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Jeanne-Mance–Viger: Y croire malgré le poids de l’histoire

Photo: Archives Métro

À l’approche des élections générales du 1er octobre, les candidats s’activent dans leurs circonscriptions. Tout au long de la campagne, Métro vous propose un aperçu des enjeux de chacune des circonscriptions de l’île. Aujourd’hui: Jeanne-Mance-Viger.

Depuis sa création en 2001, Jeanne-Mance–Viger a des airs de forteresse libérale. Dans cette circonscription dont les frontières actuelles correspondent à celles de l’arrondissement de Saint-Léonard, les électeurs ont historiquement voté rouge en très forte majorité. En cinq élections générales, jamais un candidat du Parti libéral du Québec (PLQ) n’a obtenu moins de 65% du vote.

L’actuel maire de l’arrondissement de Saint-Léonard, Michel Bissonnet, a occupé les fonctions de député de 1981 à 2008 (d’abord de Jeanne-Mance, puis de Jeanne-Mance–Viger), sous les couleurs libérales, avant que Filomena Rotiroti ne prenne sa relève.

En 2014, celle-ci a obtenu un mandat fort, recueillant un peu plus de 78% des voix. Aucun de ses adversaires ne s’était même approché de la barre des 10% de suffrages.

La députée sortante fera face cet automne à Ismaël Seck, de Québec solidaire (QS), Marie-Josée Bruneau, du Parti québécois (PQ), et Sarah Petrari, de la Coalition avenir Québec (CAQ). Malgré l’ampleur de la tâche, ces «outsiders» demeurent persuadés qu’une surprise est possible, que la tendance lourde est réversible.

C’est pourquoi la candidate du PQ, Marie-Josée Bruneau, compte sur la plateforme nationale afin de faire des gains localement. «Les enjeux de la circonscription se rapprochent de ceux de la province, avec en tête l’éducation, la lutte contre les inégalités et la santé», note celle qui exerce également la profession d’enseignante.

Sarah Petrari, de la CAQ, assure pour sa part que les enjeux provinciaux et les sondages qui font de François Legault un candidat crédible à la victoire sont des éléments relevés par les électeurs. La candidate a cependant constaté lors de ses échanges avec les citoyens que la consommation de cannabis dans l’espace public suscitait de l’inquiétude dans cette circonscription où près de 20% des habitants ont plus de 65 ans. Elle avance donc la proposition de son parti de relever l’âge légal à 21 ans pour répondre aux craintes d’une population «qui a souvent des convictions religieuses et des réflexes conservateurs».

«Il n’y a que deux partis qui font réellement une campagne de terrain à Saint-Léonard, c’est le PLQ et QS», affirme d’emblée Ismaël Seck, candidat de Québec solidaire.

Ce dernier, qui a grandi à Saint-Léonard et qui dit avoir une idée très précise des enjeux locaux, a entamé un travail de terrain depuis plus d’un an pour tisser un solide réseau auprès des citoyens et des organismes communautaires. Il mise aussi sur une mobilisation des habituels abstentionnistes pour créer la surprise. En 2014, l’abstention s’était élevée à près de 29%.

Le transport
Alors que le projet de prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal a été annoncé au cours des derniers mois, la question des transports collectifs demeure un enjeu important.

À Saint-Léonard, 65% des habitants assurent utiliser leur voiture pour se rendre au travail, contre 30% en transport en commun.

Filomena Rotiroti veut poursuivre ses efforts, notamment en matière de pistes cyclables et de sécurisation des voies piétonnes. La députée sortante lie cet enjeu à ceux de la sécurité et de la santé.

Si Ismael Seck reconnaît l’implication de son adversaire dans le dossier du métro, il souhaite un abaissement de 50% du prix du billet, une idée qui se trouve au cœur de la plateforme nationale de QS. Il regrette aussi que Filomena Rotiroti n’ait pas fait le nécessaire pour préserver les institutions de santé au coin de Lacordaire et de Jean-Talon, détruites dans le cadre des expropriations liées au prolongement du métro, malgré le peu d’offres dans le secteur.

L’intégration, un sujet local majeur
La question de l’intégration économique des immigrants est particulièrement importante dans Jeanne-Mance–Viger, une circonscription où 50% de la population est née hors du Canada. La tendance se confirme d’ailleurs, puisque de 2011 à 2016, 7605 personnes immigrantes s’y sont installées, le plus haut chiffre depuis 35 ans. Ici, plus d’une personne sur trois parle plus souvent à la maison une langue autre que le français ou l’anglais, selon les données du dernier recensement; ils parlent l’italien, bien sûr, mais aussi l’espagnol et l’arabe.

Si Sarah Petrari renvoie au programme de la CAQ, qui souhaite «réduire de 20% l’immigration sans toucher au budget», Ismael Seck propose plutôt une consultation publique à Saint-Léonard pour lutter efficacement contre les discriminations et faciliter l’intégration. Il considère qu’une telle démarche permettra de lutter plus efficacement contre le chômage à Saint-Léonard, qui s’élève à 11%.

Forte des résultats historiques du PLQ et de son statut de députée depuis 10 ans, Filomena Rotiroti revendique une connaissance du secteur et de ses habitants, ainsi qu’un bilan fort et des propositions sur les principaux enjeux.

Malgré sa position indéniable de favorite pour le scrutin du 1er octobre, Mme Rotiroti  affirme rester sur ses gardes, voulant conserver son siège. «Je ne tiens rien pour acquis. Je compte bien aller à la rencontre des gens chaque jour de la campagne]», explique-t-elle.

Résultats 2014

  • Filomena Rotiroti (PLQ) : 78,53%
  • Joanie Harnois (PQ) : 8,6%
  • Mario Parent (CAQ) : 8,2%
  • Stéphanie Charpentier (QS) : 3,36%
  • Melissa Miscione (Vert) : 1,1%
  • Garnet Coly : (Marxiste-Léniniste) : 0,21%

Candidats 2018

  • Ismaël Seck (QS)
  • Filomena Rotiroti (PLQ)
  • Sarah Petrari (CAQ)
  • Marie-Josée Bruneau (PQ)

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