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Profession de foi

Leduc-Frenette Samuel - TC Media
Qui aurait cru un jour qu’un jeune homme des quartiers chauds de Rivière-des-Prairies se retrouverait à prêcher la bonne nouvelle? Certainement pas le principal intéressé, Nicola Di Narzo, 31 ans, qui a été ordonné prêtre au diocèse de Valleyfield le vendredi 11 novembre.

M. Di Narzo a passé plus de la moitié de sa vie à Rivière-des-Prairies. Né d’un père italien et d’une mère québécoise, il a toutefois fréquenté des écoles situées à Montréal-Nord, dont Pierre-de-Coubertin, pour son programme de sport-études destiné aux jeunes du primaire.

Sa vie a basculé lorsque son père est décédé, alors que celui-ci n’avait que huit ans. Lui, sa mère, son frère et sa sœur ont dû emménager dans les coopératives situées près de l’avenue Fernand-Gauthier et de la rue Mariana-Jodoin. À ses dires, il s’agissait d’un endroit très dur à cette époque.

« J’ai été un peu le mouton noir de ma famille. J’ai eu des copines, j’ai consommé de la drogue, j’ai été un peu aussi le petit délinquant de mon école secondaire, dit-il.

« J’avais de gros problèmes à l’école parce que je me faisais justement souvent suspendre ou encore j’avais des lettres à faire signer à mes parents pour mauvais comportement. Souvent, je taquine les gens en leur disant que je pense que les agents de sécurité se rappellent encore mon nom. »

De l’aide d’Italie

Un jour, un cousin d’Italie lui lance une invitation toute particulière : il veut que M. Di Narzo vienne passer un moment parmi les frères d’une congrégation romaine. La seule condition est qu’il doit aller chercher des billets d’avion chez un prêtre de Montréal. Nous sommes en 1998.

« Je n’allais pas du tout à l’église. J’y étais allé quelques fois comme ça par tradition plus que par croyance. Je croyais en Dieu, mais ce n’était pas un dieu précis, précise le Prairivois. 

« J’avais vraiment le look d’un gars de rue. Je me disais en allant vers le prêtre que c’est sûr qu’il allait me juger. Comme tout le monde qui me voit dans la rue me juge, lui aussi va me juger. »

Si M. Di Narzo refuse dans un premier temps, il finit par accéder à la demande de son cousin. Il se rend chez le prêtre le lendemain de son bal des finissants. S’ensuit une conversion inattendue.

« Le prêtre a eu un comportement complètement contraire à ce à quoi je m’attendais. Il m’a accueilli à bras ouverts et il m’a dit les paroles suivantes : bienvenue chez toi, se remémore-t-il.

« En deux secondes, j’ai compris que c’était l’amour que j’avais toujours recherché, mais pas l’amour du prêtre. […] J’ai comme eu vraiment une compréhension que c’était l’amour de Dieu, l’amour de Dieu qui venait me toucher. Et ç’a été fort comme expérience. À partir de ce jour-là, ma vie a changé. »

Au total, M. Di Narzo est demeuré huit ans et demi dans sa communauté monastique en périphérie de Rome. Il y a même fait l’équivalent d’un baccalauréat en philosophie, un préalable avant de devenir prêtre.

Il est revenu ensuite à Montréal pour sa mère, qui avait une santé précaire. Il en a alors profité pour faire un baccalauréat en théologie au Grand Séminaire de Montréal. Voulant retourner en Italie, ses supérieurs lui ont plutôt suggéré, après ses études, d’œuvrer au sein du diocèse de Valleyfield. Une mission qu’il a rejointe aussitôt.

Sa nouvelle vocation : prêcher la bonne nouvelle

D’une vie ascétique et « régulière », M. Di Narzo aura finalement passé du côté du clergé séculier, qui vit parmi la population en général. Il pourra ainsi mettre de l’avant ses talents de communicateur.

Il croit que la vie dure qu’il a menée l’aidera aussi à comprendre davantage les problèmes des autres. « Ça m’apporte une compréhension pour les difficultés des gens. Parce que moi-même mes parents étaient séparés, il y a eu des luttes en famille, etc. »

Le fait d’être la plus jeune recrue du diocèse situé à Salaberry-de-Valleyfield est un autre bienfait.

« Les avantages justement c’est d’être plus proche des jeunes, parce qu’il ne faut pas le nier, il manque de jeunes dans nos églises. Souvent on parle du manque de prêtres. Mais il manque beaucoup, beaucoup, beaucoup de jeunes dans nos églises. Nos églises sont remplies de personnes plus âgées.

« Je peux comprendre davantage les jeunes d’aujourd’hui. Je suis plus proche des médias sociaux, indique-t-il. Je travaille avec un iPhone, je travaille avec un iPad. Moi, sans informatique, je ne fonctionne pas trop. »

En attendant peut-être de devenir curé, M. Di Narzo demeure vicaire à la basilique-cathédrale Sainte-Cécile.

 

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