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Le chemin vers la réussite d’un immigrant italien

Photo: Romain Schué/TC Media

Arrivé à Montréal il y a près de 50 ans, Joseph Paventi a fondé une entreprise qui génère chaque année plusieurs dizaines de millions $ de chiffre d’affaires à travers le monde. Le patron de JPMA Global, qui réalise des présentoirs pour magasins, a construit son succès entre Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies.

Installé dans le vaste bureau de son siège social à RDP, devant de nombreuses photos mêlant sa jeunesse et ses 11 petits-enfants, Joseph Paventi, 75 ans, caresse sa moustache bien taillée et sourit.

Alors qu’un ordinateur ouvert, deux mètres plus loin, évoque les évolutions du jour de la bourse, il préfère se montrer énigmatique.

Le chiffre d’affaires annuel de son entreprise ? «Entre 50 et 100M$», répond celui qui est arrivé à Montréal, en provenance de la région de Molise dans le sud de l’Italie, «les poches trouées et les chaussettes percées».

«C’était le 27 mars 1960, je n’ai rien oublié, confie-t-il. J’étais malade comme un chien. Durant les sept jours de bateau, entre Naples et Halifax, j’ai passé mon temps à vomir. C’était l’agonie.»

Il rêve d’Amérique
Benjamin d’une fratrie de quatre enfants, Joseph Paventi grandit dans une Italie qui se reconstruit difficilement, quelques années après la Seconde Guerre mondiale. Fils d’agriculteurs, «ni riche ni pauvre», l’adolescent rêve alors d’un avenir lointain.

«J’ai vu la misère. Des familles venaient travailler dans la ferme pour récupérer du lait et de la nourriture, se souvient-il. Je voulais partir, je ne voyais pas de futur chez moi.»

Accompagné par ses parents qui feront ensuite le voyage inverse, il traverse l’Atlantique à 18 ans pour rejoindre un continent déjà fréquenté par une partie de sa famille paternelle.

IMG_2781«Je me suis adapté par la force»
Installé dans Ahuntsic, le jeune italien enchaîne les cours du soir pour devenir ingénieur en métallurgie et les petits boulots dans les champs. «Je gagnais 16 pièces par semaine, c’était le prix de ma chambre et de ma nourriture. Il ne me restait rien, je ne pouvais même pas acheter un cigare», plaisante-t-il, quelques décennies plus tard.

Mais le rêve se rapproche du cauchemar. Avec un français encore approximatif et un anglais inexistant, «je n’arrivais pas à parler, on me prenait pour un con», explique-t-il, encore marqué.

«C’était la déception de ma vie. J’ai failli rentrer, mais je n’avais pas d’argent. Je me suis donc adapté par la force», révèle celui qui a ensuite fait venir sa jeune fiancée d’Italie.

En avril 1968, sa vie prend une nouvelle tournure. «Sur un coup de tête», il démissionne de son emploi de soudeur puis débute à son compte dans le sous-sol de son appartement à Montréal-Nord.

«On venait d’avoir notre quatrième enfant, c’était un peu risqué, rigole-t-il. J’ai vraiment travaillé, ce n’était pas un party toujours les jours.»

Une firme internationale
L’année suivante, il s’installe sur la 6e avenue à Rivière-des-Prairies. Avec une petite dizaine d’employés, il confectionne des supports de meubles et se fait un nom. Près d’un demi-siècle plus tard, JPMA Global compte près de 400 personnes et rayonne à l’international avec des bureaux à Paris, New York, en Chine et bientôt en Angleterre.

«Je suis arrivé comme un migrant, sans maîtriser la langue, mais j’ai travaillé sérieusement», explique le patron et fondateur de cette société dans laquelle ses enfants et gendres sont également impliqués.

«Disons que j’ai réussi, mais je ne lâche pas. Il ne faut jamais lâcher. Lorsqu’on est rendu haut, il faut toujours être en garde. Si on tombe, la chute fera encore plus mal», reprend-t-il, avant d’évoquer son propre avenir.

«La retraite ? Mais l’âge, ce n’est qu’un nombre, sourit-il. Le plus important, c’est ce qu’on a encore dans le cœur. Mais c’est vrai, c’est plus fatiguant. Beaucoup de choses ont changé. Moi, je suis habitué au bon sens, à la poignée de main. Maintenant, il y a la bureaucratie et des politiques qui disent nous rendre la vie plus facile. Mais avec leurs règlements, c’est le contraire.»

Le téléphone sonne. Joseph Paventi répond en anglais. Lui aussi a bien changé depuis son arrivée à Montréal.

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