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L’an 1 des libéraux: un bilan mitigé selon des experts

Photo: Archives Métro

Il y a un an, les Québécois portaient les libéraux de Philippe Couillard au pouvoir. La première année de leur mandat majoritaire a été consacrée au retour à l’équilibre budgétaire, un travail «coup de poing», mais «nécessaire», selon des analystes consultés par TC Media.

Le 26 mars, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a annoncé le retour à l’équilibre budgétaire pour l’année financière 2015/2016, après six années consécutives de déficit. Pour y arriver, le gouvernement n’a pas ménagé ses efforts : réduction de la taille de l’État en santé et en éducation, réforme des programmes sociaux et nouvelle tarification selon les revenus pour les CPE. Des mesures qui ont soulevé la grogne populaire.

Pour faire le bilan de la première année des Libéraux au pouvoir, TC Media a contacté Mathieu Bock-Côté, chargé de cours en sociologie à l’UQAM, Robert Bernier, professeur titulaire de l’École nationale d’administration publique et le politicologue Christian Dufour.

«Thérapie de choc»
Les analystes consultés s’entendent pour dire que le gouvernement vivait au-dessus de ses moyens depuis longtemps.
Ainsi, selon Mathieu Bock-Côté, il fallait que le cheval de bataille du Parti libéral du Québec (PLQ) soit le désendettement de l’État.

Il précise toutefois, que «les libéraux ont fait preuve d’une brutalité indéniable» pour y arriver.
«Si on coupe sans finesse et qu’on le fait de façon précipitée, on se prive de l’appui populaire et ça rend la réforme beaucoup plus difficile. Le gouvernement semble croire à une thérapie de choc, c’est là-dessus qu’il témoigne d’une grande faiblesse», précise-t-il.

«Ils ont été contraints de s’engager dans ces compressions massives-là, mais ils vont peut-être avoir un prix politique à payer pour ça», souligne Robert Bernier professeur à l’ÉNAP.

Depuis l’élection du PLQ, les différents employés de la fonction publique ont tour à tour fait entendre leur mécontentement face aux compressions imposées par le gouvernement Couillard. C’est une tendance qui devrait se poursuivre.

«Les années 2015 et 2016 vont être très difficiles, les services vont en souffrir et les Québécois, en payer le prix», annonce Robert Bernier, professeur titulaire à l’ENAP.

Pour lui, impossible de réduire le fardeau fiscal du Québec d’une façon aussi rapide que celle entreprise par les libéraux sans qu’il y ait des conséquences.

«Retrouver l’équilibre prend des années, favoriser une diminution de l’intervention de l’État aussi, mais là, on utilise une méthode coup de poing, ça va très vite, explique-t-il, craignant que la province sombre dans une récession».

Le politicologue Christian Dufour perçoit toutefois cette vitesse d’intervention d’un autre œil: «C’est parce que cela est impopulaire que cela doit être fait rapidement».

Pour lui, ce qu’il faut retenir, «c’est qu’ils aient enclenché quelque chose qui n’est vraiment pas futile et qu’ils désirent l’amener à terme».

Années à venir
La dernière année, décrite comme très difficile économiquement par les experts, annoncerait la tendance pour les années à venir.

«Avec toutes ces coupures de dépenses, il y a moins d’argent dans le système, donc nous serons incapables de générer des emplois directs et indirects. Ça nous place dans une situation qui est difficilement soutenable, ça va conduire à une forme de déstabilisation», selon M. Bernier, professeur à l’ENAP.

Il ajoute qu’il sera difficile de maintenir ces compressions à long terme.

«Il faut être capable de créer des économies d’échelles pour que l’on ne revienne pas sur nos pas avec une croissance du personnel ou des investissements majeurs en infrastructures».

Pour le politicologue, M. Dufour, il est trop tôt pour parler d’avenir «puisque nous sommes au beau milieu d’un processus».

«Une partie des coupes est encore à venir, alors la question pour le moment, c’est est-ce qu’ils vont en faire trop ?», précise-t-il.

Sur la bonne voie selon le PLQ
Jean-Marc Fournier, député libéral et leader parlementaire du gouvernement, défend le bilan de son gouvernement. S’il admet que les libéraux ont peut-être été exigeants, il soutient qu’ils ont donné aux Québécois ce qu’ils souhaitaient, «un gouvernement stable qui fait une gestion prudente des finances publiques».

«La croissance économique est plus forte cette année que l’année dernière. Depuis le mois de mai nous avons créé 52 000 emplois, nous sommes sur la bonne voie», conclut-il.

Lors de la campagne électorale de 2014, le gouvernement libéral s’est engagé à créer 250 000 emplois d’ici cinq ans au Québec.

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