Saint-Léonard: la précarité économique gagne du terrain

Le territoire de Saint-Léonard est fortement touché par la défavorisation matérielle alors que près de deux personnes sur cinq vivent dans des conditions difficiles.

Selon le Regard sur la défavorisation publié par la Direction régionale de la santé publique (DSP), le territoire de l’ancien centre de santé et services sociaux Saint-Léonard–Saint-Michel est l’endroit le plus vulnérable économiquement à Montréal.

En incluant le territoire de Saint-Michel, c’est près de 85% de la population du secteur qui vivent sans emploi, sans diplôme ou sous le seuil du faible revenu.

Une situation qui ne surprend pas les organismes locaux qui ont vu leur clientèle augmenter au cours des dernières années.

«Il y a trois ans, nous accueillions une trentaine de ménages à notre comptoir alimentaire. Aujourd’hui, nous avons 90 inscrits», mentionne Ellen Schrybert, présidente de la Société Saint-Vincent-de-Paul – Saint-Léonard.

Immigration
La forte présence immigrante sur le territoire serait un facteur important, souligne la DSP.

«L’est de Montréal est un territoire difficile. Nous n’y retrouvons pas les mêmes défis que dans l’Ouest, notamment au sujet de l’immigration. L’insertion professionnelle est ardue pour eux et ils ont souvent de faibles revenus», indique Louis-Robert Frigault, chef de service au Service des connaissances de la Direction régionale de santé publique du Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Une situation que constate régulièrement Lina Raffoul, directrice d’Horizon Carrière.

«La pauvreté est présente beaucoup plus longtemps chez les nouveaux arrivants. Ce n’est plus un simple parcours de passage. Ils ont plus de difficulté à se trouver un emploi et même d’arriver à l’étape d’entrevue», soutient Mme Raffoul.

Au cours des dernières années, l’organisme d’insertion à l’emploi a créé des services dédiés aux immigrants et nouveaux arrivants, mais ceux-ci ne suffisent pas à la demande.

Financement
Selon Horizon Carrière, une des façons de renverser la situation est, entre autres, de continuer de financer des programmes d’insertion à l’emploi.

«Il faut que l’offre de services réponde aux besoins actuels, mais pour cela, il faut changer les lunettes des bailleurs de fonds. À Saint-Léonard, nous travaillons tous très fort, mais nous avons peu de portes ouvertes pour soutenir les nombreuses idées qui foisonnent», fait valoir Mme Raffoul.

«Il faut également renforcer le filet social et économique, notamment en offrant davantage de logements salubres et qu’il y ait une constance dans les projets de lutte aux inégalités», ajoute Adam Mongodin, coordonnateur territorial de santé publique pour le CIUSSS de l’est de Montréal.

Ce printemps, Saint-Léonard a été choisi par Centraide et recevra un «soutien financier intensif», dans le cadre de son Projet impact collectif (PIC) qui vise la réduction de la pauvreté dans 17 quartiers montréalais.