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Urgence d'agir, urgence d'écrire

Tranchemontagne Daphnée - TC Media
Le printemps dernier, le Québec a vécu une crise sans précédent. Un mouvement de grogne généralisé s’est emparé de la population. À coups de casseroles, elle a manifesté son mécontentement, réclamant davantage de mesures sociales. Pour passer au travers de cette impasse, il y avait urgence d’agir, mais aussi urgence d’écrire, estiment plusieurs auteurs. Avec le recueil de nouvelles Printemps spécial, écrit au plus fort des affrontements, ils offrent un témoignage à chaud, de ce moment charnière de notre histoire.

Le livre, illustré grâce aux photographies de Toma Iczkovits, regroupe 12 nouvelles, dont certains ont été écrites par des écrivains de Rosemont – La Petite-Patrie (Grégory Lemay et Patrice Lessard).

Si la trame de fond est la même pour tous les textes, les thèmes abordés, quant à eux, sont très variés. Loi 78, mobilisation citoyenne, médias sociaux, tout y passe.

Deux des auteurs de ce livre en parle: « J’ai écrit un texte qui s’appelle Je n’étais pas là. Et c’est le cas, j’étais en voyage. Ça m’a vraiment frustré d’avoir manqué ça. Habituellement, je ne parle jamais de moi dans mes textes mais cette fois-ci, j’ai écrit au je», confie André Marois.

Néanmoins, il estime avoir réussi à vivre cette crise en direct par le biais d’Internet et au travers de ses enfants, qui tous deux étaient en grève.

« C’était étrange de ne pas être là tout en ayant les réactions sur Facebook. C’est étonnant de voir comment quelque chose de local est soudainement devenu international. C’était fâchant de ne pas être là, mais en même temps, j’avais l’impression de ne pas tout rater », explique M. Marois.

Pour sa part, l’auteure Martine Delvaux, à qui l’on doit le texte Autoportrait d’une militante, dit avoir vécu « intensément » cette période.

« Mon texte est à la deuxième personne. Il s’agit d’un je anonyme qui parle de tout le monde. Je me suis découverte militante, alors que je ne l’avais jamais été de cette façon. Le printemps m’a changée, il m’a révélée », indique-t-elle.

Distance

Questionnés à savoir s’il était trop tôt pour aborder, avec un regard critique, cette crise qui est désormais connue sous le nom de « printemps érable », les deux auteurs s’entendent pour dire que ce recul n’était pas forcément nécessaire.

« Ce n’était pas nécessaire d’avoir du recul. C’était peut-être important d’écrire alors qu’on était en plein dedans. L’expérience de Facebook et des médias sociaux a fait en sorte que même si on était ici et qu’on marchait dans les rues avec les étudiants, on les consultait les médias autant que si on n’avait été à l’extérieur du Québec. Il y avait une distance forcée imposée par le traitement de l’information. On était donc, à la fois, à l’intérieur et à l’extérieur de la crise. Le livre Printemps spécial s’inscrit là-dedans, car de l’écriture même naît un certain recul face à une situation », fait valoir Mme Delvaux.

Selon les deux auteurs, ce recueil était essentiel pour témoigner de l’esprit du moment. S’ils devaient écrire sur le même sujet, aujourd’hui, leurs textes seraient probablement fort différents, croient-ils.

« Ce livre est en parfaite continuité avec ce qu’a été le printemps dernier. C’était une urgence, un événement. L’idée avec le recueil n’était pas de documenter ce qui s’est passé, mais plutôt de prolonger cette énergie que l’on a ressentie », conclut Mme Delvaux.

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