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25 ans après Polytechnique: la douleur est encore vive

Photo: Archives TC Media

Vingt-cinq ans après les tragiques événements de Polytechnique, la douleur est encore vive pour les victimes et leurs proches. Si certains vivent avec la crainte constante que le souvenir des 14 femmes tuées s’estompe avec le temps, d’autres ont choisi de se battre pour le contrôle des armes à feu.

À l’approche de la journée qui marquera les 25 ans de la tragédie, L’Express s’est entretenu avec Sylvie Haviernick, dont la sœur Maud est tombée sous les balles de Marc Lépine et Heidi Rathjen, une survivante de la fusillade.

Les deux femmes en avaient long à dire sur l’événement qui a complètement changé leur vie.

Douloureux souvenirs
Sylvie Haviernick se souvient de la journée fatidique comme si c’était hier.

«Je revenais à la maison après une journée de travail bien remplie, quand j’ai entendu la nouvelle à la télé. J’habitais avec l’une de mes sœurs. Je lui ai immédiatement demandé si elle avait eu des nouvelles de Maud», se remémore-t-elle.

Maud Haviernick, victime de Polytechnique.
Maud Haviernick, victime de Polytechnique.

Sans nouvelles de leur sœur, les deux femmes ont entrepris des recherches. «On a téléphoné dans tous les hôpitaux, en espérant qu’ils aient admis Maud», raconte Mme Haviernick.

Quelques heures après la fusillade, la famille de Maud s’est résignée à se rendre à Polytechnique, où la direction conviait, via les médias, les familles toujours à la recherche d’étudiantes.

«On est arrivés autour de 20h. L’ambiance était incroyablement lourde. Nous étions entassés dans un petit local, avec d’autres parents de victimes, à retenir notre souffle chaque fois que les policiers entraient dans la pièce. On savait bien qu’ils n’étaient pas porteurs de bonnes nouvelles.»

La mauvaise nouvelle est finalement tombée. «On se doutait que ça finirait comme ça, mais on continuait de croire au miracle au fond de nous, affirme-t-elle. Ça a été un gros choc.»

Mme Haviernick se souvient d’avoir vécu difficilement les années qui ont suivi le décès de sa sœur, qui était sur le point de terminer ses études en génie des matériaux. «On n’est jamais aussi seule que lorsqu’une chose comme ça nous arrive. J’étais en mode survie», décrit-elle.

La peur de l’oubli
Depuis qu’elle a perdu sa soeur, Sylvie Haviernick se bat quotidiennement pour que les gens se souviennent de la tragédie.

«L’oubli, c’est vraiment ce qui serait le plus douloureux. Je veux que cet événement entre dans l’histoire. C’est ma mission. Appeler ça «la tuerie de Polytechnique», ça ne rend pas justice à l’histoire. De la même manière que le 11 septembre 2001 est lié à jamais à New York, le 6 décembre 1989 devrait être intimement lié à Montréal», croit-elle.

Survivante
Heidi Rathjen, qui était étudiante en génie civil à Polytechnique lors des événements de 1989, a survécu à la tuerie et en garde de lourds souvenirs.

Lorsque Marc Lépine est entré armé dans l’école, Mme Rathjen était assise en cours, son dernier avant la période d’examens. Elle se trouvait sur l’un des étages qui a été pris d’assaut par le tireur. «Je n’ai rien vu, mais j’ai tout entendu. J’ai juste eu le temps de me cacher. C’est une chance d’être encore vivante. Je pense souvent au fait que j’aurais pu être l’une des victimes.»

Depuis, Heidi Rathjen a choisi de se battre pour un meilleur contrôle des armes à feu. Avec ses collègues de l’organisme «Poly se souvient», elle a récemment exhorté les Canadiens à s’insurger contre le nouveau projet de loi du gouvernement Harper, qui vise à affaiblir le contrôle des armes.

«La loi sur le contrôle des armes est aujourd’hui plus faible qu’elle ne l’était au moment de la fusillade, estime-t-elle. En plus de l’abolition du registre des armes d’épaule, les vendeurs n’ont plus à vérifier la validité du permis d’un acheteur, les marchands d’armes n’ont plus à tenir de registre de leurs ventes, et les armes d’assaut, conçues pour tuer des humains, sont de plus en plus accessibles. C’est inacceptable», conclut l’ingénieure.

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