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L’interdiction des frais accessoires menace une clinique dentaire de Saint-Léonard

Photo: Nicolas Ledain / TC Media

Une clinique dentaire spécialisée dans les interventions pédiatriques possède un centre d’anesthésie qui risque de fermer en raison de l’abolition des frais accessoires. Les négociations avec le ministère de la Santé sont au point mort.

« Les anesthésiologistes demandent à être payés comme à l’hôpital et on ne réclame que cela. Il y a un manque flagrant de volonté du côté du ministère, il essaye de nous imposer son idée », s’agace Johanne Longpré, la directrice de la clinique Patrick Canonne.

Depuis quelques jours, les échanges sont tendus entre le centre de dentisterie pédiatrique de Saint-Léonard et le ministère de la Santé et des Services sociaux. L’établissement est l’un des deux seuls du Québec à proposer un service d’anesthésie générale dans ses locaux, mais depuis le 26 janvier, les frais accessoires de 220$ qui servaient à rémunérer les anesthésiologistes sont interdits et la clinique peine à faire venir ces professionnels.

« Le pouvoir d’attraction est diminué. Je fais la même chose à l’hôpital Sainte-Justine et je suis moins rémunéré à la clinique. C’est absurde », déplore le docteur Alain Provost, anesthésiologiste qui intervient dans la clinique Patrick Canonne.

Pour permettre à ce centre de poursuivre son activité, le ministère a de nouveau transmis une offre ce mercredi 29 mars. Il propose à la clinique de devenir un centre médical spécialisé (CMS) et de verser une somme forfaitaire de 150 $ par anesthésie générale avec une rétroactivité pour les interventions faites depuis le 26 janvier. Un CMS doit toutefois être supervisé par un médecin, les services ministériels évoquent donc une affiliation à l’hôpital Sainte-Justine pour obtenir la qualification. Le centre hospitalier fournirait aussi les médicaments et les petits équipements.

« C’est loin d’être pratique. C’est un contournement de la loi, il va falloir que quelqu’un s’occupe de cela à Sainte-Justine et au niveau administratif cela va coûter encore plus cher. C’est inenvisageable », s’insurge Patrick Canonne, le propriétaire de la clinique qui exerce depuis 28 ans à Saint-Léonard.

Engorgement des services d’urgence
La clinique a investi près de 2 M$ pour la création et le fonctionnement du service d’anesthésie depuis trois ans et ses responsables craignent de devoir arrêter cette pratique dans les prochains mois. Les onze inhalothérapeutes qui y travaillent pourraient aussi être mis à pied avec cette baisse d’activité. Après une diminution progressive, la salle d’anesthésie tourne désormais à 50 % et 598 patients sont en attente de rendez-vous.

« Si on avait su, on n’aurait jamais ouvert ce service d’anesthésie générale. On arrive à un cul-de-sac, c’est une clinique cinq étoiles et c’est triste de fermer », regrette Johanne Longpré.

Alors que le gouvernement vient d’investir 35,4 M$ pour désengorger les services d’urgence, la fermeture d’un centre comme la clinique Patrick Canonne pourrait provoquer l’effet inverse. Cette structure prend en charge la moitié des cas d’anesthésies pédiatriques dentaires comptabilisés annuellement dans la province.

« Je travaille à Sainte-Justine et il est impossible de répondre à cette demande-là. Le réseau hospitalier n’est pas capable d’absorber ces patients », prévient le docteur Alain Provost.

L’établissement dentaire pédiatrique acceptait aussi de prendre en charge les enfants handicapés et autistes pour qui l’anesthésie générale est souvent indispensable. Le personnel de la clinique Patrick Canonne se désole de cette situation. « La dentisterie passe en dernier à l’hôpital. Cela va se finir en désastre pour les enfants, car il y aura un ou deux ans d’attente pour des interventions qui doivent se faire rapidement. C’est un cercle vicieux », déplore Elsa Cruz, la cheffe inhalothérapeute de ce centre.

Contacté par TC Media, le ministère de la Santé et des Services sociaux a indiqué que d’autres cliniques sont concernées et que ses fonctionnaires discutent régulièrement avec elles pour trouver une entente « le plus rapidement possible en respectant les demandes des parties ».

Sur les 20 000 patients pris en charge chaque année à la clinique Patrick Canonne, 2500 ont besoin d’une anesthésie générale. Plus de 1200 dentistes du Québec envoient leurs patients vers ce centre dentaire de Saint-Léonard. Certains enfants viennent même de Sept-Îles et Schefferville dans le Nord-du-Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador.

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