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Saint-Léonard : les racines italiennes sont encore fortes

Photo: TC Media Catherine Paquette

À vos babas, pâtissiers et gourmands, Naples débarque à Montréal pour la Semaine italienne, un festival prisé à Saint-Léonard. Mais à une époque où les nouveaux arrivants se mêlent de plus en plus à cette communauté, le drapeau vert-blanc-rouge est-il toujours celui de l’arrondissement? Pour y répondre, TC Media a serré la pince de quelques fiers représentants italiens dans les rues et parcs du quartier.

Rendez-vous sur la place du centre Leonardo Da Vinci, un soir d’été. Le vent s’est levé, mais on se réchauffe sur des rythmes italiens en pratiquant la danse en ligne. Dans ce rassemblement festif, l’anglais et le français se mêlent aux échanges enflammés des Italiens.
L’ambiance a de quoi plaire à la génération qui est restée attachée au quartier qu’elle a bâti.

Cecile Fazioli a quitté la maison familiale de Saint-Léonard il y a plusieurs années pour s’installer à Cartierville. Si elle profite là-bas du calme et de la proximité avec la rivière, elle revient toujours à Saint-Léonard, où elle peut s’amuser à l’italienne.

«Pour nous autres ici c’est vraiment italien. Tout le monde est réuni, s’exclame celle qui a joué au bocce durant plusieurs années au centre Leonardo Da Vinci. Dans l’ouest, des activités, il n’y en a pas autant.» Selon elle, la génération de ses parents est composée d’Italiens qui «n’ont pas assez vécu».

Vous cherchez les Italiens? Rendez-vous au marché, au café-bar, et depuis peu, dans les parcs de l’arrondissement.

Domenico Melfi, copropriétaire de l’Inter-Marché Jean-Talon, constate l’importance des parcs de Saint-Léonard pour les Italiens, devenus au fil du temps leur quartier général. «Ceux qui le peuvent encore physiquement sont très actifs.»

«C’est commode, il y a tout sur Jean-Talon», pense Romeo, qui déplore malgré tout que les commerces aient perdu beaucoup de clientèle italienne avec leur migration vers les banlieues.

«C’est mon quartier, j’ai grandi ici. Toute ma famille est ici», indique Michel, attablé à un café de l’artère commerciale.

Évolution migratoire
On remarque une diminution du nombre de personnes se disant d’origine italienne avec les années. En 2011, au dernier recensement, on en comptait 24 730, contre 28 590 en 2006.

Au cours de la période 2006 à 2011, les nouveaux arrivants en provenance de l’Algérie, du Maroc et d’Haïti ont largement contribué au développement démographique de l’arrondissement, selon le dernier profil sociodémographique daté de 2011.

À Saint-Léonard, patrie des Italiens, ce sont les parents qui gardent le fort. Si beaucoup ont acheté des maisons dans les années 1960, c’est dans les banlieues que leurs enfants ont fondé leur famille.

«Les résidents d’origine italienne qui sont restés, ce sont les propriétaires de duplex, de triplex. Ce sont les parents qui sont restés», constate la directrice du Congrès national des Italo-Canadiens, Josie Verrillo.

Aux yeux de la députée libérale de Jeanne-Mance – Viger, Filomena Rotiroti, deux raisons ont poussé plusieurs Italiens à s’éloigner du quartier.
«Pour une majorité de jeunes, c’est très cher de se construire une maison. Et il n’y a pas autant d’espace que dans les banlieues», indique-t-elle. Selon Mme Rotiroti, plusieurs jeunes reviennent à Saint-Léonard lorsqu’ils atteignent la quarantaine.

«Ils reprennent la maison de leurs parents, mais un petit peu plus tard dans leur jeunesse», lance-t-elle en riant.

«Ceux qui sont encore ici ont leur propriété et font toujours le jardin à l’arrière de la maison», renchérit Domenico Melfi, qui insiste sur la fierté qu’ont les Italiens pour leur résidence et l’entretien des terrains.

Le changement n’est pas inquiétant pour ces représentants de la communauté italienne. «Même si beaucoup de jeunes sont partis ailleurs, il y a toujours des gens qui viennent à Saint-Léonard pour les produits authentiques italiens», assure Mme Verrillo.

Vivre à la canadienne
À Saint-Léonard, l’intégration des Italiens ne se fait pas que par la danse en ligne.

Le conseiller d’arrondissement Dominic Perri fait remarquer l’urbanisme de Saint-Léonard typiquement italien, où les résidences encerclent les écoles et les parcs.

«C’est une communauté qui a su s’intégrer, qui a contribué beaucoup à la société québécoise. Ce sont des entrepreneurs naturels», rappelle Mme Rotiroti.

Selon Josie Verrillo, ceux qui se sont installés à Saint-Léonard ne sont plus tout à fait Italiens. «On est Italo-Canadiens. C’est presque une autre culture, c’est vraiment un mélange des deux pays.»

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