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Une « déterreuse d’histoires » s’installe à Pointe-aux-Trembles

L’auteure Sylvie Brien, qui se décrit comme une « déterreuse d’histoires », vient d’aménager à Pointe-aux-Trembles. Son 20e roman, Aziza la gavée est parue en novembre dernier. Ce livre raconte l’histoire d’une jeune orpheline, qui est gavée afin de devenir énorme, un critère de beauté dans son pays natal.

« Elle était si belle que son chameau ne pouvait la soulever », dit le dicton maure. Mme Brien s’est intéressée au sort des fillettes gavées en Mauritanie à la suite d’un reportage sur les ondes de Radio-Canada. « Ce sont des enfants martyrs. Elles sont torturées pour les forcer à boire du lait. Si elles vomissent, elles doivent boire ce qu’elles ont rejeté. Elles sont tellement gavées qu’elles en meurent parfois lorsque leurs estomacs explosent », raconte l’auteure.

« Aziza c’est avant tout, une histoire de bonheur. Tout au long du récit, elle rencontrera des gens, qui vont l’aider », explique Mme Brien. Pour écrire ce roman, l’écrivaine a pris un an et demi et beaucoup de recul. « J’ai laissé dormir le manuscrit une dizaine de fois. C’était difficile émotivement et je ne voulais pas qu’on sente le jugement occidental. C’est Aziza qui raconte son histoire alors, je voulais que ce soit selon sa perception à elle », explique l’auteure.

Malgré tout, Aziza et Mme Brien ont des points en commun. Comme son personnage, l’auteure se décrit comme une battante et toutes deux ont été adoptées et ont recherché leur mère. « Nous avons tous un talent naturel et il faut le rechercher, c’est aussi ce que raconte le roman », assure Mme Brien.

« Aziza est un beau cadeau à offrir, c’est un livre bouleversant. Il s’adresse à tous, autant les adolescents que les adultes, mais je ne le recommanderais pas aux moins de 11 ans, à cause de la nature de son contenu », estime l’auteure, qui est invitée dans les écoles primaire, secondaire et les CÉGEPS pour présenter son livre.

Bien qu’Aziza la gavée ne soit disponible qu’au Québec et sur Internet, l’auteure a déjà reçu des échos d’Europe et surtout d’Afrique. Elle raconte qu’en Mauritanie, l’endroit où se déroule le récit, le roman a fait beaucoup parler dans les milieux politiques.

« Après le reportage et Aziza, beaucoup de choses ont bougé en Mauritanie. Les romanciers ont une responsabilité sociale. La seule chose qui peut faire changer les choses, c’est l’éducation. Il est important que nous divulguions des faits cachés », ajoute-t-elle.

Exposition 100 ans de Gallimard au Québec

Pour en savoir plus sur Mme Brien, les citoyens peuvent se rendre au hall de la Grande Bibliothèque, où l’exposition 1911-2011 : Gallimard — un siècle d’édition — 100 ans d’une aventure éditoriale et d’échanges avec le Québec est présentée jusqu’au 19 février. Seulement 27 auteurs québécois ont été publiés chez Gallimard. « C’est très flatteur d’être publié par cette prestigieuse maison d’édition et ça ouvre des portes à travers la francophonie », déclare Mme Brien.

L’auteure a publié cinq livres chez Gallimard. Ses plus connus sont Les templiers du Nouveau Monde, Les enquêtes de Viérine Maltais et Spirit Lake. Ce dernier sera porté au grand écran par le cinéaste Roger Cantin. Inspiré de faits réels, il raconte l’histoire d’un jeune Ukrainien de 14 ans interné dans un camp de détention abitibien pendant la Première Guerre mondiale. « Dans ce camp, il y avait des hommes, des femmes et aussi des enfants. C’est le genre de réalité, qui ne se retrouve pas dans les livres d’histoire. Avec les années, ça devient une légende. C’est pour cela qu’il faut déterrer ces histoires, pour la mémoire collective », juge Mme Brien.

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