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263 sacs de seringues distribués depuis 2014 au CSSS Saint-Léonard Saint-Michel

À l’heure où Montréal attend les sites d’injection supervisée promis par nombre de politiciens, un nombre grandissant d’utilisateurs de drogue par injection se rendent chaque mois au centre d’accès au matériel d’injection mis sur pied par le CSSS Saint-Léonard – Saint-Michel en 2013. Dans les deux années ayant suivi son implantation, on a distribué 549 ensembles de seringues en plus d’accompagner de plus en plus d’utilisateurs.

Le comptoir d’accueil du CLSC Saint-Michel sur la rue Jarry est marqué d’un logo que les utilisateurs de drogue par injection (UDI) connaissent bien. Depuis 2013, on ne fait plus que donner un sac de seringues stériles comme le font plusieurs CLSC de la ville.

Selon la conseillère en promotion de la santé Valérie Lépine, l’augmentation du nombre de visite est signe que le service est devenu indispensable.

En 2012-2013, seulement 12 visites avaient été comptabilisées. En 2014-2015, c’est 263 sacs qui ont été distribués.

«On voit souvent que les même personnes reviennent, mais aussi de nouvelles personnes, parce que cela a fonctionné avec le bouche-à-oreille. Il y a des gens du centre-ville, de l’est de la ville, de l’extérieur de Montréal», indique-t-elle.

Pour obtenir le matériel stérile dont ils ont besoin, ils n’ont qu’à se présenter au comptoir, à l’écart des visiteurs, pour que les réceptionnistes signalent leur présence à une infirmière.

L’infirmière a ensuite 15 minutes pour venir à la rencontre de l’utilisateur et lui offrir, en plus d’un sac de seringues et de tampons désinfectants, un accompagnement «personnalisé» dans une autre pièce.

«Le but c’était de se rapprocher le plus possible au niveau du savoir-faire, du savoir être avec ces gens-là, qui sont victimes de beaucoup de préjugés», explique Mme Lépine.

Moment critique
Avant l’implantation du service, c’est la réceptionniste qui distribuait les sacs de matériel, à la va-vite.

«Les UDI sont souvent pressés. Ils n’ont pas envie d’être identifiés, ils ont l’impression que tout le monde sait ce qu’ils viennent chercher. Arriver dans un lieu officiel, gouvernemental, c’est souvent peu attirant pour eux», explique Mme Lépine.

L’illégalité des substances consommées, la pression du dealer qui peut attendre tout près, la sensation de manque font de chaque visite un moment critique pour les utilisateurs de drogue par injection.

Or, beaucoup apprécient qu’on prenne le temps de les connaître plutôt que de simplement donner le matériel, selon Mme Lépine. Le contact établi permet de dépister un plus grand nombre d’utilisateurs pour le VIH et l’hépatite C, entre autres.

Les gens de Saint-Léonard doivent toutefois se rendre jusqu’au comptoir de Saint-Michel pour avoir accès au matériel stérile. Le CLSC de Saint-Léonard ne donne pas le service.

Dans le quartier, deux pharmacies distribuent également des kits de matériel, pour la somme de 1$. Les pharmaciens contactés par TC Media ont estimé le nombre de sacs vendus de 1 à 35 par semaine.

Les sites d’injection supervisée attendus
L’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues (AQPSUD) salue l’approche personnalisée du CSSS Saint-Léonard – Saint-Michel, mais rappelle que beaucoup reste à faire pour les UDI.

Selon le porte-parole, Gedi, 97 % des UDI restent à l’écart des réseaux de la santé.

«Si on arrive à offrir une approche où l’individu est respecté pour son individualité, ça ne peut apporter que du bien. Il ne faudrait toutefois pas que ça soit fait dans le but de l’amener vers une thérapie dont il ne veut pas.»

Les sites d’injection supervisée (SIS) sont attendus depuis 2003, dans un système «plus que prêt à les recevoir».

«Il y a un espoir ravivé par les changements de politiques au fédéral en ce moment, affirme Gedi. Mais on nous l’a promis depuis très longtemps déjà».

À Montréal, quatre centres seront implantés au sein d’organismes communautaires, soit Cactus, Dopamine et Spectre de rue, en plus d’un service mobile avec l’unité d’intervention mobile l’Anonyme, lorsque le gouvernement provincial obtiendra l’exemption qu’il demande au gouvernement fédéral.

L’agence de la santé de Montréal estime à 4000 le nombre d’UDI dans la métropole.

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