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Des dizaines de familles menacées d’éviction dans Saint-Henri

Photo: (Photo: Voix Pop - Justine Gravel)

Une quarantaine de familles pourraient être mises à la porte de leur logement après l’acquisition de quatre immeubles de Saint-Henri par Hillpark Résidentiel. La nouvelle compagnie immobilière, formée des associés Jeremy Kornbluth et Brandon Shiller, aurait déjà commencé à faire pression auprès des locataires, dont la majorité vit sous le seuil de la pauvreté, pour qu’ils résilient leurs baux afin de rénover les lieux.

«Les trois quarts des locataires sont établis à Saint-Henri depuis longtemps. Leur réseau social est ici, leurs enfants vont à l’école ici, leurs petits-enfants sont ici. Personne n’avait l’intention de déménager, mais c’est ce que le nouveau propriétaire veut, et probablement pour faire des logements qu’on ne pourra pas se permettre de payer par la suite», déplore l’une des locataires, Dominique Gaucher.

Si aucune demande de permis de rénovation n’a encore été faite pour les quatre immeubles en cause, situés sur les rues Saint-Augustin, Saint-Philippe, du Collège et Saint-Antoine Ouest, les résidants ont tout de même raison de s’inquiéter, selon Mme Gaucher. Plusieurs d’entre eux disent avoir déjà reçu des appels des propriétaires pour les inciter à quitter en échange d’une somme d’argent.

«Moi, ce qui me dérange, c’est de voir tous les blocs près de moi se faire mettre une couche de peinture et se faire par la suite louer pour le double du prix. Quand est-ce que ce genre de pratique va être réglementée?», renchérit une autre locataire, Andrée Cadieux, qui habite Saint-Henri depuis 59 ans.

Pratique courante
Hillpark Résidentiel n’est d’ailleurs pas la seule compagnie à user de ce stratagème dans le quartier. En septembre, une dizaine de locataires de la rue Bourget ont reçu une lettre d’éviction de la part du Groupe Devcon, la compagnie nouvellement propriétaire de leur immeuble.

«À ce moment, ils n’avaient pas encore obtenu de permis. Mais, un huissier est venu nous voir la semaine dernière, de façon conforme, avec un permis de rénovation octroyé par l’arrondissement, pour procéder à l’agrandissement des logements», souligne l’une des locataires de cet immeuble, Isabelle Monast-Landrieau.

Selon la jeune femme, aucun résidant de l’immeuble ne peut se permettre de déménager, considérant l’augmentation faramineuse des prix des logements dans le quartier. «Je pense que l’arrondissement a un rôle à jouer pour mettre fin à ces tactiques de spéculation immobilière», rétorque-t-elle.

Ni Hillpark Résidentiel, ni le Groupe Devcon n’ont retourné les appels de La Voix Pop à ce sujet.

Solutions
Selon le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, il n’y a pas de solution miracle pour mettre fin à cette pratique.

«Si on pouvait le faire en un claquement de doigts, on le ferait, mais on fait face à une partie d’échecs. Chaque fois qu’on s’attaque à un phénomène, de nouveaux stratagèmes sont utilisés», dit-il, soulignant que l’arrondissement a pris différentes mesures ces dernières années pour contrer la gentrification, notamment de mettre fin à la conversion d’immeubles locatifs en copropriétés divises.

Pour Patricia Viannay, organisatrice communautaire au POPIR–Comité Logement, un organisme visant à défendre les droits des plus démunis, il existe des solutions. «Il faudrait réviser la façon dont on donne les permis de rénovation, afin de pouvoir faire des vérifications. Une fois que le permis est octroyé, ce sont les locataires qui doivent prouver les mauvaises intentions du propriétaire à la Régie du logement et c’est un lourd fardeau», explique-t-elle.

En 2009, l’arrondissement a modifié son règlement régissant la démolition d’immeubles dans le but de mieux protéger les locataires. Le texte législatif impose désormais au propriétaire de soumettre ses plans à un comité d’étude et permet un délai de 30 jours à toute personne voulant s’opposer à la décision du comité.

Mme Viannay souhaiterait que ces étapes soient également applicables au règlement régissant les rénovations résidentielles.

Une rencontre entre les locataires des immeubles en cause, les membres du POPIR–Comité logement et les élus est prévue le 20 novembre dans le but de trouver des solutions à ce problème grandissant.

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