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Une survivante de 106 ans raconte le génocide arménien

Photo: (Karina Sanchez/TC Media)

Knar Bohdjelian Yemenidjian, une résidente centenaire de Ville Mont-Royal, a survécu au génocide arménien qui s’est déroulé de 1915 à 1917 en Turquie.

Le conflit a éclaté lorsqu’elle avait six ans dans un pays dirigé par des nationalistes musulmans. Les Arméniens étaient persécutés en raison de leurs croyances chrétiennes.

«On nous a amenés dans un village», explique Mme Yemenidjian avant de s’interrompre abruptement. En raison de son âge, sa mémoire fait parfois défaut. Son fils, Hovsep, poursuit le récit que sa mère lui a souvent raconté.

«Un Turque militaire, ami de mes parents, a aidé ma famille à se réfugier dans une grange à l’extérieur de la ville de Kayseri», explique-t-il. La famille, composée de cinq personnes, a cohabité avec des chèvres et d’autres animaux dans une étable. «Sa tête lui piquait parce qu’elle était infestée de poux et elle suppliait souvent sa mère de lui donner à manger, ne serait-ce qu’un morceau de pain moisi», ajoute consternée sa petite-fille Naïry.

Durant leur exil, Mme Yemenidjian se souvient que la typhoïde, une fièvre presque mortelle a frappé sa famille. «Quand ils sont finalement retournés à leur maison, plusieurs amis et voisins avaient disparu, poursuit Hovsep. L’église à proximité avait été détruite ».

Un nouveau départ
Malgré l’apaisement du conflit, les Arméniens étaient toujours intimidés par la majorité musulmane. La famille de Mme Yemenidjian a alors émigré à Istanbul pendant quelque temps avant de s’installer en Égypte.
Là-bas, elle a rencontré son époux, un expatrié arménien de la Turquie, qui a perdu notamment sa sœur durant le génocide. Ils ont eu deux enfants ensemble, dont Hovsep.

«Durant les années 50 à 60, des tensions religieuses entre les Égyptiens et les Israéliens minent le pays, explique Hovsep. Alors que l’Europe appuie Israël durant ces conflits, les Arméniens-Turques, perçus comme des Européens, sont victimes d’intimidation. Mes parents décident donc d’immigrer à Montréal en 1971, une ville recommandée par des amis ».

Négation du génocide arménien
Le génocide arménien demeure un évènement controversé au sein de la Turquie. Le journaliste arménien, Hrant Dink, a été tué en 2007 alors qu’il était la proie de menaces d’ultranationalistes Turques. M. Dink était l’un des premiers journalistes à dénoncer la négation du génocide arménien dans le journal « Agos ». Entre 100 000 et 200 000 personnes sont descendues dans les rues d’Istanbul pour ses funérailles. «Le gouvernement a reconnu que des meurtres ont été commis, mais il évite de parler de génocide, du nombre de personnes assassinées et des causes réelles du conflit », croit Hovsep. Près de 1,5 million d’Arméniens seraient morts durant le génocide.

Commémoration mondiale et locale
Pour commémorer le 100e anniversaire du génocide arménien, une initiative mondiale intitulée «100 lives», a été lancée en mars à New York. Des activités sont prévues durant toute l’année pour souligner les impacts du génocide et la résilience des survivants.

La communauté arménienne du Canada prévoit une marche sur la colline parlementaire, le 24 avril, ainsi qu’une marche pour la prévention des génocides, à Montréal, le 3 mai prochain.

 

Pour plus d’informations concernant les activités locales: www.goo.gl/xHdkUO.

 

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