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Sur scène pour dénoncer les violences faites aux femmes

Photo: Johanna Pellus/TC Media

La violence conjugale est un sujet tabou. Mais pour sensibiliser le public aux conséquences de ce fléau sur les enfants, une douzaine de femmes de l’Auberge Transition ont créé une pièce de théâtre avec la comédienne Marie Deaudelin. Chargée d’émotions, l’histoire de Lili reprend des petits bouts de leurs vies dans Une fleur dans la tempête, qui sera présentée le 8 juin, à Saint-Laurent.

La pièce en cinq scènes raconte la vie de Lili, de son enfance à la fin de son adolescence. Les femmes ainsi que deux intervenantes assurent les rôles de l’entourage de la jeune fille, sous forme d’un chœur. Tour à tour, elles sont sa maman et ses amies à l’école.

Après avoir porté un masque lors de la première représentation, en décembre, elles ont décidé d’elles-mêmes de l’enlever pour les sept suivantes, «car on a le droit de vivre», lance Josée* (nom fictif).

«Ça prend beaucoup de courage. Elles viennent demander de l’aide et elles reviennent raconter ce qu’elles ont vécu, pour aider d’autres femmes», souligne l’intervenante Diana Nahass.

Ce projet de théâtre social a débuté en septembre, à raison d’un atelier aux deux semaines aux services externes du refuge pour femmes violentées. Malgré le multiculturalisme qui caractérise le groupe, des récits similaires ont été rapportés par les participantes.

«Mon père décide qu’il me coupe les cheveux bien courts. Pour me venger, j’ai été me faire faire un tatouage. Quand je suis revenue, j’ai mangé une grosse volée», rapporte Josée.

La pièce démystifie également les différents types de violence, physique et psychologique, mais aussi économique et sexuelle.

«Je suis habituée aux coups. Mon père nous a toujours battus. J’ai même deux frères et une sœur qui se sont suicidés à cause de lui. Je ne pouvais pas penser que des mots pouvaient faire aussi mal qu’une barre de fer. En fait, tu perds tout. Ton « toi » n’existe plus», ajoute-t-elle dans une atmosphère chargée d’émotions.

Aide
Pour toutes les participantes, Une fleur dans la tempête est aussi l’occasion de revenir sur l’aide que l’Auberge Transition leur a apportée.

«À l’Auberge Transition, il n’y a pas de jugement. Avant je n’avais vraiment confiance en personne. J’ai commencé à faire confiance, à force de venir ici, depuis trois ans. Si je n’avais pas eu ça et l’auberge, je pense que je serais morte.» — Josée*, participante aux ateliers de théâtre social

«Je suis immigrante, je ne connaissais pas bien mes droits. Le refuge m’a protégé et m’a prodigué des conseils. Ensuite, il y a eu des échanges inspirants», souligne Karen*.

Le théâtre a été privilégié à la demande des participantes qui peuvent ainsi mieux s’exprimer et tisser des liens entre elles et avec les intervenantes.

«Je suis devenue une autre personne. Je me sens utile et ça enlève ce qui pèse dans mon cœur, en plus de permettre à d’autres de ne pas tomber dans le même piège», précise Tania*.

D’abord une démarche artistique, la comédienne Marie Deaudelin, qui est également candidate à la maîtrise en dramathérapie, y voit des effets thérapeutiques.
Même pour les spectateurs, qui sont invités à discuter après la représentation, ils peuvent réviser leur jugement ou s’informer pour aider des proches.

La dernière représentation publique d’«Une fleur dans la tempête» aura lieu le 8 juin, à 10h, à la salle AB 225 du Centre des loisirs de Saint-Laurent (1375, rue Grenet). Pour réserver ou pour joindre les services externes de l’Auberge Transition, contacter le 514 439-6930 du lundi au vendredi de 9h à 16h.

En chiffres

104
Dans la dernière année, une centaine de femmes et 36 enfants ont été accompagnés par les services externes de l’Auberge Transition. Il peut s’agir d’un soutien pour celles qui vivent encore avec leur partenaire ou d’un suivi après un séjour dans leur refuge.

1700
Les trois employées des services externes ont effectué 1 700 heures d’intervention lors de séances de consultations individuelles avec des femmes, mais aussi avec des enfants et des adolescents par le biais de l’intervenante jeunesse.

10
Situé dans un secteur secret de Montréal, le refuge de l’Auberge Transition peut accueillir jusqu’à 10 familles. Ces services internes, comme tous ceux offerts par l’organisme, sont gratuits et confidentiels.

Pour obtenir de l’aide

Pour trouver de l’information sur la violence conjugale ou des ressources partout au Québec, qu’il s’agisse d’un refuge ou de services de jour, toute personne peut contacter SOS violence conjugale au 1 800 363-9010, 24h/24 et 7 jours/7. Une intervenante peut répondre immédiatement aux différents besoins.

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