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Des élèves abandonnés dans le froid par la STM

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Plusieurs fois par semaine, des élèves de l’est de Montréal sont abandonnés dans le froid sibérien par la Société de transport de Montréal (STM). Les nombreux retards des autobus seraient attribuables à l’hiver extrême qui frappe actuellement le Québec, clame le transporteur. La situation perdure pourtant depuis l’automne.

Une situation qui a suscité l’indignation de la mairesse Chantal Rouleau, du président de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPÎ), Miville Boudreault et du directeur du collège Saint-Jean-Vianney, Éric Deguire.

Les trois dirigeants ont d’ailleurs fait front commun en cosignant une lettre envoyée au président de la STM, Philippe Schnobb, pour demander à l’institution de corriger «le plus rapidement possible» la situation.

Quatre circuits seraient touchés par les retards et les absences des autobus. Il s’agit des lignes 86 (Pointe-aux-Trembles), 186 (Sherbrooke Est), 183 (Gouin Est) et 49 (Maurice-Duplessis).

Lors d’une entrevue réalisée jeudi à l’émission de radio Dutrizac, l’après-midi, la mairesse a fait part de son indignation.

«On nous a expliqué à plusieurs reprises que les autobus étaient restés au garage parce qu’il faisait trop froid. Imaginez les conditions que les enfants ont dû supporter à l’arrêt d’autobus. C’est inacceptable, il faut trouver une alternative pour remédier à la situation le plus rapidement possible», a déclaré Mme Rouleau.

Un sentiment partagé par Miville Boudreault, président de la CSPÎ.

«Ce n’est pas la première fois que nous avons des problèmes avec la STM au sujet du transport de nos élèves, confie-t-il. Nous souhaitons régler cette situation de façon définitive, en pensant à long terme pour que cela ne se reproduise plus.»

Problème récurrent
«Depuis le mois de janvier des nombreux parents nous ont appelé à l’arrondissement pour nous indiquer que les enfants arrivaient en retard à l’école parce que les autobus ne passaient pas, indique Sébastien Otis, attaché politique au cabinet de la mairesse. Nous avons contacté des écoles du secteur et ils nous ont confirmé qu’il s’agissait d’un problème récurrent depuis le début de l’année scolaire.»

Eric Deguire, directeur du collège Saint-Jean-Vianney, explique que l’école est mal desservie par les autobus de la STM depuis plusieurs années. Selon lui, le problème a pris de l’ampleur cette année.

Les problèmes ont commencé dès la rentrée scolaire. Durant la première semaine, les élèves n’ont pas eu droit au transport.

Bien que le transport ait été rétabli par la suite, chaque semaine, au moins un autobus qui dessert le collège ne se présente pas aux arrêts.

Lorsque l’hiver s’est installé, ce nombre est passé à quatre autobus par semaine.

«Parfois, il n’y avait qu’un autobus sur trois qui se présentait. Les jeunes devaient alors marcher 2,5 km dans le froid, sur une rue sans trottoir pour se rendre à l’école», déplore M. Deguire.

L’établissement a alors utilisé un minibus pour assurer le transport des élèves abandonnés le long de la chaussée.

«Nous avons même eu un jeune qui est allergique au froid. Il a dû marcher jusqu’au collège. Heureusement, il n’a pas eu besoin de son “Epipen”. Nous devions entreprendre des démarches pour la sécurité de nos élèves», ajoute-t-il.

Deux fois plus de bris à cause du froid

STMAmélie Régis, porte-parole de la Société de transport de Montréal (STM), a signalé que depuis le début de l’année, le nombre d’appels concernant les pannes dans les autobus à cause du froid a doublé.

«En temps normal nous recevons une soixantaine d’appels par jour pour dépanner des autobus sur la route. Depuis le mois de janvier, nous sommes beaucoup plus sollicités pour des bris affectant le démarrage, les portes et le chauffage. Ce sont tous des dommages reliés aux conditions météorologiques difficiles des dernières semaines.»

Elle ajoute que malgré l’entretien régulier effectué sur les autobus, il est impossible d’aviser les utilisateurs des absences ou des retards occasionnés par les pannes, car elles sont toujours imprévisibles.

«Les bris et les conditions météorologiques sont des éléments qui sont hors de notre contrôle, indique Mme Régis. Nous comprenons que ça peut être très frustrant pour les utilisateurs, mais à partir de cette année, nous comptons implanter le système intelligent iBus qui permettra de localiser l’ensemble des bus en temps réel.»

Manque de ressources
Incrédule de la réponse fournie par la STM, puisque le problème perdure depuis l’automne dernier, Éric Deguire, directeur du collège Saint-Jean-Vianney, a contacté directement le président de la STM, Philippe Schnobb.

«Il m’a expliqué qu’en réalité, la STM manque d’argent pour entretenir les autobus et qu’elle aurait besoin d’une quinzaine d’autobus de plus, raconte M. Deguire. Il m’a dit qu’il essaie de répartir le problème et qu’il coupait où ça fait le moins mal. J’ai toujours de la difficulté à comprendre pourquoi ça fait moins mal de ne pas desservir les écoles.»

Après vérification, le directeur a toutefois constaté que son collège est la seule école privée de la métropole à vivre ce problème.

C’est finalement les plaintes d’une cinquantaine de parents du collège qui ont eu raison du problème.

«J’ai entamé des démarches depuis un an, mais ça n’a donné des résultats que depuis hier», explique M. Deguire.

Dorénavant, un inspecteur de la STM rendra visite au collège toutes les semaines afin de s’assurer que le service d’autobus ne fait plus défaut.

 En collaboration avec Simon Bousquet

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