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Une joueuse d’ici à la conquête des ligues universitaires américaines

« Le billet d’avion est acheté pour le 2 août, la paperasse est réglée, le test d’anglais obligatoire est réussi, je suis prête à partir! », affirme Miléna Derougeur. Photo:

Dans quelques jours, Miléna Derougeur quittera Pointe-aux-Trembles en direction des États-Unis,  bourse complète en poche. L’athlète de 19 ans s’est fait remarquer par les recruteurs de l’équipe de soccer de l’Université Campbellsville, au Kentucky, qui lui déroulent le tapis rouge.

La bourse obtenue couvre toutes ses dépenses pour la durée de ses études, soit une valeur d’environ 50 000$ par année. « Je n’aurai qu’à payer les assurances-santé et le billet d’avion: je suis vraiment chanceuse! Surtout que les études sont très chères là-bas, s’exclame-t-elle. Ça s’est fait tellement vite, mais je me lance! »

La chance a cependant peu à y voir, selon Frederico Moojen, qui organise un Camp annuel de repêchage d’universités américaines et canadiennes depuis 2012, auquel a participé la pointelière à 3 reprises. « C’est une joueuse avec une technique remarquable, qui a travaillé très fort. Elle est  très intelligente, avec une bonne vitesse. Elle va aider beaucoup l’université. »

Les recruteurs de l’université américaine n’ont pu être présents lors du dernier camp, qui s’est déroulé au début juin « mais lorsqu’ils m’ont appelé pour me dire qu’ils étaient à la recherche d’une joueuse avec ce profil, j’ai tout de suite recommandé Miléna », affirme l’ancien joueur de l’Impact de Montréal.

La jeune sportive a ensuite fait parvenir des extraits vidéo de ses performances, qui ont convaincu les décideurs.

Une ascension rapide

La sympathique athlète, qui évolue à la position de défenseur latéral droit, a fait ses débuts officiels à Rosemont, à l’âge de 12 ans. « Je jouais alors dans le U12A, puis, super rapidement, je suis allée dans le U13AA, et j’ai été appelée pour faire les Jeux du Québec à Shawinigan en 2012 », où son équipe a raflé l’or en division 2.

Sa progression s’est poursuivie avec Repentigny, au niveau U14AAA. « Je suis vraiment rentrée dans le bain du compétitif avec Repentigny, avec qui j’ai obtenu l’argent aux championnats canadiens en 2014. C’est là que j’ai vraiment goûté la vie de joueuse de soccer, c’est là que j’ai su que j’avais envie de faire ça toute ma vie.»

Elle s’est alors jointe à un programme de sports-études, dès son secondaire 3. «  Je me suis améliorée rapidement, alors les entraîneurs m’ont envoyée faire les essais avec le Centre National de Haute Performance (CNHP) », un programme sports-études regroupant les meilleurs espoirs québécois auquel elle s’est joint en secondaire 4.

Elle évoluera dorénavant dans la National Association of Intercollegiate Athletics, l’une des principales ligues élite universitaires américaines, une ligue « beaucoup plus forte que les ligues canadiennes, avec plus de moyens financiers », selon Frederico Moojen.

Une nouvelle vie

Ce nouveau départ en pays étranger enthousiasme la jeune femme. « Ce qui m’excite le plus, c’est de ne dépendre de personne sauf moi-même, m’occuper de mes affaires, entrer dans la vie d’adulte. »

L’horaire des sportifs des ligues universitaires est chargé, avec des pratiques quotidiennes qui s’ajoutent aux charges normales du parcours académique. « Mais ce n’est pas quelque chose qui me fait peur, parce que tout mon secondaire, j’ai été là-dedans, assure Miléna Derougeur. Avec le CNHP, j’avais des cours le matin, puis des pratiques à Laval dans l’après-midi, je rentrais ensuite souper à Pointe-aux-Trembles, et j’avais des pratiques le soir avec Roussillon, le club sur la rive-sud avec qui j’ai commencé à jouer après Repentigny. »

Loin de ses parents qui l’ont toujours épaulée, la seule crainte de la nouvelle recrue des Tigers concerne l’accueil qui lui sera réservé par ceux qui sont appelés à devenir sa seconde famille. « C’est quand même une différente culture, différentes personnes. Est-ce qu’ils vont se dire qu’ils ne veulent pas me parler? C’est plus ça que j’appréhende », avoue-t-elle.

Les pieds sur terre

La jeune sportive soutient sauter dans l’aventure sans aucune attente, bien consciente qu’il y a peu d’élues qui réussissent à faire carrière en tant que joueuse professionnelle.

Elle compte d’ailleurs mettre beaucoup d’efforts sur les études qu’elle y entamera en communication et relations publiques. « C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. J’ai envie de devenir directrice des communications pour une compagnie que j’aime », une ambition qui lui vient de la piqûre qu’elle a eu pour la gestion d’équipe lorsqu’elle occupait le poste de superviseur au Tim Horton’s de Pointe-aux-Trembles.

Une prudence qui rassurera sa mère, « très heureuse, mais très très nerveuse de la voir partir », qui l’accompagne de terrain en terrain depuis la 6e année. « Entre elle et son frère, les matchs et les pratiques, certaines semaines, nous n’étions qu’une seule soirée à la maison! »

Des sacrifices qui auront valu la peine, si l’on se fie aux lueurs de fierté qui illuminent ses yeux lorsqu’elle regarde sa fille.

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