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Agressions sexuelles: des ressources pour briser le silence

La Twittosphère a été inondée par des milliers de gazouillis suite au début de la campagne #agressionnondenoncee, lancée dans la foulée de l’affaire Ghomeshi. Le mouvement spontané met en relief les difficultés qui peuvent encore faire hésiter hommes et femmes à dénoncer un crime de nature sexuelle.

Une femme sur trois sera agressée sexuellement au cours de sa vie, selon le ministère de la Santé et des services sociaux. Si certaines choisissent de dénoncer leur agresseur, la vaste majorité garde le silence.

À Saint-Laurent, en 2013, le Poste de quartier (PDQ) 7 n’a reçu que 31 plaintes reliées à des agressions sexuelles. Cela ne serait que la pointe de l’iceberg, selon la directrice du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), Jenny Charest, qui estime qu’environ une victime sur 10 portera plainte.

Dénoncer n’est pas chose facile. Celles qui choisiront de le faire doivent contacter le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) afin de déposer une plainte. Une présumée victime peut signaler le crime en téléphonant au 911 ou en se dirigeant vers le poste de police.

Si l’agression a été commise récemment, les policiers peuvent conduire la victime à l’hôpital où des tests – la trousse médicolégale ou médicosociale – seront effectués avec son consentement.

La lieutenante-détective à la section des agressions sexuelles du SPVM, Ginette Bolduc, explique que ce ne sont pas les patrouilleurs qui prennent la plainte. Des enquêteurs formés sont disponibles pour les dossiers d’agressions sexuelles.

«La victime ne doit pas avoir honte de ce qu’elle a vécue. Elle n’est pas responsable. Quelle que soit la situation, les policiers ne jugent pas. La plus grosse étape, c’est de le dire aux policiers et d’être cru; c’est un soulagement», fait-elle valoir.

Elle souligne que certaines victimes décideront de faire le signalement sans pour autant vouloir entamer des procédures judiciaires. L’agresseur présumé est alors fiché comme étant suspect dans un cas d’agression dans les dossiers des différents corps policiers du Québec.

«Si la victime décide de changer d’idée, elle peut toujours revenir au poste et entreprendre des démarches légales», explique-t-elle.

Soutien aux victimes
À Saint-Laurent, le CAVAC a un point de service où les victimes peuvent aller rencontrer des intervenants.

Sur place, ils offrent de l’aide pour remplir des formulaires d’indemnisation – pour recevoir de l’aide psychologique ou de la réadaptation gratuite, par exemple.

Les victimes peuvent également y trouver soutien, renseignements et accompagnement à la cour. «20 % des demandes que nous recevons annuellement sont des cas d’infractions sexuelles. De ces victimes, plusieurs n’ont pas porté plainte», affirme Mme Charest.

Moins de cinq cas annuellement
Le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent offre également un soutien aux victimes d’agression sexuelle. Ici aussi, on constate qu’elles ne se précipitent pas pour porter plainte.

«On peut compter moins de cinq personnes qui se présentent ici pour une question d’agression sexuelle. C’est un sujet plein de tabous, qui évoque beaucoup de honte et de culpabilité ainsi qu’un sentiment de responsabilité. Les victimes hésitent», explique Sylvie Ladouceur, chef d’administration de programmes de santé mentale et de services psychosociaux généraux au CSSS.

L’accueil psychosocial du CSSS propose plusieurs ressources aux femmes désirant de l’aide. On peut les épauler à porter plainte, à en parler à leur entourage et à identifier leurs craintes et leurs besoins. Des travailleurs sociaux sont présents et une équipe spécifique en santé mentale peut aussi intervenir si la victime montre des signes de dépression ou de syndrome post-traumatique.

«Le fait que l’on est dans un territoire où on retrouve plusieurs communautés différentes rend la dénonciation moins évidente, souligne Mme Ladouceur. C’est plus difficile pour certaines communautés que d’autres.»

Une décision personnelle
Le Centre des femmes de Saint-Laurent accueille également les femmes qui sont victimes d’agressions sexuelles. Le centre travaille en profondeur avec celles qui se présentent, et œuvrent de concert avec le CAVAC et autres ressources du quartier. Il se veut un endroit où les femmes peuvent se réfugier, pour être réconfortées et recevoir de la chaleur humaine.

Organisatrice communautaire au centre, Corinne Gros, est satisfaite de la discussion que crée cette campagne de gazouillis, mais veut mettre un bémol sur le battage médiatique qui l’entoure. Elle rappelle que la décision de dénoncer ou pas une agression est un choix individuel, propre à chacune, qu’il faut respecter.

«On n’a pas à juger de ces choses-là. Elle prendra la décision quand il sera le temps de la prendre. L’important, c’est qu’elle se sente écoutée et non jugée», explique Mme Gros.

Elle espère que la conversation autour des agressions sexuelles se poursuivra bien après que soit retombée la poussière de la campagne.

 

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