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Retracer le passé de Griffintown

Photo: (Photo: Gracieuseté - Arrondissement Sud-Ouest)

De nombreux artéfacts datant du 19e et du 20e siècle ont été trouvés au chantier du bassin de rétention William, qui s’est avéré être une véritable mine d’or pour les archéologues de la coopérative Artefactuel. À mi-chemin dans leurs fouilles, ils ont présenté leurs trouvailles aux résidents de Griffintown lors d’une visite du site délimité par les rues Dalhousie, Ann, Ottawa et William.

Du côté de la rue Dalhousie, il était possible de voir la fondation d’un immeuble à logements de deux étages. «C’était probablement des familles ouvrières qui y habitaient, souligne l’archéologue Luce Lafrenière-Archambault. Les gens n’étaient pas très riches, donc ce sont de tout-petits logements qui pouvaient abriter une famille de 10.»

Au coin des rues Ann et Ottawa, se trouvait la maison du boulanger Joseph Wilye dans laquelle il s’est installé en 1825.

Dans sa cour arrière, plusieurs trouvailles relatives à son occupation ont été faites. Toutefois, c’est la toilette sèche qui permettra éventuellement aux archéologues de retracer plus précisément son mode de vie.

«En faisant analyser les excréments, on peut déterminer ce qu’il mangeait ou les maladies qu’il a contractées. Ça peut nous donner beaucoup plus de détails que le vaisselier par exemple», renchérit l’archéologue.

Industries
La rue Ann accueillait jadis la St. Ann’s School, qui deviendra ensuite l’école William Lunn pour terminer en manufactures de chapeaux.

Une bonne partie de la fondation de la Buckley Brooks Hat Manufacturing Co. était encore intacte et il était possible d’y voir un urinoir. Le linteau au-dessus de l’entrée des filles de l’école St. Ann a également été trouvé, ainsi qu’un cadre de porte.

Au moment de la visite, le 16 mai, il ne restait plus que la partie nord à fouiller. L’espace était à l’époque entièrement occupé par la fabrique de charrues James Patterson, puis par une usine de scies et de tuyaux.

Une fois les fouilles terminées, les travaux de construction du bassin commenceront et tout le quadrilatère sera rasé, laissant comme seuls vestiges du passé les photos, les objets et les publications réalisées par Artefactuel.

Artefacts
Des moules à chapeaux, de la vaisselle de porcelaine, une pipe, une clochette, des os de poulet, une semelle de chaussure d’enfants et des bouteilles en verre faisaient notamment partie de la série d’artefacts étalés sur des tables à l’intérieur de la roulotte.

À l’arrière, Luis Trudel-Lopez, archéologue de terrain, s’affairait au nettoyage des artefacts. «Il y a deux façons de faire, soit à l’eau ou à sec. Les os sont nettoyés à sec pour éviter que des champignons se développent, le métal et les matières organiques aussi», précise-t-il.

Une fois les objets nettoyés, ils sont envoyés vers la culture matérielle, où des archéologues de laboratoire, comme Marie-Hélène Daviau, entrent en jeu. «On s’occupe de trier les artefacts, de les inventorier et de les classifier par matériaux, explique-t-elle. La marque, le mode de fabrication et le contenu nous permettent de reconstituer les habitudes entourant l’objet et d’en savoir plus sur la vie des occupants.»

En général, pour une semaine de travail sur le terrain, deux semaines sont consacrées au travail de laboratoire et trois semaines à l’écriture. Les objets sont ensuite envoyés à la réserve archéologique de la Ville de Montréal, de Québec ou au ministère de la Culture. Certains d’entre eux sont même parfois retournés à leur propriétaire.

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