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Lait pour bébé et vibrateur dans les cellules

Photo: Photo TC Media/Archives

Colle, manette de console, espadrilles, lait en poudre pour bébé et même vibrateur artisanal… Ce sont quelques-uns des 200 types d’objets que le personnel pénitencier a trouvé dans les prisons comme celle de Rivières-des-Prairies lors des fouilles entre 2012 et 2014. Maintenir l’ordre et la sécurité sont les priorités qui justifient ces saisies.

Les stratagèmes utilisés par les détenus pour faire passer des objets interdits ne manquent pas. Michel Tzanacos, ancien détenu en 2012-2013, témoigne: «J’ai vu des cellulaires, parfois même avec leur chargeur, entrer dans la prison par des « voies pas très propres ». Certains font passer un doigt en caoutchouc rempli de tabac caché dans leur rectum».

D’après les informations obtenues par TC Media, certains prisonniers ont des contacts avec des cordonniers et se font faire des souliers dont la semelle est bourrée de cannabis. Ce sont ensuite les conjointes ou la parenté qui les apportent.

D’autres utilisent carrément des drones. Deux ont notamment été repérés au-dessus de la prison de Rivières-des-Prairies entre 2013 et 2015. Une arme y aurait été introduite de cere façon.

Loisirs et armes artisanales
Certains objets sont dédiés aux loisirs des détenus. D’autres par contre servent à fabriquer des armes. Mais comment un ventilateur, une poivrière, une brosse à dents ou un aimant peuvent devenir des objets dangereux?

«Les détenus ne manquent parfois pas d’imagination. Ils ont beaucoup de temps pour penser à élaborer des plans. Une brosse à dents, une fois limée, peut se transformer en pic, l’huile peut être répandue au sol pour entraver le travail des agents, certains ont même déjà fabriqué des machines à tatoo avec des broches et un baladeur», explique Mathieu Lavoie, président national du Syndicat des agents de la paix en service correctionnel du Québec.

Pour lutter contre cette contrebande carcérale, Louise Quintin, directrice des communications au ministère de la Sécurité publique, explique que différents moyens sont mis en place. «En plus des fouilles, nous sécurisons certains périmètres comme les cuisines ou les cours, et nous compilons des informations concernant les visiteurs des détenus, leur mode de vie ou encore les gens qui sont en relation avec les détenus».

Pour les autorités, il s’agit aussi de limiter les agressions envers les agents, mais aussi envers les prisonniers eux-mêmes. Michel Tzanacos assure pourtant que «les fouilles ne sont pas vraiment efficaces. Surtout, elles ne protègent pas celui qui est dans le collimateur de membres du « comité de truands » qui font la loi dans certaines ailes».

D’après le rapport publié par le ministère sur le nombre de fouilles réalisées dans les établissements de détention québécois entre 2011 et 2014, celui de Rivières-des-Prairies fait partie des rares où leur nombre est en baisse. Elles sont passées de 165 à 127.

Une situation que déplore M. Lavoie: «Je n’ai pas vraiment d’explications. Peut-être est-ce à cause des coupes budgétaires ou du manque de personnel». Selon lui, ces opérations restent un excellent moyen de prévention.

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