Boîtes de don de vêtements: attention aux arnaques!

Ottawa serre la vis aux exploitants de fausses boîtes de don de vêtements. Le Bureau de la concurrence du Canada a adressé hier un avertissement à deux entrepreneurs frauduleux de la région de Montréal qui prétendaient recueillir des dons pour des œuvres caritatives.

Le Bureau de la concurrence a sommé ces entrepreneurs de modifier les renseignements affichés sur leurs boîtes.

« Le Bureau est intervenu pour s’assurer que les renseignements offerts aux consommateurs sont clairs et véridiques, ce qui leur permet de prendre des décisions éclairées. Nous espérons que cette intervention envoie un message ferme aux autres entreprises qui envisagent d’avoir recours à une approche similaire », déclare dans un communiqué Matthew Boswell, sous commissaire principal de la concurrence.

Depuis quelques années, le nombre de fausses boites a explosé dans le Grand Montréal, dupant ainsi les donateurs.

Les informations mensongères figurant sur ces boîtes indiquent que les dons seront reversés à une œuvre caritative. Or, les vêtements donnés sont revendus et exploités par ces entreprises à des fins commerciales, et ceci sans que les dons soient reversés à ces œuvres.

Dans certains cas, ces entreprises vont même jusqu’à imiter les boîtes de dons d’organismes de bienfaisance existants.

En 2014, le Bureau de la concurrence était déjà intervenu dans une affaire similaire à Vancouver pour exiger des exploitants la rectification de leur message.

Des organismes caritatifs lésés et découragés

Ce jeu de dupes a de graves répercussions sur les organismes caritatifs dont la survie dépend des dons du public.

Philippe Siebes, directeur général de la fondation Le Support, un organisme utilisant le recyclage pour œuvrer auprès de personnes atteintes de déficiences intellectuelles, se dit découragé par ce phénomène qui « perdure depuis près de 4 ans et s’étend partout à Montréal ».

« Ces entrepreneurs frauduleux continuent de faire la pluie et le beau temps, dénonce-t-il. Ils jouent au chat et à la souris avec les municipalités, déplaçant leurs boites à chaque nouvel avertissement. »

D’après Philippe Siebes ce n’est d’ailleurs pas deux, mais douze entreprises douteuses que ses équipes auraient répertoriées dans le Grand Montréal.

Sa fondation qui avait permis de redistribuer près de 1.5 M$ dollar en 2012, n’enregistre plus que 500 000 dollars en 2015.

Des réglementations municipales menées « sans discernement »

En réponse à la multiplication des boîtes de don, plusieurs arrondissements de Montréal, dont Saint-Léonard, ont adopté des règlements pour les encadrer.

« Je salue le travail du Bureau de la concurrence, mais au niveau des municipalités, on jette parfois le bébé avec l’eau du bain, remarque le directeur de la fondation communautaire Le Support. Ce n’est pas une solution d’interdire ces boites, car les premières victimes sont les organismes comme le nôtre, et les citoyens », ajoute-t-il.

Le directeur de la fondation, en plus d’incriminer la concurrence déloyale, dénonce une réponse municipale inadaptée. Son organisme, pourtant habilité et accrédité par l’Agence du revenu du Canada, a dû retirer ou déplacer plus d’une centaine de boites de dons, ces six derniers mois, en raison des réglementations des municipalités.

«Aujourd’hui, nous avons de moins en moins de ressources pour répondre aux besoins qui sont toujours aussi présents. Et c’est ça qui est le plus dommage », constate-t-il amèrement.

À Saint-Léonard, plus d’une vingtaine de boîtes de dons de vêtements avaient été retirées du territoire l’automne dernier. Selon le règlement adopté en 2013 par l’arrondissement, les boîtes doivent appartenir à des organismes de bienfaisance enregistrés à l’Agence du revenu du Canada, mais aussi se loger contre le mur arrière ou latéral d’un bâtiment de plus de 2000 m2.

Pour s’assurer que les dons se rendent bien au bon endroit, le Bureau de la concurrence invite les consommateurs à faire preuve de discernement et à lire cet avis.