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Tout ça m’assassine

Joanny-Furtin Michel - TC Media
Encensé par le public et la critique à l’automne dernier, Tout ça m’assassine est présenté à nouveau, pour 3 soirs seulement, les jeudi 29, vendredi 30 et samedi 31 mars au Théâtre Outremont.

Une nuit, sur l’accotement de la 20 près du Madrid, deux hommes en déroute marchent vers les funérailles de René Lévesque et se souviennent. Dans un modeste logement, un intellectuel désargenté mesure la valeur de son travail, de même que son inutilité. Dans un bar de Timmins, un poète alcoolique rencontre un indien ivre mort qui lui offre une bière sachant qu’il n’a que 16 cennes à la banque. Près de lui, une femme confesse avoir déjà été nommée la plus belle femme sur la planète, mais elle ne se rappelle plus… sur quelle planète.

Avec un propos désabusé, mais qui ne manque pas d’humour noir, Tout ça m’assassine est composé de trois courtes pièces sur l’air du temps : Confession d’un cassé de Pierre Lefebvre, La Déroute de Dominic Champagne, et des poèmes de Patrice Desbiens.

Dominic Champagne assure la mise en scène de ce spectacle à l’intelligence vive et teintée d’humour, avec la complicité des musiciens Éric Asswad et Charles Imbeau, fils conducteurs de la pièce.

Les comédiens Alexis Martin, Antoine Bertrand, Mario Saint-Amand, Sylvain Marcel et Julie Castonguay se livrent à des numéros d’acteurs en célébrant la rencontre de trois paroles libres, perdues dans la brume ou noyées dans l’alcool, où se mêlent et s’emmêlent théâtre, poésie, musique, mais aussi un peu d’angoisse et un réel goût de liberté…

Le succès d’un brûlot

Les représentations de Tout ça m’assassine seront suivies d’une rencontre avec l’auteur et metteur en scène Dominic Champagne, récemment nommé Artiste pour la paix 2011. En plus de discuter des sujets abordés dans le spectacle, il sera également question du Grand Rassemblement du 22 avril prochain, le Jour de la Terre, à 14 heures à Montréal. « Un rassemblement immense pour la défense du bien commun et le partage des richesses », annonce Dominic Champagne.

Cette œuvre à trois voix, est présentée au Théâtre Outremont dans le cadre de la 7e édition de Semaine de la citoyenneté, du 26 au 30 mars. En cette période de mouvance identitaire, historiens, politologues, sociologues, artistes, cinéastes, linguistes jetteront leur éclairage propre sur la situation du Québec. Du Plan Nord, en passant par la question des genres, de la laïcité, du nationalisme, du métissage, et des générations, le Québec sera examiné sous toutes ses coutures.

Une interpellation citoyenne que ne renie pas, bien au contraire, Dominic Champagne. « La pièce était présentée dix soirs seulement à la 5e Salle de la Place des Arts en même temps que le mouvement des Indignés. Je trouve intéressant le parallèle entre cette contestation de l’économie et la pertinence du mouvement envers la souveraineté abordée dans la pièce. »

« Il s’agit d’un pamphlet, pas d’un spectacle d’humour; le propos est satirique et mordant. Ce que je considérais comme un brûlot est un succès. Je suis moi-même surpris de ce succès impromptu et d’une reprise aussi rapide quelques semaines après. »

Un  »printemps québécois » ?

« Il y a tout un univers qui se glisse dans ces trois courtes pièces. Ces personnages nous parlent d’un passé qui n’est plus. Les personnages confrontent leurs vécus toujours aussi actuels, mais dans le cadre d’une longue épopée racontée sur un mode fantaisiste, une sorte d’errance où l’on finit par se reconnaître. Il faut avoir le courage de vivre face à la perte de sens et ne pas trop se prendre au sérieux. La pièce démontre cette liberté de ton. »

« L’espace commun aux trois pièces est un bar où trône le portrait de la reine. L’alcool est le vecteur d’une parole amorcée sur la dépossession de nos rêves communs. C’est un spectacle dédié à nos deux Premiers ministres, Stephen Harper et Jean Charest.»

«En effet le Canada s’est retiré du Protocole de Kyoto alors qu’il en était un des fers de lance. Au Québec, que l’on parle de richesses minières d’uranium et d’or, d’exploration pétrolière dans le Saint-Laurent, ou même de gaz de schiste et de la reprise de l’exploitation de l’amiante dont on connaît les dangers, la possession des richesses collectives profite à 1% seulement de la population. »

Et Dominic Champagne cite Théodore Roosevelt : «  »Derrière chaque gouvernement officiel, existe un gouvernement invisible que combat le gouvernement officiel ». C’est à l’État d’imposer un peu de respect des compagnies envers la population. On ne peut pas tout sacrifier sur l’autel du développement économique. Nous étions des citoyens. Nous sommes devenus des consommateurs. Toute contestation est un moyen de redevenir des citoyens face à la dépossession de nos biens collectifs, de notre histoire, de notre langue. »

« Je suis né en 1963, l’année du  »I had a dream » de Martin Luther King et de la mort de J.-F. Kennedy, la mort du rêveur. Il faut reprendre le droit – le devoir, même – de rêver! Il faut cesser d’être les victimes du prêt-à-penser, restons ces  »irréductibles gaulois ». Faisons notre  »printemps québécois »… »

Tout ça m’assassine, les 29, 30 et 31 mars au Théâtre Outremont, 1248 Bernard Ouest. Billetterie au 514 495-9944 ou via le réseau Admission au 1-855-790-1245 (www.admission.com)

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