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Les effets de la gentrification sur l'alimentation

Photo: (Photo: Gracieuseté - Aaron Vansintjan)

Depuis que plusieurs restaurants abordables ont fermé leurs portes au profit de chaînes de restauration pouvant se permettre de payer le loyer, les résidents moins fortunés de Saint-Henri vivent l’isolement et la précarité alimentaire. C’est ce que révèle l’étude réalisée par Lucie Le et Aaron Vansintjan, deux étudiants universitaires, sur l’impact de l’embourgeoisement sur l’offre alimentaire.

Après quatre mois de recherche à discuter avec les résidents du coin, ils ont dévoilé leurs conclusions lors d’un rassemblement d’une vingtaine de personnes à la Société historique de Saint-Henri, le 31 août.

Le Black Jack, Chez Mitch, Déli Sokolow et le Rose-de-Lima Café ne sont que quelques exemples d’espaces alimentaires abordables ayant été rayés de la carte au profit de nouveaux restaurants plus huppés.

L’augmentation des loyers, résultat du pullulement des tours à condos et des commerces sophistiqués dans le secteur, est certes l’une des raisons du départ de ces restaurants de quartier, selon l’étude.

Toutefois, l’idée de vouloir plaire aux nouveaux résidents, plus fortunés, est également l’un des facteurs principaux derrière le changement drastique de la «Dame», comme les anciens résidents se plaisent à appeler l’artère commerciale principale du quartier.

«Il y a clairement un sentiment de frustration et de dépossession du quartier de la part des résidents de longue date ou à faible revenu», souligne Lucie Le, étudiante à la maîtrise en urbanisme à l’Université de Montréal.

Selon elle, c’est le résultat de l’inadéquation de la nouvelle offre alimentaire dans Saint-Henri, celle à destination des plus fortunés étant beaucoup plus importante.

Isolement
Les anciens restaurants de quartier ne représentaient pas uniquement une offre alimentaire abordable, ils étaient également des lieux de rencontre pour les résidents. Depuis leur fermeture, l’isolement social est un phénomène de plus en plus présent.

Leur remplacement par des restaurants plus dispendieux oblige maintenant une certaine mixité sociale. Malheureusement, aux dires de Mme Le, il y a une quasi-absence d’interactions entre les résidents de différentes catégories de revenus.

«Malgré les bonnes intentions de certains commerçants, ce n’est pas parce qu’on mixte des gens plus aisés avec des gens plus démunis que ça va fonctionner. Il faut réfléchir à ce qui est compatible», soutient-elle.

Solution
La résolution de ces problèmes passe avant tout par l’égalité de l’offre alimentaire. «Nous considérons que c’est possible d’y parvenir en appuyant les initiatives communautaires comme les marchés solidaires ou les jardins communautaires par exemple», suggère Aaron Vansintjan, doctorant de l’Université de Birkbeck à Londres.

En plus de satisfaire à la demande grandissante de produits frais abordables, ces espaces collectifs contribuent à diminuer l’isolement.
Les résidents présents au rassemblement citoyen ont aussi apporté leurs lots de solution au problème.

Plusieurs ont évoqué l’idée d’une cuisine collective ou d’un food truck offrant des légumes et autres produits frais. D’autres en profitaient pour s’échanger des adresses de restaurants ou d’épiceries bon marché.

Bien que la majorité des interventions citoyennes étaient parfois empreintes d’animosité, les solutions suggérées étaient pertinentes selon les présentateurs, en plus d’appuyer la thèse que la nourriture rassemble les gens.

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