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Le Niqab, «un faux débat» selon une musulmane

Glen Hirving champion de culturisme. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Miriam a été insultée, a reçu des crachats, a même subi des pressions psychologiques lorsqu’elle a porté le Niqab au Québec durant quatre ans. Devant cette violence et sous les conseils de son mari, l’ancienne résidente de Saint-Laurent a préféré remettre le Hijab, qu’elle portait depuis l’adolescence. Pour cette enseignante, la polémique entourant le port du Niqab est un faux débat.

Lorsqu’elle marchait le visage voilé dans la rue, Miriam sentait les regards pesants sur elle. «Alors que j’attendais le bus avec ma fille, un homme s’est approché et a fait un doigt d’honneur à l’enfant dans la poussette. Une autre fois, en sortant d’un magasin, un homme dans sa voiture a fait mine de foncer sur nous. Je craignais pour la sécurité de mes proches», raconte la mère de famille de 28 ans.

Des anecdotes choquantes comme celles-ci, l’Américaine d’origine, arrivée à Montréal depuis huit ans, en a vécu des dizaines.

Pour cette musulmane, le port du Niqab n’a rien à voir avec l’égalité entre hommes et femmes. Il a été un choix personnel et conscient à la suite de son pèlerinage à La Mecque, un des cinq piliers de l’islam, un an après son mariage avec un Québécois aussi musulman).

«Ça a été une révélation spirituelle. Dans les Hadiths, recueil de conversations et actes du prophète Mohamed, ses femmes portaient le Niqab. Je voulais faire plaisir à mon Créateur en étant la plus modeste possible et donc en habillant le voile intégral. Mais j’ai été trop faible et j’ai succombé à la pression sociale. Même mon mari préférait que je n’aille pas au parc avec lui et la petite, peiné par la réaction des autres gens», explique-t-elle, assise sur les tapis de la salle de prière du Cegep Dawson, à Westmount.

Serment
La jeune femme aux yeux verts aurait bien voulu prêter serment avec son Niqab lorsqu’elle a reçu sa citoyenneté il y a un peu plus d’un an. «Je comprends la nécessité de lever le voile pour l’identification lors du serment. Par contre, une fois fait, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas être complètement voilée pour le reste de la cérémonie», confie Miriam.

Mais c’est avec seulement le voile qui recouvre ses cheveux, le Hijab, qu’elle l’a fait.

Elle se dit perplexe et déçue du comportement des politiciens et de certains Québécois. «Je suis consciente que ceux qui réagissent mal son minoritaires, mais je ne vois pas le problème. Dans le New Jersey d’où je viens, il est courant de voir des Niqabis conduire des voitures, travailler, se promener dans la rue. Ça ne dérange pas. En occident, une femme à moitié nue peut vendre les mérites d’une marque de gomme, c’est normal, alors pourquoi pas le Niqab?», questionne-t-elle.

En réponse aux politiciens, qui ont fait du port du Niqab leur cheval de bataille pour les élections fédérales, le 19 octobre, Miriam se demande quel est l’impact du Niqab dans l’économie canadienne ou sur la question de l’éducation. Pour elle, comme certains leaders, tout ceci est un faux débat qui sert à distraire les électeurs.

«Dans les écoles de l’Ontario, l’homosexualité est abordé dans les cours d’éducation sexuelle pour l’expliquer aux jeunes en vue de faire diminuer l’homophobie. Pour le Niqab, au Québec on fait l’inverse, on montre du doigt au lieu de chercher à le comprendre et l’expliquer», déplore la jeune femme.

Si un jour les mentalités deviennent plus ouvertes, Miriam souhaite porter à nouveau le Niqab et vivre en toute liberté.

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