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Oliver Jones tire sa révérence en grand

Photo: (Photo: TC Media - Denis Germain)

Visiblement ému, le jazzman Montréalais Oliver Jones est monté sur scène pour jouer une dernière pièce devant son public, à la toute fin du spectacle tenu en son honneur, samedi après-midi. L’événement se déroulait au coin des rues Workman et Georges-Vanier, tout près de son ancienne demeure où il a pianoté pour la première fois à l’âge de trois ans.

«C’est un jour qui va rester dans mon cœur toute ma vie, a lancé l’homme de 83 ans au public. Ça fait 77 ans que je donne des spectacles et je peux officiellement dire que je suis retraité».

C’est à croire que toute la Petite-Bourgogne s’était réunie pour l’occasion. La foule était très nombreuse, envahissant les rues avoisinantes pour ne rien manquer de ce spectacle qui mettait en scène plusieurs artistes ayant marqué la vie d’Oliver Jones. Son passage dans leur vie a tout autant laissé des souvenirs intarissables.

Histoires de famille
«Je le considère comme mon oncle. Mon père et lui étaient indissociables à une époque. C’est un homme très généreux et surtout très humble», a raconté Charles Biddle Jr, qui était responsable de l’animation du spectacle avec Kim Richardson.

Aux dires d’Oliver Jones, le réputé musicien Charles Biddle a propulsé sa carrière il y a de cela près de 40 ans. C’est à son club de jazz qu’il a fait ses débuts dans le style pour lequel il est maintenant reconnu. L’animateur était d’ailleurs très touché de savoir que son père avait joué un rôle aussi important dans la vie du célèbre pianiste.

Pour la chanteuse Ranee Lee, sa grande amie depuis maintenant 45 ans, Oliver Jones est comme un frère. Elle était particulièrement heureuse de pouvoir faire partie de ce spectacle hommage.

«Il m’a appris beaucoup musicalement parlant, mais surtout à propos de l’amitié», a mentionné la chanteuse après sa prestation. Ses prouesses sur scène ont fait rigoler M. Jones à maintes reprises.

Le jeune prodige de 17 ans, Daniel Clarke Bouchard, admire celui qu’il considère comme un mentor. Ayant commencé le piano au même âge, il aspire à suivre ses traces.

«C’est quelqu’un qui m’a inspiré pendant tout mon début de carrière. Je peux lui demander son avis pour ma musique, mais il me donne surtout des conseils de vie, comme être gentil avec tout le monde», a souligné le jeune pianiste.

Plusieurs autres artistes étaient de la partie, comme Moah, Skinner Dean et les sœurs Fils-Aimé. Les membres du Montreal Jubilation Gospel Choir, sous la direction de Trevor Payne, ont clos le spectacle. Une finale tout en énergie avant de laisser la place au maître et ses doigts de fée pour une dernière prestation, qui s’est terminée par une ovation.

Centre communautaire
Oliver Jones n’aurait jamais pu croire que sa carrière prenne un tel envol. Petit, il admirait Oscar Peterson, son voisin, après l’avoir entendu jouer à la Union United Church sur la rue Delisle. C’est aussi dans cette église de Saint-Henri qu’Oliver Jones a fait son premier spectacle à 5 ans.

Le voilà maintenant un musicien de la même trempe, célèbre non seulement dans son quartier, mais à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, celui qui a déjà joué pour la Reine Élizabeth et a fait le tour du monde plusieurs fois revient régulièrement visiter les jeunes de la Petite-Bourgogne pour leur dire de ne jamais cesser de rêver.

C’est d’ailleurs pour tout le temps qu’il leur consacre que le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, a décidé de nommer le centre communautaire de la rue Dominion en son honneur.

«Pour moi c’était important de lui rendre hommage, non seulement parce que c’est un géant du jazz, mais surtout parce qu’il n’a jamais oublié d’où il vient. J’admire le fait qu’il dise aux jeunes que, même si on vient d’un milieu modeste, on peut réussir», a-t-il souligné après l’événement dont il est l’instigateur.

Chaque fois qu’Oliver Jones vient faire son tour dans le coin, il est épaté de voir à quel point les lieux de son enfance ont changé. Il revoit son quartier de l’époque, mais en version améliorée selon lui, avec la même diversité culturelle et le talent artistique.

Maintenant retraité, il compte continuer à s’impliquer auprès des jeunes de la Petite-Bourgogne encore longtemps. «Un jour, a-t-il conclu, ce seront eux que nous verrons à la télévision».

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