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Trouver des commerçants pour Jean-Talon Est, un défi

Photo: Audrey Gauthier/TC Media

Les pancartes «à louer» se multiplient sur Jean-Talon Est, un secteur commercial qui a actuellement 72 000 pieds carrés d’espace commercial vacant. La situation n’est «pas critique», selon la Société de développement commercial, mais elle démontre «qu’il reste beaucoup de travail à faire» pour rendre le secteur attractif.

En marchant sur la rue Jean-Talon, entre la rue de La Villanelle et le boulevard Viau, on compte facilement plus d’une vingtaine de locaux qui cherchent preneurs. Au total, il y a 37 000 pieds carrés libres au rez-de-chaussée et 35 000 au premier étage des immeubles de l’artère commerciale.

«Nous avons de la difficulté à trouver des locataires, car il y a beaucoup de choix. De plus, de nombreux locaux vides ont l’air abandonné», indique Nicola Fiasche, courtier immobilier et ancien président de la Chambre de commerce de Saint-Léonard.

Il ajoute que plusieurs propriétaires vont jusqu’à «offrir des mois gratuits pour trouver preneur».

Pourtant, Jean-Talon Est est la seule artère commerciale de l’arrondissement de Saint-Léonard. Comment expliquer qu’elle n’attire pas plus de locataires?

D’une part, trop de commerçants y vendraient les mêmes produits ou offriraient les mêmes services, explique SylvainTardif, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) de la rue Jean-Talon Est.

«Une grande partie de notre offre sur la rue Jean-Talon est composée d’entreprises de services, comme des notaires, avocats, etc.»

D’autre part, il manquerait de sang neuf pour attirer de nouvelles clientèles.

«Si un nouveau commerce offre les mêmes produits qu’un voisin, ils se volent la même clientèle. Nous devons amener de nouvelles entreprises qui vont attirer de nouveaux clients de l’extérieur de l’arrondissement», soutient Nicola Fiasche.

Un potentiel
Le taux de vacance pourrait devenir dramatique si le secteur n’avait pas un «potentiel à exploiter».

«Nous sommes dans un secteur en transformation. La rue Jean-Talon sera revitalisée au cours des prochaines années et nous avons mis des stratégies en place pour répondre aux besoins de la clientèle», indique Sylvain Tardif, rappelant le projet de la Ville de Montréal qui souhaite investir plus de 5 M$ au cours des prochaines années pour rendre Jean-Talon plus sécuritaire et agréable. Les travaux pourraient commencer en 2017.

Selon des études de marché réalisées par la société commerciale, l’artère a un chiffre d’affaires potentiel de 490 M$. Actuellement, il avoisine les 20 M$.

«Si le potentiel du quartier était bas et qu’il n’y avait pas l’embellissement de la rue, je pourrais dire que le taux de vacance est dangereux», souligne M. Tardif.

Les propriétaires

Jacques Nantel, professeur en marketing aux HEC et spécialiste du commerce, est d’avis que la rue Jean-Talon a bel et bien un fort potentiel économique. «Le secteur est entouré de résidences. C’est un bon point de départ. De plus, avec la revitalisation et l’arrivée de la ligne bleue, il y aura clairement un impact favorable.»

Mais, pour qu’elle réalise son plein potentiel, trois éléments doivent être mis en place, soit rendre la rue agréable, offrir une mixité de commerces et rendre l’endroit facilement accessible.

«S’il y a une mixité de commerçants, ça aura également un impact pour les propriétaires, car la valeur de leur immeuble sera augmentée», poursuit M. Nantel.
Il faudra aussi rehausser la qualité des commerces.

«Les propriétaires d’immeubles ont un grand rôle à jouer dans le développement du secteur. S’ils entretiennent leurs bâtiments et choisissent des entreprises de bonne qualité qui diversifient notre offre, celles-ci répondront à la demande de la clientèle», explique Sylvain Tardif.

Sensibiliser les propriétaires

La Société de développement commercial (SDC) de la rue Jean-Talon Est est allée chercher du financement de la Ville de Montréal pour embaucher un employé qui œuvrera au développement de stratégies commerciales.

«Celui-ci rencontrera les propriétaires. Selon les besoins du secteur et les demandes du propriétaire, il mettra en place des stratégies commerciales pour amener de nouvelles entreprises dans le secteur. Nous voulons bâtir une relation de confiance avec eux», fait valoir Sylvain Tardif, directeur général de la SDC.

L’employé devrait être engagé au cours du mois d’août et rencontrer les premiers propriétaires, cet automne.

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