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Lyonel Anglade, un agent pas comme les autres

Leduc-Frenette Samuel - TC Media
Depuis maintenant six ans, l’agent de concertation communautaire Lyonel Anglade parcourt les organismes de l’est de la ville afin de sensibiliser les communautés ethnoculturelles et les jeunes au travail policier. Son approche, basée sur l’écoute, la tolérance et le partage des expériences communes, fonctionne tellement bien que beaucoup de citoyens le reconnaissent et l’interpellent dans les rues, qu’il soit de service ou non.

Mais M. Anglade n’a pas toujours été l’agent que l’on connaît. Policier depuis 1996, il a passé par différents secteurs de la ville avant d’aboutir au Centre opérationnel Est, situé sur le boulevard Langelier à proximité de l’autoroute 40.

Ancien patrouilleur—il le demeure toujours malgré ses nouvelles fonctions—, il a aidé à mettre en place le programme « Le parent, un allié essentiel », en 2004. Ce programme, qui visait d’abord à soutenir les parents haïtiens et à leur faire connaître les services du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a été étendu à l’ensemble des communautés ethnoculturelles.

« Je l’ai créé en partenariat avec la Direction de la protection de la jeunesse, les CSSS et les organismes communautaires, dit M. Anglade, qui utilise son expérience en tant que Haïtien immigré pour comprendre la réalité des minorités ethnocultuelles. Comme immigré, il y a des similitudes. »

Pour aller chercher un maximum de visibilité, M. Anglade fait davantage appel au réseau des organismes communautaires. Il cherche aussi à se faire connaître auprès des leaders des communautés, comme les leaders spirituels.

« L’un de nos atouts pour rejoindre le grand public, ç’a été de créer des partenariats avec les pasteurs », mentionne-t-il.

Les policiers sur le terrain sont aussi d’une grande aide, comme les agents sociocommunautaires, qui sont près des jeunes du quartier.

« On travaille en collaboration avec les agents sociocommunautaires au niveau de la prévention, indique-t-il. Par exemple, à la rentrée des classes, l’agent sociocommunautaire va avoir beaucoup de rencontres à faire, et on va les aider. »

Démystifier le travail policier

« C’est sûr qu’au début, quand j’ai commencé, les gens me percevaient comme un policier. Aujourd’hui, ils me voient comme un policier, mais l’uniforme ne les dérange plus, explique M. Anglade en parlant des jeunes qu’il rencontre. Avec le temps, avec de la patience, j’ai réussi à avoir un bon contact avec eux. »

Pour faire tomber les préjugés qui ont cours chez certains à propos des policiers, M. Anglade table sur le déboulonnage des expériences négatives vécues avec les forces de l’ordre.

Quand un policier va intervenir, il ne faut pas se baser sur une expérience négative du passé, car l’intention du policier est plus souvent qu’autrement noble, confie-t-il aux jeunes.

« Ce que je travaille, c’est la perception vis-à-vis des interventions policières extérieures à nous », car certains jeunes qui n’ont jamais été interceptés par les policiers restent tout de même marqués par ce dont ils ont été témoins dans la rue.

« Le lien de confiance est créé, mais il est toujours fragile. Il faut le maintenir, il faut le travailler, ajoute-t-il. Plus on est proches des organismes, […] plus on crée un lien de confiance avec les jeunes. »

Le profilage racial

Le profilage racial est revenu sur la sellette dernièrement, avec des reportages dans les médias à large diffusion faisant place à des témoignages de personnes issues de minorités visibles se disant victimes de pression de la part des policiers.

Loin de nier le phénomène, M. Anglade explique plutôt aux jeunes qui soulèvent la question la différence entre les profilages dits criminel, racial et social.

« Les jeunes qui m’en parlent, souvent, ils ont eu des démêlés avec la police, relate-t-il. Ils vont confondre les profilages criminel, racial et social. »

Il leur explique que la différence entre les profilages racial et criminel est ténue, et qu’il ne faut pas associer l’un avec l’autre. Il leur explique aussi que le profilage est répandu dans toutes les sphères de la société, comme sur le marché du travail.

« Je leur explique la déontologie policière, déclare-t-il. Il faut que les jeunes sachent comment ça fonctionne. » Grâce à sa persévérance, M. Anglade peut affirmer avec conviction que le travail des policiers n’a plus de secret pour les jeunes qu’il côtoie.

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