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Programme d’éducation sexuelle: c’est l’affaire de tous, pense une sexologue

hnads of students Photo: Getty Images/iStockphoto

 

Alors que l’annonce du gouvernement de rendre obligatoires les cours d’éducation sexuelle sème la controverse, la sexologue Valérie Lépine, responsable des cours de santé sexuelle déjà donnés dans les écoles de Saint-Léonard et Saint-Michel dans le cadre d’un projet-pilote, estime que la solution se trouve dans la concertation et le dialogue.

«C’est vital pour le programme que tous les acteurs se rencontrent, pas seulement les gens en milieu scolaire», pense Mme Lépine, sexologue et conseillère en promotion de la santé au CIUSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

Depuis trois ans, les infirmières et travailleuses sociales du Centre de santé et services sociaux de Saint-Léonard – Saint-Michel ont déjà sensibilisé plus de 6000 élèves d’âge primaire et secondaire aux notions de respect et de consentement dans la vie sexuelle. Cette année, le projet rejoindra 10 000 élèves de plus et sera donné dans une trentaine d’écoles.

Après l’annonce du gouvernement, la question de la religion sème le doute chez plusieurs, qui prédisent le refus de certains parents de permettre à leurs enfants de suivre ces nouveaux cours.

Travail de concertation
Valérie Lépine voit le dialogue comme une solution à ce possible obstacle.

La consultation non seulement des parents, des organismes communautaires, des politiciens mais également des leaders religieux s’avère incontournable, selon la sexologue, puisqu’ils sont tous des «pairs éducateurs».

«On doit, dès le début, tous s’asseoir à la même table. On doit dire « voici comment ça va fonctionner » à tout le monde, y compris aux leaders religieux», affirme-t-elle.

D’ailleurs, le maintien des personnes ressources dans les écoles est selon Mme Lépine, incontournable afin que la discussion sur la sexualité se poursuive au besoin.

«Souvent, l’élève va voir l’enseignant comme une figure d’autorité. S’il y a une deuxième personne, ça laisse un choix à l’élève d’aller vers qui il veut pour parler par la suite», explique-t-elle.

Le CSSS et le ministère de l’éducation n’ont pas travaillé de concert pour la mise sur pied des deux programmes. Celui du CSSS Saint-Léonard – Saint-Michel touche présentement 21 écoles francophones et 8 écoles anglophones.

Bien qu’aucune école du territoire de Saint-Léonard – Saint-Michel ne soit parmi les 15 écoles choisies par le ministère, Mme Lépine participera à une rencontre à la fin septembre entre divers acteurs du CIUSS et le ministère.

Lors de l’arrivée du programme obligatoire québécois, la sexologue souhaite que les cours déjà donnés soient conservés et deviennent complémentaires.

Consultations et expertises
Au bureau du ministre de l’éducation François Blais, on assure que l’expertise du personnel de l’école, tant des enseignants que des professionnels, sera au cœur du projet-pilote implanté dans 15 écoles dès septembre.

«Tout le personnel n’aura pas un rôle de premier plan à jouer en éducation à la sexualité. Le ministère vise toutefois à ce qu’un maximum d’adultes dans l’école ait un discours sensible et adéquat face à la sexualité», indique Julie White, attachée de presse du ministre de l’éducation François Blais dans un courriel envoyé à TC Media.

À la question de consulter les leaders religieux, l’attachée de presse du ministre de l’éducation répond dans un second courriel que «les apprentissages ont été définis à la suite de consultations auprès des experts et du milieu de l’éducation.»

«Pour l’instant, il n’est pas question d’exemption pour des motifs religieux», rappelle Mme White.

Bon accueil
Mme Lépine assure que le programme intitulé «À vos marques, prêts, respect!», adapté au caractère multiculturel de Saint-Léonard et Saint-Michel, n’a suscité aucune controverse dans le milieu.

Le programme a été bien accueilli auprès des directions d’école, mais également auprès des parents.

«En 2 ans, seulement deux ou trois parents ont réagi», indique la sexologue.

 

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