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Condamné à vivre de l’aide sociale: le combat de Jacques Belley

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Jacques Belley a perdu une partie de ses pieds dans un incendie lorsqu’il était âgé d’à peine un mois et demi. Aujourd’hui, il se bat contre le système afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.

Son défi: faire vivre une famille de quatre personnes avec un budget de 1200$ par mois. Une réalité avec laquelle le jeune père de famille handicapé de Pointe-aux-Trembles doit vivre depuis de nombreuses années.

«Les médecins ont dû amputer mes orteils et une partie de mes talons, explique-t-il. J’ai eu une enfance particulièrement difficile. J’ai dû m’absenter de l’école à de nombreuses reprises, car je devais souvent subir des opérations.»

En effet, un total de 35 chirurgies ont été nécessaires afin de rendre les pieds de M. Belley, fonctionnels.

«Je suis capable de me déplacer, mais c’est très difficile. Je ne peux pas rester debout pendant de très longues périodes de temps, car je souffre d’ulcères de pression récidivistes qui m’empêchent de marcher lorsqu’elles apparaissent», confie-t-il.

Deux médecins, deux avis
Famille BelleyIncapable de travailler, M. Belley tente sans succès d’obtenir de l’aide de la part du gouvernement depuis des nombreuses années.

«En 2003, un médecin a fait une évaluation et a conclu que j’étais invalide. Nous avons fait les démarches pour avoir droit à une rente d’invalidité. Ma demande a été rejetée par la Régie des rentes du Québec, raconte le jeune père de famille. Onze ans plus tard, soit en 2014, j’ai consulté un autre médecin. Cette fois-ci, il m’a donné un diagnostic complètement différent. Selon lui, je suis en mesure de travailler.»

M. Belley, qui déplore l’incohérence dans le système de santé, s’est alors tourné vers le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) afin de suivre une formation pour intégrer le marché du travail.

«Je suis allé rencontrer une agente d’Emploi Québec à mon centre local d’emploi. Elle m’a dit que je n’avais pas le droit de suivre la formation financée par le gouvernement, car j’avais déjà trop d’expérience sur le marché du travail. Mais je n’ai pas eu le choix de travailler quand le gouvernement a refusé de m’accorder ma pension d’invalidité», signale le Pointelier.

M. Belley qui a œuvré quelques années dans des centres d’appels, explique qu’il n’a pas pu continuer. Il s’agissait d’emplois «très instables».

«Il ne faut pas oublier que je suis un handicapé. S’il y avait des mises à pied à faire, c’est tout le temps moi qui partais en premier. Maintenant, quand je passe des entrevues, on ne me rappelle jamais, car je ne suis pas qualifié. C’est très frustrant. J’ai deux enfants à nourrir et je ne vois pas comment je vais pouvoir m’en sortir.»

En mode survie
M. Belley, qui habite dans un logement à prix modique de Pointe-aux-Trembles, bénéficie de prestations d’aide sociale. Sa conjointe souffre de dépression sévère et est, à son tour, incapable de travailler.

«J’aimerais pouvoir offrir une meilleure vie à mes enfants. Nous avons de la difficulté à y arriver chaque mois, car nous avons très peu d’argent. J’aimerais m’en sortir, travailler, avoir un boulot payant avec lequel je vais pouvoir subvenir aux besoins de ma famille, mais le gouvernement nous tourne le dos. J’ai l’impression que nous sommes condamnés, comme beaucoup d’autres citoyens, à vivre de l’aide sociale pour le restant de nos vies», martèle M. Belley.

Des ressources pour les prestataires de l’aide sociale
À Montréal, près de 78 000 personnes reçoivent présentement des prestations d’aide sociale un chiffre que le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) tente de réduire.

«Nous ne pouvons pas commenter des cas particuliers comme celui de monsieur Belley, mais il y a des outils et des ressources à la disposition de tous les citoyens pour trouver des solutions et s’intégrer dans le marché du travail», explique David McKeown, porte-parole du MESS.

Il indique que tous les citoyens sans emploi sont éligibles au programme de formation financé par Emploi Québec.

«La meilleure chose à faire, est de rencontrer un agent qui pourra orienter la personne qui souhaite être admissible au programme, indique le porte-parole. Par contre, ce ne sont pas toutes les formations qui sont offertes. On priorise celles qui sont en demande au Québec afin de combler des postes et que le plus de gens puissent commencer à travailler rapidement.»

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