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Mieux démystifier la démence

Leduc-Frenette Samuel - TC Media
Afin de souligner la fin du Mois de sensibilisation à la maladie d’Alzheimer, qui a eu lieu en janvier, l’Informateur s’est entretenu avec François Gagnon et François Bertrand, responsables de la formation « Agir auprès des personnes âgées », au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Pointe-de-l’Île. Ceux-ci rappellent, à travers un bref survol du contenu de leur formation, combien l’aide que la famille de parents malades apporte aux préposés des centres d’hébergement est essentielle pour ces patients.

Il y a quatre ans, MM. Gagnon et Bertrand se sont portés volontaires pour assurer la direction de cette formation, inspirée d’un programme du ministère de la Santé, au sein du CSSS de l’est de la métropole. Ils ont effectué une dizaine de jours d’apprentissage avant d’entamer leurs séances d’enseignement. En tout, 250 préposés ont reçu une formation, répartis dans des classes de 12 ou 15 apprenants. Les cadres, professionnels et techniciens ont fait de même.

Les formations, qui évoluent année après année, se sont ouvertes à d’autres publics.

« Des extraits de la formation ont été proposés aux bénévoles pour les aider à mieux entrer en relation avec les résidents, mentionne M. Gagnon, intervenant en soin spirituel.

« Les sujets sont aussi abordés avec les familles. Parce que l’une de nos préoccupations, c’est d’accompagner les familles et leur permettre d’intervenir auprès de leurs proches. »

On veut impliquer les familles au quotidien, ajoute de son côté M. Bertrand, qui, lui, est travailleur social. « On a souvent affaire à des membres de famille qui se sentent impuissants. »

« Si on veut aider les résidents qui souffrent d’Alzheimer, c’est pas juste les employés qu’il faut rejoindre, c’est [l’ensemble des] partenaires », indique M. Gagnon.

Apprendre à comprendre

Pour les deux hommes, il y a trois mots clés importants dans ce type de formation. Il faut « agir » auprès de ces personnes, il faut les « aider » en les stimulant et il faut les « protéger » parce que plus vulnérables.

« L’une des clés c’est entrer en relation ou savoir entrer en relation avec ces gens-là, dit M. Gagnon. Les mots ont finalement peu d’importance. Ce qui va avoir de l’importance […] c’est tout le non verbal. »

Pour ce faire, les deux hommes étalent leur formation sur toute une journée. Les thèmes abordés au cours des années ont concerné tour à tour les déficits cognitifs, le travail d’équipe, les droits et la dignité, la fin de vie et le repas.

Dans une formation type dispensée en mai 2010, les deux collègues ont par exemple abordé les stades du déclin, les principales altérations cognitives, les types de mémoire et leur dégradation et la communication verbale.

Mais comme l’indique une récente étude, 52 % des résidents des centres d’hébergement du réseau sont atteints d’une forme de démence, dont la maladie d’Alzheimer dans la très grande majorité des cas. Ce qui fait qu’une bonne partie de cette formation est consacrée à comprendre ce mal.

On fait face à de nombreuses familles en détresse qui trouvent que leurs parents ne répondent plus comme avant, souligne M. Bertrand.

Afin de répondre à un maximum de questions sur cette maladie, les deux formateurs donnent des explications concernant la mémoire des personnes atteintes, leurs problèmes langagiers, leur jugement altéré, la maîtrise de leurs émotions et leurs difficultés à comprendre leur environnement.

Ils s’affairent aussi à tisser des liens avec ces familles afin de mieux adapter leur intervention auprès des personnes malades. Ces « partenariats » sont « hyper précieux » selon M. Bertrand. On a découvert qu’un homme, qu’on croyait toujours en train d’errer dans les couloirs, reproduisait plutôt les rondes qu’il a faites toute sa vie lorsqu’il était agent de sécurité. Sans l’aide de sa famille, les intervenants n’auraient jamais compris ces agissements.

Les deux hommes espèrent continuer à transmettre leurs connaissances encore longtemps. Ils sont toutefois tributaires du financement public, qui ne sera peut-être pas toujours là.

En dépit du fait que l’aide qu’ils apportent aux intervenants du milieu de la santé et aux familles atténue certainement l’impact de la maladie. « Si on attend après la science, on n’aide pas pendant ce temps-là », rappelle M. Gagnon.

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