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Caméras au SPVM: la confiance d’intervenir

Photo: Archives

Alors que la Ville de Montréal présentait le 18 mai son projet pilote de caméras corporelles sur les policiers, une étude de l’Université de Montréal (UdeM) démontre que ces dernières pourraient contribuer à protéger la réputation des agents lors des interventions en présence de caméras citoyennes.

«De nos jours, n’importe qui peut filmer avec son cellulaire un incident où un policier intervient, puis diffuser les images sur les réseaux sociaux, explique Samuel Tanner, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Cela permet à un très grand nombre d’individus de surveiller une minorité.»

Dans une situation où ils risqueraient d’être filmés par des passants, environ un tiers des policiers ressentiraient un stress supplémentaire dans l’exercice de leurs fonctions, et plusieurs d’entre eux refuseraient d’intervenir afin d’éviter les situations fâcheuses.

Ce phénomène, appelé l’«effet FIDO», pour Fuck it, drive on, serait exacerbé chez les jeunes policiers. Ces derniers auraient moins tendance à faire confiance à leur capacité d’analyse lors d’arrestations en public, afin notamment de réduire le risque de plaintes.

Renverser la vapeur
Le chercheur en criminologie de l’UdeM, Samuel Tanner, a mené en 2013 une enquête ethnographique de quatre mois après de 51 policiers en Amérique du Nord.

Dans les entrevues, tous les policiers ont affirmé avoir été filmés au moins une fois durant une intervention. Plusieurs d’entre eux ont déclaré un manque de soutien de la part de leur organisation, en plus de dénoncer l’absence de réglementation claire.

«Certains policiers se sont prémunis de caméras sur une base volontaire afin d’améliorer leur situation. Ils ont rapporté que cet outil les aidait dans leurs interventions, notamment en faisant diminuer la tension et en disciplinant un peu plus tout le monde», soutient M. Tanner.

Les agents voient aussi un moyen de pouvoir rétablir leur réputation avec ses caméras.

La Fraternité des policiers de Montréal, appelée à commenter l’étude par TC Media, a affirmé qu’aucun cas de non-intervention en raison de la présence de caméra citoyenne ne leur avait été rapporté. «Les policiers savent qu’ils sont filmés et sont habitués de travailler dans un tel environnement, lequel est devenu la norme», indiqué Martin Desrochers, directeur des communications.

La Ville de Montréal a annoncé le 18 mai qu’une soixantaine d’agents du SPVM des unités métro et circulation-sud seraient équipés de caméras corporelles pour une première phase d’un projet-pilote qui se déroulera tout au long de l’été.

M. Tanner a refusé de commenter directement l’implantation du projet pilote de la Ville de Montréal. Il siège lui-même au comité d’évaluation.

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