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CJE: les nouveaux critères feront mal dans le Sud-Ouest

Photo: Hugo Lorini / TC Media

Avec le changement aux règles d’admissibilité annoncé par le gouvernement du Québec, 9 personnes sur 10 qui franchissent actuellement la porte du Carrefour jeunesse-emploi (CJE) du Sud-Ouest ne pourront plus profiter de ses services. Une décision que dénonce son directeur, Eric Lefebvre.

«Techniquement, 89% ne pourront plus recevoir de services», déplore-t-il. «Où vont-ils aller? C’est la question qu’on se pose, et on n’a pas de réponse.»

Fin de l’universalité
Le CJE a ouvert ses portes en 2001. Il accueille les personnes âgées de 16 à 35 ans qui veulent développer leur employabilité.

Étudiants, travailleurs, sans chèque, prestataires de l’aide sociale et de l’assurance-emploi, chacun est bienvenu quel que soit son statut. Un seul critère: avoir entre 16 et 35 ans. «N’importe quel jeune a accès aux services», note M. Lefebvre.

Le ministère de l’Emploi et de la solidarité sociale, qui finance la mission de base des 110 CJE de la province, a décidé de modifier les règles du jeu. À compter du 1er avril prochain, ils devront prioriser les prestataires de l’aide sociale et de l’assurance-emploi, qui sont peu nombreux à se présenter au CJE du Sud-Ouest malgré les efforts déployés pour les rejoindre.

Québec veut que l’argent injecté dans les CJE serve à prioriser le retour en emploi de ces jeunes.
«Du jour au lendemain, on passe d’un programme accessible à tous à un programme ciblé», soupire Eric Lefebvre.

Contexte du chômage
«Le contexte du chômage a motivé notre nouvelle façon de faire», explique Julie White, attachée de presse du ministre de l’Emploi et de la solidarité sociale, François Blais.

«La situation de l’emploi chez les jeunes a beaucoup évolué depuis la création des CJE en 1997», signale-t-elle. Le taux de chômage chez les 15-34 ans était alors de 14,3%. En septembre 2014, il était de 9,3%,

«Il y a des possibilités d’emploi importantes», souligne Mme White. D’ici 2017, on estime que 725 000 postes devront être comblés au Québec, précise-t-elle, dont «près de la moitié pour les jeunes».
Les CJE demandent au gouvernement un délai de 15 mois pour trouver, avec lui, les meilleures façons de faire pour atteindre les objectifs communs.

Jeunes défavorisés
Pour sa mission de base, le CJE du Sud-Ouest reçoit annuellement 460 000$. Ça représente 60% de son budget, qui risque d’en souffrir. Mais ce n’est pas l’aspect financier qui préoccupe Eric Lefebvre.

«Le gros enjeu, c’est que c’est un programme universel offert à tous les jeunes», insiste-t-il. «C’est la notion de ce qu’on peut faire avec l’argent qui va changer.»

Le CJE n’est pas l’unique organisme d’aide à l’insertion dans le Sud-Ouest, reconnaît le directeur, mais «avec un projet universel, non ciblé, on est les seuls», dit-il.

Chaque année, l’organisme accueille environ 1100 personnes. En 2012-2013, la moyenne d’âge était de 24 ans. «La majorité de nos jeunes n’ont pas de diplôme d’études secondaires», mentionne le directeur. «On travaille majoritairement avec les jeunes les plus défavorisés du milieu qui ont énormément d’obstacles à la réinsertion sociale.»

Plusieurs des jeunes qui frappent à la porte ont souvent un travail précaire et veulent changer d’emploi. «Ils cherchent quelque chose de mieux», explique M. Lefebvre. «Il faut faire faire reconnaître que le jeune peut être en emploi mais a besoin de services. Ce ne sont pas tous les jeunes qui occupent l’emploi de leur rêve.»

Avec ce changement, Québec parle de «priorisation» et non «d’exclusion». Julie White rappelle que les CJE ont d’autres sources de financement pour des projets ponctuels qui viennent se greffer à leur mission de base. Mais pour Eric Lefebvre, «les projets ne peuvent pas palier à ce qu’on a comme service général».

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