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Marcher de village en village vers l’Everest (partie 3)

Phortse, Népal (3600 mètres) – Étendu de tout son long sur le banc du lodge, un athlète de 6 pieds 220 livres semble confus, exténué. Il est incapable d’avaler sa soupe et la tête lui tourne. Son corps ne supporte vraisemblablement pas la baisse d’oxygène dans l’air malgré le respect des paliers conseillés par les guides locaux. Assis à l’opposé de la pièce, le sourire d’un homme d’une soixantaine d’années ne démontre aucun signe de fatigue. Définitivement, l’Himalaya est tout à fait imprévisible.

Devant cette scène, nous ne savions quoi penser. Le mal de tête de Marie n’avait pas encore passé et de mon côté, tout était sous contrôle. Nous avons décidé de pousser nos limites encore plus loin pour tenter de traverser deux villages supplémentaires jusqu’à Machermo, où se trouve une clinique médicale au cas où les symptômes de Marie perdureraient. Entre-temps, une bonne nuit de sommeil au Gozumba Guest House ne pouvait pas nuire!

Rando, momo, dodo

La vie dans les lodges se passe autour d’un poêle chauffé au caca de yak… le bois se faisant rare, les sherpas savent faire preuve de débrouillardise! Et non, ça ne pue pas! Autour du poêle, quelques chaises permettent de s’y réchauffer les orteils alors qu’autour de la pièce se trouvent les banquettes pour manger!

La qualité de la nourriture est surprenante en montagne, on y mange presque aussi bien qu’à Katmandou. La première fois que notre guide Kapil nous a apporté le menu de trois-quatre pages, nous sommes restés agréablement impressionnés par la variété des choix. On nous propose des mets traditionnels comme le Dal Bhat, les momos, du riz ou des soupes, mais aussi, de la pizza, du macaroni ou du spaghetti au fromage de Yak. Délicieux!

Les nuits passées en montagne sont disons, plutôt froides! Aussitôt le repas terminé vers 21h, on s’empresse à rejoindre notre chambre pour y passer la nuit dans notre sac de couchage avec une chaude et épaisse couverture. Les minuscules chambres sont toutes identiques : deux lits simples cloués au sol avec une fenêtre offrant une magnifique vue sur les montagnes au réveil! Difficile de se coller pour se réchauffer par contre…

De porteur à guide

Comme tous les sherpas, notre porteur, Shiring, aspirait au métier de guide pour des raisons évidentes. Pour ce faire, ce dernier doit non seulement bien connaître la montagne mais aussi, bien maîtriser l’anglais.

Pour l’aider à devenir guide le plus rapidement possible, Marie s’est engagée à donner des cours d’anglais à Shiring chaque soir en attendant notre repas. Il se montrait très intéressé. Il a même acheté un cahier pour prendre des notes! Curieux, certains porteurs des autres groupes se joignaient même à lui dans ses cours privés!

L’arrivée à Gokyo

Les jours passaient et on a finalement atteint notre destination tant espérée depuis plus d’une semaine de marche : le village de Gokyo. Ce petit village est construit dans un site enchanteur au bord d’un lac turquoise, entouré de montagnes et du glacier Gzomba.

Ce glacier s’étend de tout son long au bout de la vallée profonde. Il s’agit du plus grand glacier de tout l’Himalaya. Malheureusement, le réchauffement climatique mondial exerce une pression qui le fait reculer considérablement chaque année.

Le Gokyo Ri

Tok. Tok. Tok. Notre guide Kapil cogne à la porte de notre chambre vers 4h du matin pour se préparer à une ascension de près de 2h jusqu’au sommet du Gokyo Ri, cette montagne qui allait nous permettre de voir le soleil se lever sur l’Everest.

La montée était difficile. L’oxygène se faisait rare. Nous n’avions pas encore déjeuné. Heureusement, j’avais prévu le coup en apportant une barre énergétique du Québec. Devant le corps visiblement épuisé d’une Coréenne d’une cinquantaine d’années, Marie n’a pas pu s’empêcher de lui offrir une partie de sa barre. Elle était tellement contente!

L’effort déployé pour atteindre l’altitude de 5380 mètres est récompensé par la vue incroyable à 360 degrés qui s’offrait à nous. Nous étions entourés des plus hauts sommets du monde qui dépassent les 8000 mètres, dont l’Everest qui était totalement dégagé, juste pour nous! Plus bas, le lac turquoise à moitié gelé et le village de Gokyo semblaient minuscules devant ces colosses.

Au sommet, nous avons croisé de nouveau ces deux randonneurs autrichiens avec qui l’on s’était lié d’amitié quelques jours auparavant. Tina, nous a offert une gorgée de Schnaps qu’elle avait transporté jusque-là pour respecter sa tradition de prendre une gorgée en haut de tous les sommets gravis!

Même après plus d’une heure passée au sommet, je ne pouvais me lasser d’admirer ces paysages grandioses que je ne reverrais peut-être plus jamais. J’avais atteint le rêve ultime pour un passionné, comme moi, de randonnée et de plein air. Me demander de redescendre de là, c’était comme demander à un enfant d’abandonner son plus beau cadeau de Noël après seulement une heure…

À suivre…

Voyez la bande-annonce du film sur : http://www.lesaventuriersvoyageurs.com/cineconferencevoyagenepal.htm

Yannick Gervais

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