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Aéroport Montréal-Trudeau: 75 ans et tourné vers l’avenir

Photo: Gracieuseté/ADM

L’aéroport Montréal-Trudeau a bien changé depuis le jour de son inauguration, en septembre 1941. Après des débuts comme aérogare militaire, il s’est agrandi et a changé de nom trois fois, pour finalement devenir un aéroport international, le troisième le plus fréquenté du Canada.

En pleine Deuxième Guerre mondiale, l’aéroport de Saint-Hubert, qui desservait la région de Montréal depuis 1927, ne suffit plus à la tâche. Ce conflit est le premier auquel le Canada participe qui implique des forces de l’air et le pays doit former des pilotes pour les envoyer combattre en Europe.

L’ancien terrain de l’hippodrome de Dorval est alors choisi par le ministère des Transports comme étant le meilleur site pour accueillir la nouvelle aérogare militaire qui servira à l’entraînement des pilotes de tous les pays du Commonwealth et d’où partiront près de 10 000 appareils jusqu’à la fin de la guerre, le 8 mai 1945.

Aviation civile
Avec le traité de paix, quelque 1130 appareils Lancaster de Bombardier n’auront finalement jamais largué une seule bombe et des milliers d’avions militaires deviennent inutiles.

«On a alors créé des compagnies aériennes de toute pièce pour transporter des civils. On a vidé les avions pour ne garder que les coquilles et y installer des sièges», explique Jacques G. Ruelland, historien spécialiste de l’aéronautique.

Les exemples de recyclage d’appareils militaires sont nombreux. Le Lancaster sert donc à la formation des pilotes pour les vols internationaux. Le Catalina, avec sa soute énorme, est converti en avion-citerne, l’ancêtre des Canadair CL-215 et CL-415 reconnus partout dans le monde. Les hélicoptères militaires deviennent des ambulances.

En 1946, 250 000 voyageurs transitent par l’Aéroport de Dorval. L’achalandage double presque en cinq ans et atteint un million en 1955, faisant de Dorval l’aéroport le plus fréquenté au pays.

Ouverture sur le monde
L’année suivante, les travaux de 30 M$ pour le premier agrandissement débutent. Ils se termineront le 15 décembre 1960, jour où il portera officiellement le nom d’«Aéroport international Dorval de Montréal».

Considéré comme l’un des plus vastes au monde, il devient la porte d’entrée du Canada pour les visiteurs européens. À cette époque, l’avion reste un moyen de transport luxueux, réservé aux plus nantis.

«Dans ce temps-là, on s’habillait encore chic pour prendre l’avion», rappelle M. Ruelland.

Ce n’est que dans les années 1970 que le tourisme international s’est vraiment développé au Québec, selon lui. «Ça s’inscrivait en quelque sorte en continuité avec l’esprit d’ouverture sur le monde amorcé avec l’Expo 67», croit-il.

Une tendance qui se ressent partout dans le monde occidental, inspirant certains entrepreneurs à développer des chaînes hôtelières, notamment Hilton et Holiday Inn, dans diverses destinations.

L’aviation s’est donc adaptée. «On a voulu rentabiliser les voyages. Pour y arriver, il fallait des avions plus économiques, plus rapides, mais surtout plus puissants pour qu’on puisse y faire entrer un maximum de passagers, explique M. Ruelland. On a donc développé le moteur à réaction.»

Les aéroports ont dû aussi s’ajuster, avec des pistes plus longues et plus solides pour accueillir les avions plus performants et plus lourds.

Mirabel
Dans cette optique, le gouvernement a vu grand en inaugurant, en 1975, une nouvelle aérogare à Sainte-Scholastique non sans grincement de dents des nombreux agriculteurs forcés à l’expropriation.

Avec ses 29 000 hectares de zone tampon, l’aéroport de 7000 hectares aurait pu être agrandi au fil des besoins pendant des décennies. «C’était un projet visionnaire», lance M. Ruelland.

Mirabel accueille alors les vols internationaux, réservant les destinations intérieures à Dorval.

Au fil du temps et des nombreuses querelles intergouvernementales, les liens ferroviaires et autoroutiers prévus initialement n’ont jamais vu le jour. C’est pourquoi en 1997, le gestionnaire Aéroport de Montréal (ADM) relèguera Mirabel aux seules fonctions commerciales. Le terminal laissé à l’abandon, a finalement été démoli récemment.

Perspectives d’avenir
Depuis 2000, Aéroports de Montréal (ADM) a investi plus de 2,5 milliards $ pour doubler la capacité de l’aérogare de Dorval, devenu l’Aéroport international Pierre-Elliott Trudeau de Montréal en 2004, et moderniser ses installations, en faisant un chef de file dans le déploiement des nouvelles technologies.

Toutefois, aucun agrandissement territorial ne peut être envisagé puisque le terrain occupé par l’aéroport est entièrement enclavé. «Ça les condamne, juge M. Ruelland. Si le nombre de vols continue de croître, on n’aura d’autre choix que de se tourner à nouveau vers Mirabel. Sinon, l’aéroport de Montréal deviendra comme ceux de Québec ou de Halifax, un simple aéroport de province.»

Les dirigeants d’ADM sont loin de partager cet avis. «On a trois pistes et on n’atteint même pas encore la moitié de leur capacité d’utilisation. Elles seront amplement suffisantes pour nous mener jusqu’en 2070, estime la vice-présidente aux communications d’ADM, Christiane Beaulieu. L’aéroport de Heathrow à Londres accueille le double de passagers avec seulement deux pistes.»

Elle ajoute que l’évolution des avions permet de transporter toujours plus de passagers dans un seul appareil, donc d’augmenter la fréquentation de l’aéroport sans affecter le nombre de mouvements sur les pistes.

Les nouvelles générations d’appareils aux moteurs plus performants, mais plus silencieux, ont également permis de diminuer les niveaux de bruit aux alentours de Montréal-Trudeau.

L’avenir d’un aéroport dépendant grandement de l’expansion constante de ses destinations et de ses liaisons, les dirigeants tentent de se tailler une place sur le marché et jouent sur leurs forces pour y arriver. «On est devenu dans les trois dernières années une plaque tournante de l’Amérique du Nord pour les destinations européennes et maghrébines grâce au bassin francophone de Montréal, entre autres», observe Mme Beaulieu.

Aujourd’hui, l’Aéroport Montréal-Trudeau est à la fine pointe technologique et s’inscrit comme un leader dans le virage vert que prend l’industrie aéronautique grâce à ses nombreuses initiatives pour réduire son empreinte écologique.

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