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Sanimax: les citoyens, l’arrondissement et l’entreprise à couteaux tirés

Photo: Photo TC Media - Jean-Marc Gilbert

Pendant que les Québécois attendent impatiemment le retour de l’été, certains citoyens de Rivière-des-Prairies appréhendent l’arrivée du temps chaud, qui est synonyme du retour des mauvaises odeurs provenant de l’entreprise Sanimax, oeuvrant dans la transformation et la récupération de sous-produits animaux.

Hak Ressaly habite à quelques dizaines de mètres de l’entreprise du boulevard Maurice-Duplessis depuis environ 15 ans. Puisqu’il adore ce quartier «sécuritaire», il ne veut pas déménager, même s’il reconnaît que, quelques fois par mois, les odeurs sont «vraiment insupportables».

«C’est dommage parce que souvent, l’été, on prépare un BBQ et on décide d’inviter des amis. On arrive la journée même et le BBQ tombe à l’eau parce que l’odeur est horrible. On doit annuler l’activité», déplore-t-il.

Une autre résidente du même secteur, qui a préféré taire son identité, abonde dans le même sens. «Quand j’ai déménagé ici, c’était en hiver. En raison des bancs de neige, je n’ai pas regardé quelle usine était là. Avoir su, je n’aurais pas acheté», tranche-t-elle.

«Ici, pendant l’été, c’est impensable de pouvoir s’asseoir à l’extérieur pour lire un bon livre ou manger tranquille», se désole la dame.

Elle dénonce aussi le bruit des camions qui se rendent à l’usine, très tôt le matin, en circulant sur le boulevard Maurice-Duplessis.

Suffrard Syllion, affirme, quant à elle, que parfois, elle hésite même à ouvrir la porte tellement ça sent mauvais.

Plusieurs contraventions
En avril, TVA Nouvelles révélait que l’arrondissement avait remis pour 400 000 $ en contraventions à l’entreprise, seulement au cours de la dernière année pour différentes infractions en lien avec la réglementation sur l’environnement.

La mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, comprend bien le «ras-le-bol» de ses citoyens et dénonce la lenteur de Sanimax en ce qui concerne les actions concrètes qui peuvent déjà être mises en place pour contrer les odeurs, comme le font, selon elle, certaines entreprises dans le domaine de la papeterie et de l’industrie pétrolière.

«Oui, il y a des discussions qui sont en cours pour certains projets, mais malgré ça, on dispose déjà de technologies qui permettraient de réduire de manière importante ou d’éliminer complètement les odeurs […] Mais Sanimax préfère investir dans les frais d’avocats [en contestant les contraventions]», indique la mairesse.

Si elle reconnait que l’entreprise est là depuis des dizaines d’années, bien avant que des résidences soient construites autour, et qu’elle donne de l’emploi à plus de 250 personnes, Mme Rouleau croit néanmoins que Sanimax doit s’adapter à la nouvelle réalité.

«Je fais appel à leur bonne volonté. Il est temps que l’entreprise agisse», conclut Mme Rouleau.

Sanimax se défend

Sanimax n’a pas l’intention de payer les contraventions totalisant 400 000$ émises par la Direction de l’environnement de l’arrondissement. Le dossier est présentement dans les mains des tribunaux.

«Pour nous, c’est irrecevable. Les constats ne sont pas très clairs. Nous avons une rencontre le 14 mai à ce sujet», indique Éric Caputo, directeur général pour le district de Montréal.

Lorsqu’on lui parle que les citoyens se plaignent des odeurs, il répond du tac o tac. «Sanimax a investi 70 M$ au cours des 15 dernières années dans ses installations, dont une partie pour contrer les odeurs. Trouvez-moi une autre entreprise sur l’île, qui a investi autant», lance-t-il.

Par ailleurs, s’il compare à l’année dernière, le nombre de plaintes pour les odeurs est en chute libre.

«En quatre mois, nous avons seulement deux signalements. L’année dernière, à pareille date, il y avait une trentaine de plaintes», note M. Caputo.

«Déçu et choqué»
Le dirigeant se dit «choqué» et «déçu» des propos de la mairesse Rouleau, parce que plusieurs solutions sont à l’étude, comme l’installation de filtre au charbon dans les camions. Des discussions sont aussi en cours pour faire passer les camions par la 7e rue, plutôt que par Maurice-Duplessis.

«Ça prend du temps pour en venir à une entente, mais nous sommes tout près. C’est pour ça que je m’explique mal la réaction de Mme Rouleau», dit le directeur général.

Il souligne ne pas avoir eu de contact avec l’entourage de la mairesse récemment, mais il entend certainement demander des explications sous peu.

«Nous voulons faire les choses comme il faut pour ne pas avoir à le refaire dans trois ou quatre ans. Nous aimerons que les résidents et les élus reconnaissent que Sanimax fait tout ce qu’elle peut pour être un bon citoyen corporatif», plaide M. Caputo.

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