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Shaun Fawcett: l'artisan du passé

Photo: (Photo: TC Media - Patrick Sicotte)

Résident de Griffintown depuis 21 ans, Shaun Fawcett a connu le quartier à l’époque où il était pratiquement inhabité. Maintenant que plusieurs tours à condos ont poussé et que le secteur est bondé de nouveaux résidents, il souhaite donner aux nouveaux venus une manière tangible de connecter avec le passé industriel du quartier, ce qu’il a fait par l’artisanat, en fondant son entreprise Griffinworks.

L’ébéniste manie le bois et l’acier recyclé pour en faire des meubles, comme des bancs, des têtes de lit ou des tables à café. Tout est pensé de manière à rappeler la place fondatrice qu’a eue Griffintown dans l’histoire montréalaise.

«Ce sont des matériaux que l’on retrouvait beaucoup à l’époque. Il y avait plusieurs fonderies et beaucoup de constructions étaient faites en bois», mentionne l’homme de 68 ans. Il fait notamment référence à la fonderie Eagle ou Darling, toutes deux datant de l’époque de la révolution industrielle, entre 1820 et 1900.

(Photo: Patrick Sicotte)

Pour solidifier le lien entre le passé du quartier et ses confections, M. Fawcett a décidé de nommer chacune de ses pièces en l’honneur d’anciennes rues, comme la rue Colborne qui est maintenant Peel, ou la rue McCord dorénavant appelée de la Montagne. Les objets sont aussi décorés d’un médaillon à l’effigie de sa compagnie pour attester de leur héritage.

Ce médaillon est un clin d’œil à l’histoire du quartier. Trois lignes représentent les forces motrices derrière Griffintown, soit les industries, les rails de chemin de fer et les navires. La double coloration fait quant à elle référence aux deux matériaux préconisés dans la confection des objets, tandis que son style antique et son ternissement vieilli ont été spécialement choisis pour transmettre une connexion authentique avec le passé industriel du secteur.

Passionné d’histoire
Arrivé à Montréal en 1996, Shaun Fawcett s’est installé dans le quartier par hasard. L’homme originaire d’Ontario a visité plusieurs autres endroits avant d’arrêter son choix sur un condo de la rue Notre-Dame Ouest.

«Personne ne comprenait pourquoi je m’étais installé là-bas. À l’époque ce n’était pas connu, c’était pratiquement abandonné, il devait y avoir maximum 500 habitants», explique-t-il.

Il avoue avoir été charmé par la richesse du secteur, son histoire et ses vieilles usines abandonnées. Ce n’est qu’en allant discuter avec le propriétaire du Café Griffintown, voisin de sa nouvelle résidence, qu’il apprit qu’il avait déménagé dans Griffintown, un nom qui lui était auparavant inconnu.

Il se mit à s’informer sur le quartier, à travers des ouvrages comme An Irish Heart de Sharon Driedger ou 20th century Griffintown in Pictures de Richard Burman, ce qui devint une véritable passion.

(Photo: Patrick Sicotte)

Aujourd’hui, l’homme se plaît à retracer l’histoire de Griffintown à travers la vitre de son salon, dans son condo du Lowney 3, tout juste à côté de l’ancienne chocolaterie. De là-haut, sa vue est imprenable, pouvant voir l’endroit où un avion bombardier s’est écrasé en 1944 – sur deux maisons des rues Shannon et Ottawa – et la New City Gas, qui se classe parmi les plus grosses usines à gaz de première génération au monde.

Malgré les nombreux changements, M. Fawcett n’a que du positif à dire sur le développement urbain du quartier qu’il a connu à l’abandon. Avec ses jeunes habitants, son dynamisme et son riche passé, il n’a jamais regretté d’y avoir emménagé.

Ses débuts
En 2015, Shaun Fawcett a voulu matérialiser son savoir historique en confectionnant des objets, une manière tangible de connecter avec le passé selon lui, en commençant par une table à café pour sa fille.

Petit à petit, il a élargi sa collection qu’il fabrique à l’atelier Helios Makerspace dans Saint-Henri, et voilà qu’il possède maintenant un site internet pour sa compagnie Griffinworks étalant un éventail de choix d’ameublement.

Cette idée qui avait germé il y a de cela deux ans est maintenant officiellement un emploi à temps plein et M. Fawcett se réjouit que ses affaires fonctionnent bien, comptant plusieurs clients locaux.

«Un couple de Griffintown m’a commandé une tête de lit, un autre des planches de service et il y a aussi des gens de Saint-Henri qui ont acheté de mes produits», ajoute-t-il.

Il compte continuer dans cette lancée pour les prochaines années, ayant découvert une véritable passion pour l’ébénisterie.

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