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Traitements contre le cancer: moins de médicaments accessibles aux Québécois

Intravenous IV drip Photo: Getty Images/iStockphoto

Plusieurs oncologues et organismes du milieu de la santé dénoncent la lenteur du processus d’évaluation des médicaments au Québec qui empêche les patients d’avoir accès à des traitements efficaces qui sont pourtant disponibles dans le reste du Canada.

L’hémato-oncologue et résident de Ville de Mont-Royal, Alain Bestavros, s’indigne de se retrouver devant une patiente sans avoir le loisir de lui prescrire le médicament le plus efficace pour sa condition.

«C’est un sentiment de frustration immense, souligne-t-il. Je suis redevable envers les patientes qui sont devant moi. C’est très difficile de leur annoncer que d’autres médicaments, qui pourraient prolonger leur vie, sont disponibles ailleurs au Canada, mais pas ici.»

La Coalition Priorité Cancer au Québec déplore notamment que le Kadcyla, qui traite le cancer du sein métastatique, ne soit pas disponible dans la province alors que le médicament est vendu dans le reste du Canada, aux États-Unis ainsi que dans l’Union européenne.

Système indépendant au Québec
Une fois approuvés par Santé Canada, les médicaments doivent ensuite être évalués par les provinces. Dans toutes les provinces canadiennes, sauf le Québec, cette évaluation se fait sous le Programme pancanadien d’évaluation des médicaments oncologiques (pCODR).

Au Québec, c’est l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) qui détermine si le régime d’assurances médicaments du Québec (RAMQ) les paiera. L’INESSS fait ses analyses en fonction de plusieurs critères, tels que la valeur thérapeutique, la justesse du prix et le rapport entre le coût et l’efficacité du médicament.

«Les critères de notre système indépendant nous font souvent prendre du retard et on parle parfois de plusieurs mois d’attente», soutient le Dr Bestavros.

À titre d’exemple, Santé Canada approuvait en 2013 le Perjeta pour traiter une forme du cancer du sein particulièrement agressive et difficile à traiter. Quatre mois plus tard, il était disponible au Canada contrairement au Québec qui a attendu plus d’un an et demi pour le prescrire.

Problème de coûts
Des médicaments ne sont pas parfois pas disponibles ici parce qu’ils sont jugés trop coûteux par l’INESSS. Dr Marie Florescu, hémato-oncologue au CHUM, aussi résidente de Ville de Mont-Royal, trouve contradictoire que l’on encourage les gens à ramasser de l’argent pour la recherche, mais que lorsque des nouvelles molécules sont découvertes, elles ne soient pas disponibles au Québec parce qu’elles sont trop coûteuses.

Selon les oncologues rencontrés par TC Media, la solution au problème du coût réside dans les ententes avec les compagnies pharmaceutiques.

«N’importe quelle compagnie pharmaceutique va préférer faire des ententes avec les provinces plutôt que de ne pas vendre son produit», souligne Mme Florescu, précisant que le gouvernement du Québec a récemment fait un pas en ce sens avec le projet de loi 28.

Le Québec est ainsi devenu membre de l’Alliance pancanadienne pharmaceutique (APP) depuis août et négocie depuis des ententes confidentielles avec les entreprises pharmaceutiques pour obtenir des rabais sur les coûts des médicaments.

«À ce jour, quelques ententes ont été conclues par le Québec», assure Mme Vanheuverzwijn du ministère de la Santé et des Services sociaux, assurant que le ministère travaille afin que les personnes aient accès aux médicaments nécessaires à leur condition de santé.

Selon Nathalie Rodrigue, présidente de la Coalition Priorité Cancer au Québec et de l’ordre des technologistes médicaux du Québec, et les hémato-oncologues interrogés par TC Media, les effets du projet de loi 28 se font toujours attendre.

C’est pourquoi l’Association féminine d’éducation et d’action sociale, organisme membre de la Coalition Cancer, remettra cette semaine, une lettre au ministre de la Santé, Gaétan Barrette, exigeant qu’il redouble d’efforts en rendant disponibles certains médicaments pour lutter efficacement contre les cancers qui touchent les femmes.


Selon Statistiques Canada, en 2015, au Québec

25 200 femmes et 24 900 hommes recevront un diagnostic de cancer.
Plus de 21 000 Québécois perdront la vie des suites d’un cancer.
Au Canada, 196 900 Canadiens recevront un diagnostic de cancer cette année.

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