Le Quinze40 menacerait la qualité de l’air selon la Santé publique

L’augmentation de la circulation automobile qu’entraînerait le mégaprojet immobilier Quinze40 représenterait un danger pour les personnes souffrant de troubles respiratoires et risquerait de multiplier les cas de bronchites et d’hospitalisations chez les aînés, avertit la santé publique de Montréal.

Le docteur Louis Drouin de Direction de la santé publique de Montréal (DSP) qualifie «d’endroit chaud» le secteur de l’échangeur Décarie, en se référant à des études menées par l’Université McGill sur les niveaux d’oxyde d’azote dans la métropole.

«Le dioxyde d’azote est un irritant pour les voies respiratoires et il risque d’augmenter les cas de bronchite et d’hospitalisation chez les aînés, tranche Louis Drouin. Cela représente aussi un danger pour les asthmatiques, les cardiaques, les femmes enceintes ainsi que les personnes souffrant de problèmes respiratoires.»

L’idée de l’ancienne mairesse de Mont-Royal, Vera Danyluk, d’installer un centre pour personnes âgées au bord de l’autoroute métropolitaine avait été fortement critiquée par la DSP, qui estimait en 2006 que les risques d’hospitalisation de ses éventuels occupants auraient pu augmenter de 20 %, ajoute le Dr Drouin.

Médecin généraliste, Christiane Laberge abonde dans le même sens et confirme que la «pollution et le smog causent des irritations pulmonaires et entraînent le rétrécissement des voies respiratoires» chez toutes les personnes, et ce, peu importe leur âge.

Une question de vents
La question inquiète d’autant plus que le Réseau national de surveillance de la pollution atmosphérique (RNSPA) a déjà pointé du doigt la qualité de l’air du secteur. L’organisme qui détient une station de mesure de la qualité de l’air à la hauteur de l’échangeur Décarie indique dans son bilan de 2013 que ce lieu est deuxième sur la liste des endroits à Montréal produisant le plus d’oxyde d’azote et de monoxyde de carbone.

De plus, les vents qui y soufflent ont tendance à se déplacer de l’ouest vers l’est, c’est-à-dire du secteur industriel vers les quartiers résidentiels. Métérologue à Environnement Canada, Marc Cantin confirme que depuis 30 ans, au moins 45 % des vents soufflent vers l’ouest plutôt que vers un autre point cardinal. Toutefois, il nuance le portrait en précisant que la concentration de particules polluantes diminue à chaque 100 mètres, donc plus les résidences sont éloignées, moins elles sont exposées.

Congestion
Récemment, le conseiller de Snowdon et vice-président du conseil d’administration de la STM, Marvin Rotrand, estimait pour sa part, que ce mégacentre pourrait amener dans le secteur un minimum de 24 000 voitures par jour, s’il vient à attirer une clientèle proportionnelle à celle du Dix30.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) confirme que l’échangeur Décarie, aux abords duquel on souhaite construire le Quinze40, est déjà le deuxième secteur routier le plus achalandé de Montréal, après l’échangeur Turcot. Il possède un débit journalier moyen de 280 000 automobiles, selon le MTQ.

Lors de récents conseils de ville, le maire de Mont-Royal, Philippe Roy, s’est voulu rassurant; il a répété que le Quinze40, bâtit à proximité des stations de métro Namur et De la Savane, ne serait pas uniquement accessible par automobile.