eau m’inquiète beaucoup », confie-elle. « Quand je vois comment, en Alberta, une province où il y a peu de rivière, les quantités phénoménales d’eau qu’ils utilisent pour extraire le pétrole des sables bitumineux, à savoir qu’il faut six litres d’eau, pour ,au bout du compte, obtenir 1 litre seulement de pétrole… »

« L’eau, c’est la vie; on ne peut s’en passer. Et selon l’histoire de l’évolution, l’être humain vient de l’eau. De plus, quelqu’un a dit,  »toute l’eau dont on aura besoin dans le futur… existe déjà! » »

« Autrefois, on voyageait par les cours d’eau. Les hommes ont découvert le monde ainsi. C’est l’eau et son exploitation qui a permis l’indépendance économique du Québec. Je suis d’origine acadienne, et je possède un bagage métis venu de plusieurs générations. Cette culture autochtone, son rapport à la nature, le respect qu’on lui doit, elle crie en moi. »

Le choix de (la) pierre

« Parce qu’un jour je vais mourir. C’est ma manière de marquer le temps. Et puis c’est un choix existentiel. Dans cette sculpture, je veux mettre de la compassion dans son visage. La figuration me permet de représenter mon humanité; c’est donc en soi une démarche spirituelle… »

« Je suis dans la poussière depuis début juillet. Il fallait bien que je commence avant parce que les deux semaines du symposium ne me laisserait pas assez de temps pour sculpter. Au Québec, nous sommes environ une centaine de sculpteurs sur pierre. La sculpture est un art moins connu du public, et ses artistes font les frais d’un développement culturel qui ne tient pas compte de l’appropriation des oeuvres d’art.

« Au symposium, nous sommes quatre sculpteurs sur pierre. On a déménagé la pierre en l’état le 10 août pour l’installer au parc Claude Jasmin, où je la finis devant les visiteurs. » Le symposium se termine ce dimanche 26 août. Le public a ainsi la possibilité de voir et rencontrer les sculpteurs pendant qu’ils travaillent leurs oeuvres tout le temps du symposium.

Le CLD (Comité local de développement) Les 3 Monts prévoit en organiser sur la rue van Horne. Prévu en septembre, le projet a toutefois été reporté au printemps. En attendant de la rencontrer (peut-être) sur Van Horne, Lerou attend les amateurs de sculptures au parc Claude Jasmin de Boisbriand jusqu’à dimanche.

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