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BACA: des motards à la défense des enfants victimes d’abus

Photo: Vanessa Limoges / TC Media

Vêtus de cuir de la tête aux pieds, les membres de Bikers against child abuse (BACA) ont tout ce qu’il faut pour intimider le commun des mortels. Pourtant, ces motards utilisent cette image «négative» pour une raison tout à fait surprenante: «rassurer les enfants victimes d’abus».

Fondé en 1995 en Utah par John Paul «Chief» Lilly, le mouvement BACA s’est répandu dans une dizaine d’États américains et dans sept provinces du Canada. Le chapitre de Montréal est le premier au Québec.

«Nous savons que plusieurs services existent déjà pour les enfants victimes d’abus, soutient CCRider, le fondateur de la branche montréalaise. Mais nous sommes les seuls qui vont se déplacer si un enfant appelle à 3h du matin, terrorisé par des expériences du passé. Nous allons passer la nuit devant la maison si ça peut le sécuriser et l’aider à dormir.»

Lorsque BACA prend un enfant sous son aile, deux membres de l’organisation lui sont assignés. Selon les besoins de l’enfant, les motards peuvent le visiter chez lui ou l’accompagner au palais de justice.

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À droite, CCRider, le fondateur de la branche montréalaise.

«Souvent, les enfants qui se retrouvent devant la cour pour témoigner d’un abus ne racontent pas tout ce qu’ils voudraient parce qu’ils ont peur des représailles. Nous les accompagnons pour les rassurer et les encourager à témoigner.»

Le fondateur du chapitre montréalais a lui-même été victime d’abus à l’âge de 13 ans. «J’aurais dû en parler, mais par crainte de représailles, par honte, je ne l’ai pas fait», se souvient-il.

Une question d’image
Avec leur allure de durs à cuire et leur imposante moto, il est difficile pour les membres de BACA de ne pas attirer les regards lorsqu’ils décident de se réunir dans une rue de Montréal.

«C’est ce qui fait que ça fonctionne, l’image intimidante des bikers, soutient CCRider. Si nous étions des joueurs de golf, ça ne ferait pas le même effet.»

Selon l’organisation, leur simple présence auprès d’un enfant peut décourager un abuseur. «Quand tu nous vois, tu n’as pas envie de passer à travers nous», lance-t-il.

Tous les membres de BACA utilisent des «noms de route» pour protéger leur identité, leur sécurité et celle de leurs proches.

L’admission
Pour faire partie de la branche montréalaise, les antécédents judiciaires des 31 membres de BACA ont été vérifiés et leurs empreintes digitales ont été prélevées.

«Cela prend un an avant de devenir officiellement membre, nous devons aussi suivre une formation de dix mois, explique Flycat, rider et agent immobilier à Outremont. Pour apprendre à agir adéquatement avec les enfants victimes d’abus et désamorcer certaines situations.»

Bien que les 31 membres se disent prêts, BACA n’est encore intervenu auprès d’aucun enfant au Québec.

«Les corps policiers de la grande région de Montréal et les différents services sociaux qui interviennent auprès des enfants ont été approchés par l’organisation, explique Flycat. Et nous allons continuer jusqu’à ce qu’ils nous confient un premier jeune.»

Les autorités approchées jusqu’ici ont répondu à l’appel «avec scepticisme». Les membres de BACA devront d’abord gagner leur confiance pour être mis en relation avec des enfants victimes d’abus.

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